Les jeunes branché(e)s sur le monde

« De l’actualité internationale, j’en mange », affirme Alexis Langlois, étudiant au Baccalauréat en science politique à l’Université de Montréal. Lui et d’autres jeunes profitent des réseaux sociaux pour découvrir les enjeux internationaux.

« J’ai passé une nuit blanche à regarder des reportages lorsque la guerre en Ukraine a été déclarée [en février 2022] », raconte Alexis Langlois. À 23 ans, l’un de ses passe-temps favoris est de visionner des vidéos qui décortiquent divers enjeux mondiaux sur YouTube. À son avis, l’information internationale vaut le coup d’être suivie de près, car « présentement, ça bouge beaucoup [à travers la planète] ».

Alice Gougeon, étudiante en Communication et en Création littéraire à l’UQAM, croit que sa génération s’informe davantage que les précédentes. Selon elle, cela permet aux jeunes de « ne pas rester dans leur petite bulle ».

Ses cours de Monde contemporain et d’Éthique et culture religieuse au secondaire l’ont éclairée sur le monde. « Cela m’a poussée à rester informée en sortant du secondaire », affirme l’étudiante.

Une volonté d’apprendre

La doctorante en Communication Zora Ait El Machkouri enseigne présentement le cours Information internationale à l’UQAM. Son groupe du trimestre d’hiver est entre autres composé d’étudiant(e)s en relations internationales et en communications. « Le cours existe depuis des années et les étudiants sont toujours au rendez-vous », soutient-elle. 

Même constat pour le professeur agrégé au département des sciences sociales à l’Université du Québec en Outaouais, Aimé-Jules Bizimana : « Mes étudiants ont remarqué que c’était un peu l’angle mort de leur consommation d’information et [désirent donc] se documenter davantage. » 

S’intéresser au journalisme international « donne des clés aux jeunes sur ce qui se passe au Canada », selon Mme Ait El Machkouri. Comme tout est mondialisé aujourd’hui, les événements survenant ailleurs ont des impacts ici, d’où l’importance que l’enseignante accorde à l’actualité internationale.

​​« Connaître ailleurs améliore le soi. »

– Aimé-Jules Bizimana

S’informer sur TikTok

L’Ukrainienne Valeria Shashenok (@valerisssh) et la Palestinienne Plestia Alaqad (@byplestia), deux jeunes qui ont partagé leur vie sur les réseaux sociaux en temps de guerre, informent leur auditoire qui ne cesse de croître grâce à leur contenu. Au début de l’invasion russe en Ukraine, Valeria reproduisait des tendances sur TikTok afin d’illustrer son quotidien à ses abonné(e)s dont le nombre dépasse aujourd’hui le cap d’un million.

« Je pense que, quand tu as un bon porte-parole qui a ton âge et qui documente son quotidien, ça peut vraiment aider à connecter avec une réalité d’ailleurs », explique Sara Barrière-Brunet, cheffe de pupitre à Rad, une branche de Radio-Canada Info s’adressant aux jeunes de 18 à 35 ans. Ce média reprend aussi beaucoup de procédés populaires dans ses vidéos sur TikTok et sur YouTube afin d’atteindre son public cible.

« On offre une information très vulgarisée. On ne tient pas pour acquis que les gens ont, par exemple, dans le cas de la guerre en Ukraine, une connaissance étendue de la politique européenne », explique Mme Barrière-Brunet.

Aimé-Jules Bizimana croit aussi qu’il en revient aux médias « d’utiliser des formats qui vont parler aux jeunes. » Il ajoute qu’« un reportage de 30 minutes ou d’une heure, ce n’est pas pour le jeune public ».

Des enjeux polarisants

L’actualité internationale peut parfois faire peur, selon Alexis Langlois. « Si tu es le genre de personne qui est négative dans la vie, ça va peut-être t’affecter », suppose-t-il.

«  Le problème, ce n’est pas l’intérêt qu’ils ont pour l’actualité internationale, mais plutôt les impacts négatifs de celle-ci dans leur quotidien sur les campus. Il y a des jeunes qui vont vivre du stress parce qu’il y a des manifestations.», affirme le professeur Aimé-Jules Bizimana. Il évoque entre autres les violences ayant eu lieu à l’Université Concordia en novembre 2023 en lien avec le conflit entre Israël et le Hamas.

Dans ce genre de contexte où l’information divise, M. Bizimana rappelle l’importance de « diversifier ses sources et de chercher celles qui sont crédibles ».

Alice Gougeon pense qu’il existe beaucoup de « biais occidentaux ». Elle trouve par exemple que les médias canadiens n’abordent pas assez les hostilités au sein de l’Afrique, et que la guerre en Ukraine attire de moins en moins leur attention.

La curiosité face au monde est essentielle, selon M. Bizimana. « Ça t’ouvre des portes. […] Tu élargis ton encyclopédie personnelle et c’est ce qui te permet de réaliser de meilleurs travaux et de devenir une meilleure personne », dit-il avec conviction.

Mention photo : Élizabeth Martineau

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *