Réel et virtuel en symbiose au Centre PHI

Choisirez-vous de découvrir un épisode oublié de la lutte pour les droits civiques d’une femme noire ou de plonger au cœur de la culture rave dans une ambiance électrisée? Casque de réalité virtuelle ou augmentée sur la tête, immergez-vous dans ces deux univers avec le Montréal Campus.

Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin et In Pursuit of Repetitive Beats sont des expériences immersives de nature documentaire offertes cet hiver au Centre PHI à Montréal.

La différence entre les deux est notable par les sujets qui y sont abordés, mais aussi par le type de technologie utilisée. La réalité augmentée, qui caractérise la première œuvre, se définit par l’incrustation d’éléments virtuels dans l’environnement physique qui entoure le public. Pour la réalité virtuelle de la deuxième œuvre, il s’agit plutôt de transporter vers un milieu totalement fictif.

 

Dans l’ombre de Rosa Parks

Montgomery, Alabama, 1955. Claudette Colvin, âgée de 15 ans, est assise dans l’autobus. Une femme blanche se tient devant elle, réclamant son siège. L’adolescente refuse de lui céder sa place, malgré les menaces persistantes des témoins de la scène.

À l’époque de la ségrégation raciale, les personnes noires et blanches sont complètement séparées au sein des lieux publics, du commerce de chaussures à la fontaine d’eau. 

Accusée de désobéissance, Claudette Colvin est emprisonnée, mais plaide non coupable. Elle est la première à faire preuve d’une telle opposition envers les règles qui lui sont imposées injustement, mais son nom passera sous le radar.

Pendant une séance de 50 minutes, vous serez invité(e)s à vous mettre dans la peau d’une femme noire. Guidé(e)s par la voix de Tania de Montaigne, l’autrice du livre à l’origine de l’expérience, vous traverserez les mêmes épreuves qu’une Américaine noire dans les années 50.

« Qu’y a-t-il après la femme noire ? Personne n’est revenu pour le dire », affirme Mme de Montaigne, dont l’image est projetée sur un écran de la salle. Elle indique par là que la femme noire se situe tout au bas de l’échelle sociale à l’époque.

Un moment illustre complètement tombé à l’oubli est ainsi raconté dans cette expérience immersive qui permet de remettre l’histoire en perspective. « On a essayé de créer une nouvelle forme de narration avec de la réalité augmentée », indiquent Stéphane Foenkinos et Pierre-Alain Giraud, les créateurs de l’expérience.

Claudette Colvin

Quelques mois après les actes de bravoure de Claudette Colvin, c’est au tour de Rosa Parks de se confronter aux lois ségrégationnistes. Toujours dans la ville de Montgomery, elle vole la vedette à la jeune Claudette Colvin en répétant ses actions dans un autobus.

Adaptée au théâtre du Rond-Point à Paris en 2019, l’œuvre de Tania de Montaigne se prête aujourd’hui parfaitement à l’aspect immersif et innovateur de la réalité augmentée.

Selon les deux créateurs, l’objectif était de mettre en lumière l’histoire en utilisant la technologie à des fins éducatives.

Considérée comme une « expérience collective » par ses créateurs, l’immersion se vit mieux à plusieurs selon eux, puisque la réalité augmentée permet de voir les autres participant(e)s, en plus des personnages, sous forme d’hologrammes.

Au rythme des flyers

Dans les années 80, les fêtard(e)s qui souhaitaient se déhancher jusqu’au petit matin sur de la musique électronique n’avaient pas accès à Internet ou à la téléphonie mobile comme aujourd’hui. Ils et elles consultaient les prospectus et les cabines téléphoniques pour trouver où se déroulait l’événement de la soirée.

Le créateur de In Pursuit of Repetitive Beats, Darren Emerson, invite le ou la participant(e) à s’imprégner de l’ambiance de la scène rave. Il l’encourage entre autres à se prêter au jeu en dansant parmi les autres personnages lors de la fête techno, une scène où la musique et les lumières dominent.

D’ancien(ne)s fanatiques y racontent les souvenirs qui les habitent encore, une preuve « de nostalgie pour cette période de leur vie », selon M. Emerson, qui souhaitait lui-même retrouver cette ambiance qu’il a connue, pour sa part, au milieu des années 1990.

Il s’agit d’une pièce documentaire, certes, mais l’essence même du projet était d’innover. Darren Emerson note qu’il existe déjà de nombreux films documentaires sur le sujet de la culture rave. Selon lui, ils sont tous très similaires dans la manière dont ils narrent l’histoire avec leurs intervenant(e)s devant la caméra.

Entrevue avec Darren Emerson (à gauche).

« Je veux être là et ressentir les émotions, alors la réalité virtuelle était idéale pour ce projet », explique Darren Emerson, qui souhaite rendre les participant(e)s euphoriques à travers l’expérience.

Lancée en 2022 en Angleterre, puis présentée à Taiwan, à Amsterdam et en Australie, l’œuvre d’Emerson s’établit à Montréal pour l’hiver.

Noire, la vie méconnue de Claudette Colvin et In Pursuit of Repetitive Beats sont présentées au Centre PHI jusqu’au 28 avril 2024.

Mention photo : Élizabeth Martineau

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