Sur ma page d’accueil Facebook se livre une bataille virtuelle après l’annulation officielle de la hausse et de la loi 12. Alors qu’on crie à la victoire à gauche, la droite se morfond et ne souhaite qu’une autre élection pour effacer le «gâchis».
Pour ma part, je suis perplexe. Évidemment, le fait d’économiser 254 $ pour me payer de la sangria ou le tout dernier MacBook me fait grandement plaisir. Ajoutez à cela le moratoire sur les gaz de schiste, l’annulation de la taxe santé et la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2, qui ont (agréablement) surpris les sceptiques, moi inclus.
Effectivement, Pauline Marois a su, en quelque sorte, calmer les ardeurs de tous en confirmant, dès le 5 septembre, qu’elle annulait la hausse. Les manifestants prêts à contester le gouvernement élu pouvaient troquer les pancartes contre de longues heures d’étude.
La journaliste Chantal Hébert disait récemment, à l’émission Les Coulisses du pouvoir, qu’on avait rarement vu un gouvernement aussi «à gauche». Même Françoise David a omis de porter son carré rouge devant des millions de téléspectateurs à Tout le monde en parle.
Est-ce la fin de la grève? Perso, je ne vois qu’une accalmie. Oui, il n’y avait que quelques centaines de personnes à la manifestation du 22 septembre. Comprenez bien: les étudiants consomment du café par intraveineuse, s’ils ne s’endorment pas sur leur recueil de textes. Il s’agissait aussi du dernier samedi «officiel» pour étudier avant le sprint d’examens (j’exclus bien entendu l’AFEA, qui a dû reprendre ses cours en trois semaines).
Pis il pleuvait. En plus.
Mais n’ayez crainte: les étudiants épuisés dormiront. Et dès leur réveil, ils seront alertes aux travaux de l’Assemblée nationale. Maintenant hors de la Tribune de la presse, les moindres faits et gestes du ministre de l’Éducation supérieure, Pierre Duchesne, seront scrutés.
On verra ce qui se passera avec le Sommet sur l’éducation supérieure. Entre deux cris de groupies, Léo a dicté le scénario le plus probable: une indexation des frais de scolarité au coût de la vie. La FECQ et la FEUQ appuieront peut-être. Mais l’ASSE ne dérogera pas d’une éventuelle gratuité scolaire.
La lutte n’est pas finie. Six mois de grève, ça ne s’oublie pas si facilement. Gageons que l’opposition officielle mènera une lutte féroce à l’ex-journaliste qui connaît tous les secrets de la Colline parlementaire. Parviendra-t-il à les amadouer, tout en courtisant les étudiants? On verra.
À l’UQAM, les pancartes ne sont pas bien loin. Mais pour l’instant, mon corps lutte contre les bras de Morphée. Alors que mes yeux menacent de se fermer à tout instant, je peux déjà entendre «Pauline, youhou…»
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Au risque de faire ressortir les vestiges des séances incroyablement plates de l’éducation religieuse de mon enfance, j’aimerais attirer votre attention sur la petite chapelle tout près du pavillon Hubert-Aquin. Oui, oui, juste à côté.
À l’intérieur se trouve un prêtre incroyablement ouvert d’esprit et généreux. Non seulement a-t-il accepté de se «prêtrer» à notre jeu lors de la prise de photos pour notre page couverture, mais il se révèle une figure importante pour les itinérants du Quartier latin.
J’ai été étonnée du réalisme dont il a fait part en parlant des junkies et des prostituées du coin. Ça fait changement des autruches qui se cachent la tête dans le sable dès que le thème du vice est abordé.
Bref, un homme sacré avec qui il fait bon de parler tout en mangeant des retailles d’hosties.
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