Voulez-vous encore de nous?

Car, comme tous les journalistes en devenir qui souhaitent travailler pour honorer leur profession, nous nous remettons en question. Et nous nous demandons ceci :  que voulez-vous? Nous n’allons pas mentir, le désengagement de la communauté étudiante envers l’information traditionnelle est flagrant. Les clics sur notre site Web sont en chute libre. 

Certes, nous tenons à former les journalistes de demain, mais nous aimerions être davantage lu(e)s. Nous nous creusons les méninges, nous essayons de nouvelles pratiques, nous allons à la rencontre des étudiant(e)s, nous traitons des sujets d’actualités et nous mettons un point d’honneur à établir une rigueur que l’on pourrait retrouver dans un média professionnel. 

Malgré cela, nous ne vous intéressons pas. Nous l’avons compris, nous devons faire quelque chose. Nous avons contourné Meta et réussi à obtenir de la visibilité grâce à nos Reels sur Instagram, mais pour combien de temps encore? Notre compte pourrait être supprimé du jour au lendemain. Nous perdrions tout le travail acharné de notre équipe, qui fait tout pour se réinventer et vous montrer une facette plus ludique du journalisme. 

Nous le voyons avec les autres médias, à moindre échelle. Mais au Montréal Campus, nous n’avons pas le luxe de pouvoir imprimer une édition par jour ou de vous offrir une application avec des fonctionnalités à la fine pointe de la technologie. Nous n’avons même pas les fonds pour nous verser le moindre dollar.  Nous travaillons de manière acharnée malgré tout. 

Sans vous mentir, travailler aussi fort pour ne pas être lu, c’est tough. Nous ne demandons pas que vous soyez d’accord avec notre contenu, il est fait pour susciter le débat. Mais lisez-nous. En discutant autour de nous avec des étudiant(e)s, nous nous sommes rendu compte que ce désintérêt pour l’information était généralisé. Nous ne voulons pas étudier en journalisme pour n’intéresser qu’une poignée de jeunes adultes. 

Nous pourrions, par exaspération, vous remettre la faute. Nous pourrions tout simplement vous considérer comme une génération sans convictions, désintéressée de ce qu’il se passe autour d’elle. 

Mais nous savons que ce n’est pas vrai. Vous l’avez prouvé à maintes reprises, vous êtes capables de vous exprimer sur des sujets qui vous touchent. Nous ne prendrons pas l’exemple de certaines associations qui s’expriment sur des causes qui sont loin de chez nous. Mais nous avons remarqué que, lorsque leurs revendications concernent des causes éloignées, elles suscitent moins d’engagements de la part des étudiant(e)s de l’UQAM. Nous avons compris que c’est la même chose pour nous : ce n’est pas en nous éloignant de votre quotidien que nous allons susciter votre engagement. 

Nous savons aussi que le contexte actuel est anxiogène. Il se passe trop de choses. L’actualité change sans cesse, les noms évoluent, les politiciens s’expriment tous les jours, les tarifs, les conflits… tout cela pendant que vous étudiez, vous essayez de joindre les deux bouts en ayant de bonnes notes, en payant votre loyer, en travaillant sur le côté, en essayant de garder une vie sociale et en composant avec l’inflation qui inquiète et la crise climatique qui nous guette. Nous comprenons que Zelensky soit le dernier de vos soucis.

Ça vous tente moins d’aller prendre le temps de lire un texte au complet sur un sujet d’actualité. Mais quelle est l’autre solution? Si vous souhaitez être un bon citoyen  pour des choses aussi simples que prendre des décisions pour votre futur, vous devez comprendre le monde qui vous entoure. Et nous vous garantissons que ce n’est pas en allant consulter des publications Reddit que vous y arriverez. 

Nous ne voulons pas vous dire quoi faire. Ce serait vous prendre de haut. L’information nous semble cruciale, car c’est un domaine que nous étudions. Mais nous aimerions vous inciter fortement à en consommer. Sur des sujets qui vous touchent, des sujets du Québec, des plateformes qui vous conviennent. Les médecins soignent, les avocat(e)s défendent, les professeur(e)s enseignent, les journalistes informent. La clé pour prendre en main son avenir, c’est l’information. Nous sommes là pour vous la donner. Et vous savez quoi, c’est gratuit! 

Nous tenions à faire cette mise au point.  Nous entendons partout autour de nous que vous perdez confiance en nous. Si vous voyez de manière transparente comment nous fonctionnons, nous espérons que vous ferez l’autre partie du chemin. Nous savons que nous sommes les chiens de garde de la démocratie, mais, cette démocratie, c’est aussi vous qui la faites fonctionner. 

Commentaires

Une réponse à “Voulez-vous encore de nous?”

  1. Avatar de Circé

    Peut-être est-ce le temps de dissoudre et repartir à zéro, peut-être sans les biais éditoriaux de la direction qui fait ses stages dans l’empire de Québecor média, et avoir un médium véritablement étudiant…

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