À l’heure où la consultation publique est très en vogue sur la scène politique québécoise, il y a une question dont personne ne semble vouloir entendre parler: la hausse des frais de scolarité. En juin dernier, l’Université de Sherbrooke a retiré aux étudiants siégeant au Conseil d’administration (CA) leur droit de vote sur les questions liées aux droits de scolarité et aux frais afférents. L’Université prétend que les représentants étudiants au CA se retrouveraient en conflit d’intérêts s’ils se prononçaient sur les frais qu’ils déboursent.
Pourtant, lorsqu’il est question de rémunération ou de primes de rendement des employés de l’Université, la direction a-t-elle son mot à dire? Évidemment. Et ce, même s’il s’agit de déterminer le montant d’argent qui sortira de ses poches.
Il faut savoir que cette décision ne changera probablement rien aux positions adoptées par le CA de l’Université de Sherbrooke. Les représentants étudiants n’ont en effet que deux voix sur 26 au sein de cette instance décisionnelle suprême. Elle ne changera rien non plus à la position du gouvernement Charest sur les frais de scolarité. Lui seul fixe les droits de scolarité; les universités peuvent prendre position sur la question, mais rien ne garantit qu’elles seront écoutées.
Pourquoi, alors, la Fédération étudiante de l’Université de Sherbrooke est-elle montée aux barricades en juin, appuyée par d’innombrables associations étudiantes? Parce qu’en bâillonnant les représentants étudiants au CA, l’Université peut donner l’impression qu’une position – en faveur de la hausse des frais de scolarité, par exemple – est adoptée à l’unanimité, même si deux membres s’y opposent farouchement. Cette résolution lance le message aux étudiants que le débat sur la hausse des frais de scolarité est clos, et que la question ne les concerne pas.
Mais le message ne passe pas. Les directions d’universités et le gouvernement ont beau dire, les étudiants, eux, se sentent encore concernés. Tellement concernés qu’ils ont passé une bonne partie de l’été à camper devant les bureaux du ministère de l’Éducation, à Montréal. Et ils promettent que ce n’est que la pointe de l’iceberg; l’automne sera mouvementé.
On peut être en accord ou non avec la hausse des frais de scolarité annoncée en février dernier par le ministre Bachand. Toutefois, une chose est certaine: le débat existe et ne peut plus être nié. Bien sûr, les méthodes employées par certaines associations étudiantes pour faire connaître leur mécontentement sont discutables. Mais ce n’est pas en retirant aux étudiants leur droit de parole qu’on les convaincra que le dialogue pacifique est la solution idéale pour parvenir à leurs fins.
Quand aurons-nous finalement un débat sain sur la question des frais de scolarité? Pourrons-nous un jour réunir tous les intervenants concernés autour de la table? Tsé, juste pour jaser…
Émilie Clavel
Chef de pupitre UQAM
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