L’estomac dans les talons mais la tête sur les épaules

 

Étudiants musulmans et ramadan.

Se priver de nourriture et de boisson pendant près de 28 jours peu passer pour de la torture. Des centaines d’étudiants de l’UQAM jeûnent toutefois du petit matin au coucher du soleil, et non pas par masochisme, mais bien par foi.

Le ramadan est le neuvième mois du calendrier musulman. Pendant cette période, les adeptes de l’Islam ne mangent, ni ne boivent, et ce de l’aube au crépuscule, soit d’environ 4h45 à 19h15 pour le mois de septembre. Les relations sexuelles sont également proscrites. Les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées ainsi que celles malades en sont dispensés, mais les étudiants ne font pas partie de la liste.

Mois sacré, il s’agit d’un moment de recueillement spirituel et de prise de recul sur le quotidien pour ses adeptes. «Comme dans beaucoup de religions, le jeûne est un bon moyen pour apprendre à se maîtriser, explique Dania Suleman, vice-présidente des communications de l’Association des étudiants musulmans de l’UQAM (AEM). J’aime beaucoup le ramadan, on est plus conscient de ce que l’on fait, de comment on interagit avec son environnement. Comme on essaye de s’économiser, on est forcé de faire des choix et de choisir l’essentiel pour nous»

Toutefois, réfléchir le ventre vide n’est pas toujours évident, même si l’organisme finit par s’habituer selon Yacine, étudiant en sciences politiques et trésorier de l’AEM. «Ça ne pose pas trop de soucis, c’est plus une question de concentration. Suivre un cours, ce n’est pas vraiment physique.» Pour Dania, être en classe a même quelques petits avantages. «Les cours sont comme une bénédiction, ça permet de rester actif, parce que dès que tu n’as rien à faire, avec la faim, tu commences à t’endormir.»

Cependant, la chance est de mise cette année car le ramadan coïncide avec la rentrée. Comme le calendrier musulman est basé sur les cycles lunaires, il ne tombe jamais au même moment de l’année grégorienne. «Le début de la session est toujours un peu plus relax, donc ça va. Mais il est arrivé que le ramadan tombe en fin de session et là, c’est beaucoup moins drôle», indique Yacine.

Si arrêter de manger dès le crépuscule ne pose pas tant de difficulté, le shour – rupture du jeûne en arabe – peut en revanche se révéler plus délicat. «Ce qui pose le plus problème, c’est que certains ont des cours jusqu’à 21h, indique Yacine. Du coup, ils doivent attendre la pause pour manger rapidement un petit quelque chose.»

Comme la grande majorité des étudiants, plusieurs musulmans ont un emploi en plus d’aller à l’université. Avec un travail ajouté aux études, le mois du ramadan peut devenir rapidement éprouvant. «Au début, tu as encore des réserves d’énergie, mais après une semaine et demi en général, ça devient plus difficile», témoigne Dania, qui est très occupée avec un poste de coordinatrice en placement, ses études en droit et la vice-présidence aux communications de l’AEM.

Mais pas question de se lamenter sur leur sort. «Un musulman qui jeûne est comme tout le monde, il doit justement redoubler d’effort à ce moment de l’année», explique Yacine. Surmonter la difficulté physique de cette épreuve est ce qui procure tout son sens à ce mois très spécial. «Le ramadan est un mois où il faut donner plus de soi pour dieu, mais aussi pour sa communauté.», ajoute Dania.

Le ramadan est aussi l’occasion pour les musulmans d’être davantage pratiquants. La prière en est un élément essentiel. Les étudiants musulmans de l’UQAM sont plutôt bien nantis puisqu’il y a la mosquée  Al-Oumah Al-Islamiah non loin des pavillons centraux, à l’intersection de la rue Sainte-Catherine et de la rue Saint-Dominique. «Ceux qui le veulent peuvent aussi venir au local de l’AEM, au DS-3210, pour prier», précise Yacine.

Comme le mois sacré est également celui de la charité, chaque année, l’AEM organise pour l’occasion des repas gratuits pour tous. Moments privilégiés de partage chez les musulmans – ils se font généralement en famille –, trois souhr sont prévus cette année. Ils auront lieu à la cafétéria, le 15 et 17 septembre, et au D-R100 le 18. Alors si vous passez non loin vers 19h30, allez-y d’un petit «Ramadan moubarak!» pour leur souhaiter un bon mois sacré!

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