En septembre dernier, l’Université McGill se classait au 17e rang du palmarès des meilleures universités du monde établi par la firme britannique Quacquarelli Symonds, devant toutes les autres institutions canadiennes. La semaine dernière, un sondage de la firme Randstand – réalisé auprès de 7000 travailleurs – la proclamait troisième meilleur employeur au Canada. Qu’on se le tienne pour dit, il fait bon vivre à l’Université McGill.
Alors, de quoi se plaignent les 1700 employés de soutien de la prestigieuse institution, qui sont en grève depuis un mois et demi? C’est très simple: de ne pas recevoir leur juste part du gâteau. À l’heure actuelle, il faut 37 ans à un employé de soutien pour atteindre le haut de l’échelle salariale. Par ailleurs, selon la McGill University Non-Academic Certified Association (MUNACA) – le syndicat des employés de soutien – l’employeur ne leur offrirait aucune protection en matière de régime de retraite. Pendant ce temps, la rectrice Heather Munroe-Blum touche un salaire de base de plus de 350 000 $ par année – en plus de ses dépenses souvent extravagantes – et recevra, à son départ, une faramineuse prime.
Au début du mois d’octobre, 13 professeurs de biologie ont adressé à la rectrice une lettre dans laquelle ils rappelaient l’importance du travail des employés de soutien pour l’Université, notamment dans le milieu de la recherche. «Nous aurions espéré, de la part d’une institution académique, un meilleur traitement de ses employés», pouvait-on y lire. Les professeurs se disent inquiets des impacts de la grève sur le déroulement des activités en laboratoires et sur l’organisation des examens de mi-session. Du côté de McGill, on admet que la grève «met en péril les travaux de recherche». Mais, selon l’administration, ce n’est pas l’absence des employés de soutien qui cause problème. Ce sont les piquets de grève. En criant des slogans et en bloquant les entrées de l’Université, les grévistes nuisent à sa mission éducative. Et boum! Une injonction. Depuis le 24 septembre (et au moins jusqu’au 13 octobre), les membres de la MUNACA n’ont plus le droit de «manifester ou de protester en criant, récitant, marchant, tenant des piquets de grève, agitant des enseignes ou des affiches, gesticulant ou se rassemblant». Bref, s’ils souhaitent revendiquer, ils devront le faire loin du campus mcgillois.
Le maillet du juge
Cette réaction a des allures de déjà-vu pour l’uqamienne que je suis. Rappelez-vous la grève des étudiants, en 2008. Et celle des professeurs, en 2009. Qu’avait fait l’UQAM pour saper le moral des grévistes? Eh oui, on avait fait appel au désormais familier maillet du juge. Loin d’accélérer la résolution de ces conflits, les injonctions ont plutôt donné l’impression que l’UQAM était fermée au dialogue et qu’elle ne plierait pas aux demandes des vilains fauteurs de trouble. Pendant ce temps, les uqamiens devaient composer avec des cours annulé, de la matière occultée et la hantise d’une session rallongée. En ayant recours aux tribunaux, l’administration fait preuve de mauvaise foi, comme l’a fait jadis l’Université du peuple. Elle ne montre aucun égard, ni envers les employés de soutien, ni envers les professeurs, ni envers les étudiants qui deviennent des victimes collatérales de ce conflit de travail. Pourquoi McGill ne reconnaît-elle pas simplement l’importance de ces personnes qui, comme leur désignation l’indique, soutiennent tous les jours le corps professoral? Après tout, elle est censée être la «plus meilleure» université du Canada, non? Ce n’est pas comme si elle n’en avait pas les moyens.
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