Fleurir dans son artisanat

En quête de défis et de contacts humains, les fleuristes épaulent les familles dans leurs commémorations grâce à leurs bouquets assemblés avec soin. Le Montréal Campus est allé à la rencontre de ceux et celles qui contribuent à l’éclosion de cette forme d’art au Québec.

« Si tu vas acheter un bouquet dans une épicerie, c’est moins cher, mais c’est fait à la chaîne. Ce n’est pas comme aller chez ton fleuriste de quartier qui te connaît et qui sait ce que tu aimes », explique Timothé Marois, étudiant en fleuristerie à l’École des métiers de l’horticulture de Montréal.

Cette avenue professionnelle est venue à l’esprit de ce jeune coiffeur lorsque sa mère est décédée à l’été 2023. Il lui avait alors fait son dernier cadeau, un bouquet de fleurs. 

« Elle m’avait dit ‘tu es mon fleuriste’, parce que je lui offrais toujours des fleurs. »

– Timothé Marois

« J’ai trouvé ça difficile et touchant », raconte Timothé Marois, qui œuvrait dans une fleuristerie lorsqu’une mère lui a demandé de l’aide pour les préparatifs funéraires de son enfant.

De son côté, Ayano Sakaue, qui habite au Québec depuis trois ans, a par le passé été fleuriste au Japon. Ayant délaissé ce domaine pendant une dizaine d’années, elle a choisi de se relancer dans ce métier qu’elle aimait tant. Actuellement employée à l’Atelier Floral Montréal, la Japonaise remarque des différences entre l’art floral de son pays et celui d’ici. Selon elle, le style des fleuristes québécois(e)s est plus champêtre, alors qu’il est assez moderne au Japon. « La variété de fleurs et les saisons ne sont pas les mêmes », ajoute-t-elle.

Évoluer dans ce champ

Plusieurs programmes de fleuristerie sont offerts au Québec. Il est possible d’obtenir un diplôme d’études professionnelles dans ce domaine en moins d’un an. Selon Timothé Marois, la formation est « bien plus détaillée qu’on le pense ». 

« On ne fait pas juste des bouquets de fleurs, on apprend aussi le nom latin de la plante et la manière de l’entretenir », illustre-t-il. Ces aspects théoriques sont aussi incorporés à des cours visant le développement de la créativité.

Il constate également la diversité des parcours des étudiant(e)s. « Il y a des gens de tous les âges et de toutes les ethnies. La plus vieille dans nos cours est âgée de 54 ans », partage-t-il, en assurant que cette pluralité entraîne de beaux échanges sociaux.

Nadia Boucher est fleuriste depuis sept ans et propriétaire d’Ombelle Fleuriste, à Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. Ayant auparavant travaillé en communications pour le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, elle entretenait le rêve de se lancer en fleuristerie. « Ça prend beaucoup de courage et un fonds monétaire, car il y a beaucoup d’investissements à faire », précise-t-elle. À son avis, les cinq premières années de vie d’une entreprise comme la sienne sont les plus cruciales pour garantir son succès.

Mme Boucher croit que son passé en communications lui a prêté main-forte. Elle a créé son site web avec son conjoint afin de mettre quelques produits en ligne pour la fête des Mères en 2019. « Avec la pandémie, on a bonifié notre boutique en ligne. Ça a beaucoup aidé à nous faire connaître », constate-t-elle.

Selon elle, la créativité et l’efficacité sont nécessaires pour se faire une place en fleuristerie. Mme Boucher indique également qu’il est rare d’avoir une heure complète pour créer un bouquet ; il faut donc que le travail soit « beau et efficace ».

Créer avec les fleurs du terroir

Pour certain(e)s, le parcours vers la pratique de l’art floral est plus atypique. C’est le cas d’Annie Lord, qui a commencé à cueillir des fleurs sauvages dans les Laurentides durant une période d’introspection. Elle a débuté la vente de bouquets lors d’un marché fermier à Val-David en 2016.

Il a toutefois été difficile pour elle de trouver sa place dans le milieu de la fleuristerie. « Le défi numéro un est d’expliquer aux gens pourquoi je n’utilise pas de fleurs importées et que je me limite à ce qu’on a au Québec », explique Mme Lord. À son avis, comme la population est plus sensibilisée à la protection de l’environnement, « il y a un malaise à utiliser la nature [en fleuristerie], mais ce que les grossistes de fleurs vendent à Montréal est tellement artificiel ».

Quand vient le temps de décrire le style de ses créations, Annie Lord hésite. « Je vais cueillir ce qu’il y a autour de moi selon la saison, donc ce n’est pas moi qui décide. Je ne contrôle pas vraiment de quoi ça aura l’air. » Elle précise que ses client(e)s apprécient énormément l’effet de surprise lié à ses conceptions florales.

Pour sa part, Nadia Boucher accorde aussi une importance à la provenance des fleurs qu’elle achète, entre autres, à la ferme voisine de son commerce. « Si on ne les valorise pas, il n’y aura plus de fleuristes, de producteurs ou de créateurs québécois », dit-elle. Elle spécifie que le Québec a encore un grand potentiel de développement dans le domaine floral en notant qu’il y a de plus en plus de producteurs et de productrices de fleurs dans la province.

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