Dans les coulisses médiatiques de l’UQAM, la quête d’information des journalistes étudiant(e)s se heurte à un mur d’indifférence.
Entre refus d’entrevues, délais interminables et politique « antimédias » de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’accès à l’information devient un parcours ardu.
Jenny Desrochers, directrice des relations de presse de l’UQAM, affirme qu’elle reçoit une centaine de demandes d’information et d’entrevues par année. « La grande majorité » des journalistes n’obtient pas d’entrevue, même si Mme Desrochers souligne que toutes les demandes sont traitées. « Ça peut être insatisfaisant pour les demandeurs, admet-elle. Parfois je n’ai pas l’information. »
En ce qui a trait aux demandes des étudiant(e)s qui ne sont pas affilié(e)s à un média, « je n’ai pas le temps pour ça », avoue-t-elle.
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Nos journalistes se heurtent à de pires barricades lorsqu’ils et elles interragissent avec les associations étudiantes. Camille Desjardins, journaliste stagiaire au Montréal Campus, souhaitait assister à une assemblée générale de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED).
Après s’être fait promettre l’accès par Rémi Grenier, responsable aux communications et à l’information de l’AFESPED jusqu’au 31 mars 2024, elle s’est finalement vue officiellement refuser l’entrée après que les étudiant(e)s ont voté son exclusion, une disposition prévue à l’article 35 de leur code de procédure.
L’AFESH a quant à elle adopté une politique « antimédias » ,c’est-à-dire qu’elle refuse de s’entretenir avec les journalistes. La coordinatrice de l’AFESH- qui refuse aussi catégoriquement de dévoiler son identité – confirme : « On s’abstient de commenter, on souhaite rester à part de cette dynamique. »
Dans les rares cas où les associations acceptent de nous parler, l’anonymat est souvent réclamé. Accorder l’anonymat à des sources dans le cadre d’un texte journalistique met en doute la crédibilité même du témoignage et la fiabilité de l’article. C’est à prendre avec des pincettes. De plus, en tant qu’élu(e)s, les membres du comité exécutif se doivent d’informer et d’expliquer leurs décisions aux étudiant(e)s qu’ils et elles représentent. Ce qui devient impossible en refusant les demandes d’entrevue et en réclamant l’anonymat.
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Les demandes d’accès à l’information représentent un autre moyen pour les journalistes de creuser certaines questions. Ce processus permet d’obtenir des documents provenant d’une institution publique. À titre d’exemple, pendant la session d’automne 2023, un journal étudiant de l’Université Concordia, The Concordian, a envoyé une demande d’accès à l’information à son Université. À sa grande surprise, le journal a reçu comme réponse une mise en demeure de l’Université. La situation ressemble plus à une tentative d’intimidation qu’autre chose…
L’étudiante Emma Melegas, qui a effectué la demande d’accès à l’information, décrit l’expérience comme ayant été « anxiogène ». Heureusement, la situation est maintenant réglée et aucune poursuite n’a été entamée contre The Concordian. À l’UQAM, Jenny Desrochers affirme que 95 % des demandes d’accès à l’information que l’université reçoit obtiennent une réponse dans les délais prescrits par la loi, soit 30 jours.
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Après un passage dans le milieu professionnel, j’ai constaté sans surprise que les gens sont souvent plus disposés à vous parler lorsque votre nom est rattaché à un média connu du grand public. Puisque le Montréal Campus est un média étudiant, des demandes d’entrevues nous sont souvent refusées et les délais de réponse sont parfois déraisonnables. Je sens que nous ramons à contre-courant.
L’intérêt public doit dicter nos décisions, ce qui implique de traiter de sujets qui vont à l’encontre des souhaits de certaines associations et de la direction de l’UQAM. S’entretenir avec les médias est une chose délicate, j’en conviens.
Or, une politique du silence nuit aux journalistes et à la démocratie étudiante, que nous essayons tant bien que mal de défendre.
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