Non, je ne fais pas référence à la chanson de Yannick Noah. Je parle plutôt de cette identité atypique, parfois sans référent, qui découle d’un métissage racial.
Enfant, j’avais du mal à comprendre pourquoi j’étais noire aux yeux de mes ami(e)s blanc(he)s, mais blanche aux yeux de mes ami(e)s noir(e)s. J’ai compris que j’étais différente quand j’ai commencé à jouer aux princesses. Je trouvais ça fatiguant, car aucune d’elles ne pouvait m’être attribuée d’office. Dans mon cas, personne ne me ressemblait.
Une fois adolescente, mes questionnements sur mes attributs physiques ont laissé place à un vide identitaire. À quel groupe avais-je le droit d’appartenir? Car s’il y a bien une chose qui vient avec le fait d’être métisse, c’est que, peu importe la paire de lunettes qui nous regarde, on sera toujours « l’autre ».
Paradoxalement, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à apprécier le fait d’être unique. J’avais la chance d’appartenir à plus d’une communauté. Jusqu’à l’événement du 25 mai 2020. George Floyd.
Insurgée, révoltée et dégoutée, je me suis jointe aux autres membres de la communauté noire afin de défendre nos droits – principalement celui de vivre. On m’a alors expliqué le colorisme, ce phénomène au sein de la communauté noire qui privilégie les personnes aux teints plus blancs. Cette discrimination intracommunautaire influence notamment la perception de la beauté dans la communauté noire et peut même avantager ceux et celles qui ont un taux moins élevé de mélanine dans la société. En ce sens, quelle place ai-je le droit de prendre dans les luttes spécifiques à la communauté si je suis privilégiée?
Je le reconnais, le fait d’être lightskin m’a probablement favorisé à certains moments, ce qui me répugne et m’indigne. Ce constat laisse place à un profond malaise et, encore une fois, je dois faire face à ce flou qui entoure mon identité.
Au bout de ce récit, il n’y aura pas de grandes réponses à ma quête identitaire. J’espère seulement que les personnes métisses qui liront cette chronique pourront se sentir moins seules.
Selon le Pew Research Center, les personnes métisses représentent 6,9 % des Américain(e)s. De ce pourcentage, 46 % d’entre elles ont moins de 18 ans, ce qui laisse présager que l’identité métisse connaîtra une croissance fulgurante dans les prochaines générations.
En tant que jeune femme québécoise d’origine irlandaise et haïtienne, je reconnais que j’ai une responsabilité de représentativité dans cette communauté que nous tentons de créer. Une communauté où nous n’avons pas tous et toutes les mêmes origines, mais où nous avons un point commun : celui d’incarner l’ouverture d’esprit.
Nous, les enfants métisses, descendons d’humains qui n’ont pas eu peur de la différence. Notre présence permet déjà et forcera nos communautés à se diversifier davantage. Peut-être même que l’on pourra, un jour, avoir notre petite case à cocher sur les formulaires où l’on demande notre identité.
Adieu la case « autre » et le casse-tête d’avoir à expliquer à la secrétaire que je dois cocher plus d’une couleur.
À travers nos histoires et nos aspirations, nous deviendrons peut-être des points de repère pour ces enfants qui chercheront des modèles qui leur ressemblent. D’ici là, applaudissons ceux et celles à qui nous pouvons déjà nous identifier : le 44e président des États-Unis, Barack Obama, la joueuse de tennis Naomi Osaka, la première vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, le chanteur Bob Marley, l’actrice Zendaya et le superhéros Miles Morales (Spider-Man).
À bien y penser, peut-être que je devrais finalement citer la chanson de Yannick Noah; « Je suis fière d’être métisse, j’ai la chance de choisir. »
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