Vœux de la direction pour 2026

Chère UQAM,

Que pourrait-on te souhaiter pour l’année 2026? C’est le jeu auquel nous nous sommes prêté(e)s et ce n’est pas un exercice aussi simple qu’on pourrait le croire. Il serait facile de te souhaiter de voir la fin des travaux de construction dans les corridors du campus central… ou bien que les prix à la cafétéria soient amoindris pour répondre aux besoins grandissants de ta communauté. Mais ce serait trop simple. Nous avons voulu prendre le temps de réfléchir à ce qui pourrait te rendre profondément meilleure en tant qu’université. Voici donc les trois vœux que nous te dédions en vue du Nouvel An.

Diversité

Ce que nous te souhaitons premièrement, chère UQAM, c’est que 2026 soit une année de découverte de l’Autre. Une année d’embrassement d’autrui et de toute sa diversité. Pourquoi ce souhait? En fait, la communauté uqamienne a l’avantage de représenter une pluralité de réalités. C’est ce qui crée ton unicité, chère université. Tu ne peux pas te permettre de l’ignorer ou, pire, de la perdre.

L’UQAM, ce n’est pas seulement notre amie née et élevée à Jonquière. L’UQAM, c’est aussi notre camarade de classe d’origine palestinienne, le ou la réfugié(e) qui bénéficie du programme PER UQAM ou bien encore  l’étudiante arrivée tout droit du Liban pour poursuivre son parcours universitaire.

Cette Libanaise, Camille a pu échanger avec elle dès son entrée à l’université. Certes, c’était dans le cadre d’un article pour le Montréal Campus. Toutefois, le fait que l’UQAM nous offre cette chance de discuter avec autrui est, à notre avis, fascinant. Dans quel autre contexte auraient-elles pu se rencontrer si ce n’était pas de toi, chère université? Grâce à toi et tes divers programmes offerts à la communauté étudiante, des rencontres insoupçonnées nous sont accessibles. Il suffit de faire l’effort d’aller vers l’Autre.

Chère UQAM, pousse-nous à la curiosité. Pousse-nous à aller vers autrui et à sa réalité. Pousse-nous à nous rassembler. En 2026, célébrons et prônons ta diversité.

Chère UQAM, continue à être cet espace de dialogue et de découverte de l’Autre. Continue de faire rayonner ta pluralité culturelle, parce qu’en ces temps de polarisation et de haine, tu en as grandement besoin.

Révolution

À l’aube de 2026, nous te souhaitons de renouer avec ce qui t’a fait naître : l’élan de transformation qui a animé la Révolution tranquille. Le décès du sociologue Guy Rocher, l’un de ses plus grands artisans, nous a rappelé cet automne que nos institutions ne peuvent jamais se contenter de survivre. Elles doivent continuellement se réinventer. Rocher a consacré six décennies de sa vie à l’éducation, convaincu jusqu’à ses 101 ans qu’il fallait « revoir notre système », jusqu’à rêver d’un deuxième rapport Parent. Son engagement inlassable à perfectionner notre modèle éducatif était un éminent rappel que rien n’est plus dangereux que le statu quo. Il faut demeurer en mouvement et progresser, coûte que coûte.

C’est dans ce même esprit que tu as vu le jour en 1969, chère UQAM : une université publique née d’un assemblage audacieux, improvisé, mais visionnaire. Tu devais ouvrir la porte à ceux et celles que l’enseignement supérieur avait trop longtemps tenu(e)s à distance. J’aime croire que tu as été un pari réussi. 

Ta création, chère UQAM, était un geste de rattrapage social. Aujourd’hui, ton défi n’est plus de rattraper, mais d’avancer. Il est impératif, plus que jamais, de protéger ce que Rocher et d’autres bâtisseurs et bâtisseuses du Québec ont porté à bout de bras, soit le désir d’une éducation accessible pour tous et toutes. Une université publique n’est jamais acquise. Elle exige vigilance, courage intellectuel et une bonne dose de remise en question.

Pour 2026, engage-toi de nouveau dans cette Révolution tranquille qui t’a fondée. Incarne un espace qui ose le changement plutôt qu’une machine à diplômes. Cesse d’entretenir les normes établies et brise-les, crées-en de nouvelles. Honorons la mémoire de Guy Rocher en se réinventant perpétuellement. 

Avant-gardisme

Ma chère UQAM, nous aimerions finalement te rappeler la mission que tu t’es donnée : « faire avancer la société [et] servir les collectivités par la création et la transmission des savoirs en français » en étant « avant-gardiste, accessible et urbaine ». Plus précisément, discutons des concepts d’avant-gardisme et de transmission du savoir. 

Si nous pouvons être honnêtes avec toi, l’enseignement que tu nous as offert nous a parfois déçu. Les monologues de trois heures sont récurrents et les discussions critiques en sous-groupes sont rares. Il arrive – malheureusement, trop souvent à notre goût – que la formule traditionnelle n’engage pas véritablement les étudiant(e)s dans un processus d’apprentissage, qu’on souhaiterait, plus participatif.

Tu te qualifies d’innovatrice, mais es-tu réellement une cheffe de file dans la conduite des grands changements sociétaux? Si tu venais assister à des séances au hasard, tu serais surprise de constater notre faible taux de concentration et de participation. La pédagogie postsecondaire s’est perfectionnée avec les années. Il serait beau de te voir l’embrasser. 

Nous ne te demandons pas de réinventer la roue. Tu as un département d’éducation et de pédagogie. Il suffirait que tes spécialistes partagent un peu de leurs savoirs au reste du corps enseignant qui n’est, rappelons-le, pas obligé de suivre une quelconque formation pédagogique. 

Pour 2026, surprends toi à élever tes standards de « transmission du savoir » en cherchant à engager davantage. Nous – étudiant(e)s, professeur(e)s et ancien(ne)s – serons là pour raviver l’étincelle, s’il le faut.

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