Uni(e)s pour l’Unifolié

Hymne national américain hué, bagarres et tensions : les récents affrontements sportifs entre le Canada et les États-Unis soulèvent chez le public un vent de patriotisme qui pourrait à nouveau déferler dans les prochains mois, pour la Coupe du monde 2026 et les Jeux olympiques.

Bien que des huées pendant les hymnes nationaux américains aient été entendues à Toronto, lors de matchs de la National Basketball Association (NBA), la montée du patriotisme canadien dans le sport est principalement observée chez les partisan(e)s de hockey. 

« Le hockey est notre sport national, celui auquel nous nous identifions en tant que Québécois et Canadiens », déclare Victor Séguin, étudiant en intervention sportive à l’Université Laval. Selon lui, le patriotisme pourrait gagner d’autres sports, mais jamais avec l’intensité qu’on retrouve dans le hockey, symbole d’une identité collective. 

Bon exemple de ce que le patriotisme peut faire sur le sport, le contexte politique tendu entre les deux pays, aggravé par la guerre commerciale, a enflammé la Confrontation des 4 nations. Les tensions politiques ont transformé les rencontres en véritables règlements de comptes, tant sur la glace que dans les gradins. La victoire canadienne a déclenché de multiples bagarres dans les rues de Boston, prolongeant l’animosité bien au-delà de la patinoire.

« Détester son ennemi »

Président de l’Observatoire de géopolitique de la Chaire Raoul-Dandurand et expert en géopolitique du sport, Yann Roche observe « une relance du patriotisme canadien », un mouvement principalement observé chez le public. « Ce genre de confrontation est l’exemple parfait que le sport et la politique sont intimement liés », affirme M. Roche.

Malgré le fait qu’il s’identifie davantage comme un souverainiste québécois, Victor Séguin avoue que, dans le contexte politique actuel, les plus récents événements mêlés au mouvement patriotique canadien l’ont « particulièrement impressionné » et sont « venus [le] chercher ». 

« Je me suis surpris à être heureux que la foule hue les États-Unis et chante à tue-tête l’Ô Canada », a-t-il ajouté.

Nicolas Lalonde, un pompier et souverainiste autoproclamé, estime que la Confrontation des 4 nations a permis de « rassembler le peuple canadien ». 

« L’événement a donné une raison de détester son ennemi », a-t-il déclaré en parlant des États-Unis.

Vision 2026

En pleine guerre tarifaire, le Canada, les États-Unis et le Mexique coorganisent la Coupe du Monde 2026. La gestion de cet événement, qui regroupe en moyenne plus de 3 milliards de spectateurs et de spectatrices, sera à surveiller, selon Victor Séguin.

« La FIFA est une institution marquée par l’opacité et la corruption, avec très peu de transparence […]. On se rend compte que la frontière entre la FIFA et le gouvernement américain devient de plus en plus mince », ajoute M. Séguin. 

Le président américain, Donald Trump, a affirmé, aux côtés de Gianni Infantino, le président de la Fédération internationale de football association (FIFA), que les tensions actuelles étaient « une bonne chose », qu’elles allaient rendre l’événement « plus palpitant ». 

Les regards de milliards d’individus seront aussi projetés vers Milan, en février 2026, où la ville sera l’hôte des Jeux olympiques d’hiver. 

En Italie, un affrontement entre le Canada et les États-Unis « pourrait même devenir l’un des moments forts des Jeux », croit Yann Roche.

« La rivalité va être encore particulièrement forte dans un an, et elle existe déjà chez les femmes au hockey. Elle risque d’avoir un impact très fort sur l’ensemble du Canada, patriotiquement, aux Jeux olympiques d’hiver », prévoit M. Roche.

Une rivalité qui s’envenime

La rareté des duels internationaux, combinée au contexte géopolitique, « envenime » la rivalité historique sportive entre les deux nations, juge Yann Roche. « C’est clair que ça a mis le feu aux poudres », explique Victor Séguin.

Tous deux sont convaincus que le sport a ce pouvoir unique de soulever les foules et de réveiller un sentiment d’appartenance nationale. Celui-ci dépasse parfois même le cadre du jeu pour devenir un véritable outil politique. 

« On le sait : une victoire a toujours un impact sur le patriotisme », affirme M. Roche en faisant référence aux répercussions politiques de la Série du siècle de 1972 entre le Canada et l’URSS, ainsi qu’au « miracle sur glace » des Américains contre les Soviétiques en 1980. 

En 1972, Le Canada avait triomphé contre les Soviétiques. La victoire a transcendé le simple cadre sportif pour devenir un événement marquant de la Guerre froide. Obtenue dans un contexte où les tensions politiques étaient également tendues, elle a permis aux Canadien(ne)s de cristalliser une identité collective contre la menace étrangère.

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