Les cafés étudiants dans le rouge

Les finances des cafés étudiants autogérés de l’UQAM sont mises à mal depuis la pandémie. Le futur du Café des Arts et du Café Aquin est incertain, mais certains cafés, comme le Sain Fractal et le Philanthrope, réussissent à garder la tête hors de l’eau. 

« Le Café [Aquin] a fait face à plusieurs embûches financières depuis la pandémie, ce qui a forcé sa fermeture abrupte [de mars 2020 à septembre 2021] », explique l’équipe du Café Aquin par courriel. 

L’emplacement particulier du café étudiant, qui est situé au deuxième étage du pavillon Hubert-Aquin, et une « perte de passation des savoirs militants » seraient à l’origine d’une baisse d’achalandage, selon les employé(e)s. Ils et elles attestent que cette diminution du nombre de client(e)s et l’impact de l’inflation sur le coût des produits vendus contribueraient aux difficultés financières.

Dans un courriel envoyé au Montréal Campus, le Café Aquin explique que l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) et l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) couvrent une partie des coûts reliés au bon fonctionnement du café, comme l’entretien, et une partie des salaires. La contribution de l’AFESH au Café Aquin se fait au moyen de cotisations étudiantes des 4841 membres de l’association facultaire, depuis peu de temps. Ce sont 5 $ par étudiant(e) membre de l’AFESH qui permettent de financer le Café Aquin, pour une somme d’environ 22 000 $. Les cotisations des membres de l’AFESH sont passées de 30 $ à 35 $ l’hiver dernier. Depuis 2021, l’AFESPED soutient le Café Aquin à hauteur de 11 000 $ par année. 

Selon ses employé(e)s, le Café Aquin prévoit un déficit d’environ 23 000 $ pour 2024. Toutefois, l’équipe du café précise avoir réussi à obtenir des subventions gouvernementales, en raison de son statut d’organisme à but non lucratif (OBNL), ce qui lui aurait permis de réduire son déficit budgétaire. Le Café Aquin a touché 82 800 $ en subventions, selon ses états financiers de janvier à décembre 2023. 

En septembre dernier, le Café Aquin a mis en place des « prix solidaires ». Les client(e)s peuvent ajouter un dollar à leur facture si désiré, afin de soutenir l’institution dans sa situation financière précaire. Le Café Aquin a aussi augmenté ses prix par rapport à l’an dernier, selon une publication Instagram du café le 22 novembre dernier. 

La situation n’est pas meilleure du côté du Café des Arts. En avril 2023, l’Association facultaire étudiante des arts (AFÉA) a épongé un déficit de 13 000 $ du café. L’AFÉA a soutenu son café à nouveau, en septembre dernier, en remboursant sa dette de 5000 $ pour l’année 2024-2025. 

L’AFESH, l’AFESPED, l’AFÉA et le Café des Arts n’ont pas donné suite aux demandes d’entrevue du Montréal Campus

Des subventions essentielles 

Alicia Aubin, cogestionnaire du café Le Philanthrope depuis bientôt quatre ans, explique que les cafés étudiants sont liés à une faculté. Cette affiliation fait en sorte que les associations facultaires « donnent des fonds à leur café pour que [ce service] soit disponible pour la communauté étudiante ». 

Les finances du Philanthrope se portent bien grâce à un fort soutien de la part de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation (ADEESE). « Les subventions de l’ADEESE sont essentielles. Sans elles, nous serions probablement dans la même situation que le [Café] Aquin », reconnaît Alicia Aubin. En 2022-2023, l’ADEESE a financé le Philanthrope à hauteur de 33 000 $.

Du côté du café Sain Fractal, Reno Bouchard, responsable de la comptabilité, dépeint une situation financière stable, mais qui n’est pas rentable. Le Sain Fractal ne fait pas de profit, dit-il. « On prévoit le déficit à l’avance, puis c’est généralement ce montant que l’[Association étudiante du secteur des sciences (AESS)] va nous donner. » 

L’AESS subventionne le Sain Fractal annuellement et demeure présente en cas de pépin. « L’an passé, on a été obligé d’acheter une nouvelle machine à café, ce qui représente beaucoup d’argent, mais l’AESS était là pour nous soutenir », rapporte Reno Bouchard. 

L’AESS a accordé 33 000 $ en subventions au Fractal pour l’année 2024-2025. 

Tensions au Aquin

Dans une publication Instagram du 7 avril 2023, le Café Aquin expliquait que leur équipe a été « subordonnée » à l’autorité des associations étudiantes, une situation « profondément problématique ». 

Charlie Bracco, secrétaire aux finances de l’AFESH de février 2022 à septembre 2024, affirme qu’il y a eu des tensions entre l’AFESH, l’AFESPED et le café pendant son mandat. Les associations facultaires ont eu un désaccord avec le Café Aquin au sujet des comptes à rendre des employé(e)s sur la gestion de leur budget.

« Avant la pandémie, le [Café] Aquin essayait d’être indépendant sans prendre l’argent des associations étudiantes. Depuis, il essaie d’être indépendant en prenant l’argent de [celles-ci]. Quand [une partie] du budget du café provient des associations étudiantes, normalement, il faut des redditions de compte », fait valoir Charlie Bracco.

L’équipe du Café Aquin tient à préciser qu’elle n’a pas de « problèmes précis avec l’AFESH [ni] l’AFESPED » et salue le soutien offert par ces associations sous toutes ses formes.

Des impacts sur les associations facultaires

Selon Charlie Bracco, les subventions au Café Aquin affectent le budget de l’AFESH de manière considérable. À son avis, toutes les réserves d’argent de l’AFESH « sont parties dans le [Café] Aquin ». 

L’ancien secrétaire aux finances croit « qu’il faut un financement de l’UQAM elle-même parce que les cafés sont des espaces non seulement pour les associations étudiantes, mais aussi pour les étudiants ». 

« [L’UQAM] offre les espaces et services de base (chauffage, électricité) pour soutenir les cafés étudiants rattachés aux associations facultaires », explique la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers.

Mme Desrochers relève l’existence d’une politique de prix minimum stipulant que les cafés étudiants ne peuvent pas réduire de plus de 15 % le prix d’un produit par rapport au prix d’un produit de même catégorie (cafés, biscuits) vendu à la cafétéria de l’UQAM. 

Alicia Aubin du Philanthrope ajoute que l’offre d’un local gratuit aux cafés étudiants est conditionnelle au respect de cette entente avec l’université. 

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