Le legs d’Akira Toriyama

Je me rappellerai toujours des journées pédagogiques au primaire passées chez mon ami à jouer à Dragon Ball Z : Budokai Tenkaichi 3. On s’inventait des histoires avec les personnages de l’univers de Dragon Ball. Ces souvenirs n’auraient pas été possibles sans l’œuvre d’Akira Toriyama, qui a indéniablement marqué la planète entière.

Akira Toriyama, légendaire mangaka et créateur de Dragon Ball et Dr. Slump, nous a malheureusement quittés le 1er mars dernier à l’âge de 68 ans. C’est une perte pour le monde des mangas et des animes, mais aussi pour une quantité inconcevable d’artistes qui se sont inspiré(e)s de la création de Toriyama. 

Même moi, qui ne peut prétendre aucun talent pour le dessin – loin de là – me suis laissé tenté par l’idée de dessiner Krilin (c’est mon personnage préféré, aucune honte) à la manière de Toriyama. Je l’avoue, lire Dragon Ball n’a aucunement amélioré ma capacité en dessin comme ça a pu être le cas pour de nombreux artistes, mais la série inspire encore et toujours la manière dont je perçois d’autres productions artistiques. Quand je pense à une bonne scène d’action, Dragon Ball est mon référent principal – et je sais que je ne suis pas le seul. En effet, le manga s’est vendu à près de 300 millions d’exemplaires à travers le monde au moment d’écrire ses lignes.

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Toriyama a marqué bien plus que mes souvenirs d’enfance : il laisse derrière lui une œuvre que l’on peut uniquement qualifier de mythique. Tout le monde pourrait reconnaitre les cheveux hérissés de Son Goku. 

J’irais même jusqu’à dire que les aventures de Goku et ses amis qui défendent la terre à l’aide de kamehamehas et autres techniques sont devenu un référent culturel en tant que tel. 

Le personnage de Goku est une des rares icônes qui arrive à transcender la culture populaire pour atteindre l’aura d’un personnage reconnu à travers la culture tout entière, au même titre que Sherlock Holmes ou Superman.

Certaines scènes de Dragon Ball sont aussi particulièrement emblématiques et ont fait leurs marques dans l’imaginaire collectif. Je pense notamment à la classique pose de mort de Yamcha, éternellement honoré dans de multiples productions, ou le fameux combat entre Goku et Freezer qui s’est étendu sur presque 20 épisodes. C’est fort probablement à cause des séquences de transformation autant interminable qu’iconique (sérieusement, Goku qui squat en criant pour devenir plus fort, c’est à voir). 

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Et son empreinte se fait ressentir en dehors des adeptes de la série. Des créateurs et créatrices de mangas aussi populaires que Dragon Ball, comme Masashi Kishimoto (Naruto) et Eiichirō Oda (One Piece) ont été inspiré(e)s à poursuivre une carrière dans le milieu par Toriyama et son travail. 

Le style artistique de Toriyama est aussi discernable en dehors de Dragon Ball. Que ce soit lorsque l’artiste illustre et les séries de jeux vidéos Dragon Quest et Chrono Trigger, son trait de crayon emblématique est immédiatement reconnaissable. 

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Ne vous méprenez pas, la force d’Akira Toriyama est beaucoup plus grande que son coup de dessin, aussi symbolique soit-il. Le monde et l’histoire que Toriyama a construits à travers les années ne sont rien de moins que grandioses. 

Ce qui a commencé avec une histoire principalement humoristique qui adapte les grandes lignes du conte La Pérégrination vers l’Ouest et qui met en scène un petit garçon à queue de singe a évolué pour devenir une épopée multigénérationnelle qui mélange art martial, mysticisme et science-fiction. Un mélange qui peut – avec raison – paraître un peu pêlemêle, mais que Toriyama arrive à rendre cohérent et réel d’une main de maître. 

Goku est l’un des derniers survivants d’une race de guerriers extraterrestres qui changent de couleur de cheveux pour devenir plus forts. Au courant des différentes sagas, il affronte un petit extraterrestre mauve nommé d’après un congélateur, des cyborgs et un monstre rose qui transforme les gens en chocolat, le tout en récoltant sept boules de cristal qui peuvent exaucer des vœux. Il est difficile d’y croire, mais tout arrive à rester extrêmement cohérent, en présentant même des arcs narratifs complets. Seul Toriyama est capable d’un exploit de cette ampleur. 

Le mieux dans tout ça : c’est extrêmement cool.

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Tout ça, c’est sans nommer le thème principal qui ressort de Dragon Ball, soit le pouvoir de l’amitié. Cela peut sembler risible, et c’est souvent un sujet très ridiculisé auprès des adeptes de mangas, je l’admets. Mais en se penchant plus sur l’œuvre de Toriyama, il est facile de réaliser que ce qui en ressort le plus est tout simplement un sentiment d’espoir. Un espoir de prendre soin de ceux et celles qui nous entourent et de laisser derrière soi un monde meilleur que lorsqu’on l’a trouvé. 

Quétaine? Sûrement. Mais sans Dragon Ball et sans Akira Toriyama, je ne serais certainement pas aussi proche des ami(e)s que je considère comme les plus chers et chères. Pour cela, je lui en serais éternellement reconnaissant.

Il n’y a pas de meilleurs mots que ceux d’Eiichirō Oda pour décrire l’ampleur des sentiments que moi et plusieurs autres ressentons : « J’espère que le paradis est un monde aussi beau que vous l’aviez imaginé dans votre œuvre. » 

Merci pour tout, M. Toriyama, vous serez à jamais mythique.

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