Que la lumière soit!

Dieu vit que la lumière était bonne, mais il oublia de nous avertir qu’il fallait l’utiliser avec parcimonie. Dans le catéchisme du petit écologique, il y a un commandement qui ne se transgresse jamais. «Tu éteindras la lumière quand tu sors d’une pièce.»

Le hic, c’est que les apôtres du tout vert, qui prêchent les vertus du compost et du recyclage, oublient parfois de lever le nez pour contempler l’Apocalypse de nos nuits: les tours et bâtiments de la ville sont éclairés dans la plus simple futilité. Hérésie la plus totale dans une province qui se croit soucieuse de la protection de la nature. Certes, elle marche sur l’eau, en disposant d’une énergie renouvelable à 94,8%, grâce à ses barrages hydroélectriques. Mais est-ce qu’il faut pour autant continuer à la gaspiller, comme c’est le cas aujourd’hui, à laisser les lumières allumées la nuit, et même en plein jour? C’est sans doute trop demander pour certains que d’abaisser l’interrupteur vers le bas une fois sortis du bureau, ou de la salle de cours.

L’UQAM, comme Université, se doit d’être un endroit où se dessinent les contours de la société de demain. Et dans cette société, l’écologie prendra une place centrale. Mais que fait notre Université en ce sens? À peine enterré, Pierre Dansereau peut déjà se retourner dans sa tombe, tant le bilan est maigre. Les lumières laissées allumées jour et nuit, idem pour les ordinateurs, les salles surclimatisées en début d’année, transformées en saunas l’hiver, les poubelles non sélectives dans les bureaux, le manque d’abreuvoirs pour éviter la consommation inutile d’eau en bouteilles sont autant d’exemples du manque de vision et de politiques sur les enjeux de demain. Question économie d’énergie, on repassera.

Les employés de l’Université ont été galvanisés par la Direction pour faire avancer son bilan écologique. Pour avoir économisé le plus de papier, un employé du département gagnant du défi s’est vu remettre le très peu vert iPad – on s’entend, c’est indispensable dans la vie d’un fonctionnaire. Le credo de l’UQAM semble être les défis pour arriver à ses fins. Un défi par-ci, un défi par-là, je propose alors un défi «responsabilité civile», car il semble que les enjeux environnementaux de notre société ne soient plus une préoccupation de chacun. Comme récompense à mon défi, un cadeau d’une valeur inestimable: la promesse d’un avenir meilleur pour nos enfants dans un monde moins gris.

Nos sociétés occidentales nous traînent dans une paresse individualiste, où seule la protection de son confort nous fait sortir de nos gonds. Une perte énorme du sens civil, que feu Pierre Dansereau expliquait déjà au Devoir, en 2001. Le problème d’environnement du Québec, c’est de ne plus se rêver comme un modèle de société. On vit l’instant présent, sans conscience du lendemain. Une vision à court terme, menée par des objectifs mercantilistes. L’administration de l’UQAM regarde alors les chiffres et voit qu’elle a fait des économies sur le papier. C’est bon pour la forêt, mais c’est encore meilleur pour le porte-monnaie. Une chose de moins à réduire dans le budget. Un peu plus d’un demi-million a été économisé sur les systèmes de ventilation. Mais, si on enlève le coût de l’iPad – ça coûte cher cette petite bête –,  où ira l’argent économisé? Dieu seul le sait.

Arnaud Stopa

Chef de pupitre UQAM

Uqam.campus@uqam.ca

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