Au début, il y a eu Louis Benjamin Lamontagne. Beau comme un ange, il aurait pu avoir toutes les filles de Fraserville. Mais dans sa famille, il faut épouser une Madeleine. Et il en a trouvé une! Venue des États-Unis, sa Madeleine a les yeux sarcelle et est un véritable cordon-bleu. Le destin de la famille Lamontagne débute lorsque, enceinte de plusieurs mois, Madeleine l’Américaine accepte de jouer le rôle de la Vierge Marie dans la crèche humaine lors de la messe de minuit. Ainsi commence l’histoire de Louis Lamontagne, dit «le Cheval» et fils de l’Américaine, et de sa descendance sur quatre générations.
La Fiancée américaine est une œuvre ambitieuse et certains diront même chargée. Mais le jeu en vaut la chandelle. La fresque familiale dépeinte par Éric Dupont est un hommage aux légendes du Québec et des sagas de chaumières tricotées serrées. Des scandales fusent, mais la magie se fraye toujours une place pour agacer les Parques aux commandes des personnages. Les secrets des Lamontagne feront leur chemin jusqu’en Europe où d’autres fables s’ajouteront et se mêleront pour trouver toute leur signification.
Éric Dupont prouve qu’il maîtrise les différents genres d’écriture. Il revisite l’univers de la légende québécoise, mais sans tomber dans du terroir de chasse-galerie. Au contraire, le style du récit est d’une grande contemporanéité. Un long échange épistolaire entre deux personnages, à la moitié du bouquin, aurait aussi facilement pu tuer le rythme de l’histoire qui est rédigée dans une forme narrative assez conventionnelle. Les lettres apportent plutôt un souffle nouveau au récit. Comme si une seconde histoire prenait vie.
La Fiancée américaine est un livre bonbon loin du simple divertissement. L’histoire est construite à la perfection et Dupont laisse au lecteur le soin de tirer ses propres conclusions sans trop le tenir par la main. À lire au coin du feu un soir de pleine lune, où toutes les légendes sont permises.
La Fiancée américaine, Éric Dupont, Marchand de Feuilles, 560 pages.
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