L’UQAM est une université réputée pour son militantisme de gauche. Certaines personnes affirment qu’il est possible d’être de droite à l’UQAM, tandis que d’autres remettent en question certaines décisions de la direction.
« Je trouve que c’est une université qui est quand même neutre », déclare Évelyne Latreille, candidate du Parti conservateur du Québec (PCQ) en 2022. La femme de 36 ans ne ressent pas la présence de militant(e)s contre la droite dans l’université et les salles de classe décrites par certains étudiant(e)s de sociologie et de science politique. Selon elle, les campus de l’UQAM sont des endroits pour apprendre et non pour débattre d’idées politiques – encore moins pour exclure des personnes à cause de leurs opinions.
Évelyne Latreille est étudiante au baccalauréat de psychologie à l’UQAM. Elle n’a jamais eu de mauvaise expérience causée par ses valeurs politiques, mais ses camarades de classe ne sont toutefois pas au courant de sa participation au sein du PCQ. Elle explique que les débats politiques ne se prêtent pas tant à son programme, mais elle ose croire que ses collègues seraient ouvert(e)s d’esprit s’ils et elles étaient au courant de ses valeurs politiques. « On n’a jamais d’échanges qui ne sont pas appropriés ou qui [sont censurés], mais le degré des tensions politiques entre étudiants doit probablement varier selon le programme », renchérit-elle.
L’orientation de l’université
Pour Olivier Turbide, étudiant en philosophie et militant à la Riposte socialiste, l’UQAM n’est pas une université particulièrement de gauche. « L’université, en général, c’est une institution qui fait partie du système capitaliste, et qui vise à le reproduire », croit l’étudiant. Il pense que « c’est le conseil d’administration [de l’UQAM] qui a des connexions avec le monde des affaires ».
La Riposte socialiste est une organisation politique qui milite pour le marxisme et le renversement du système capitaliste. Le marxisme est une idéologie qui revendique le pouvoir démocratique aux travailleurs et aux travailleuses, l’abolition de la propriété privée et la mise en place d’une autogestion des entreprises. Les actions politiques de la Riposte socialiste se concentrent autour de la vente d’un journal hebdomadaire, de conférences et d’un site web avec des articles, des formations sur le marxisme et la promotion de leurs événements.
Olivier Turbide affirme avoir subi la censure de la part des Services à la vie étudiante de l’UQAM en lien avec des affiches prônant un appui à la Palestine. Ces affiches ont été retirées des babillards. « C’est hypocrite de la part de la direction de l’UQAM, parce qu’en mai dernier, elle a adopté une politique sur la liberté académique », estime Olivier Turbide. « [La communauté étudiante et le corps professoral] n’avaient pas le droit d’empêcher des sujets offensants discutés à l’université, mais ils nous ont dit que la Palestine, c’était clivant et offensant », ajoute-t-il.
Olivier Turbide connaît des étudiant(e)s de droite. Ils et elles ne sont pas des militant(e)s d’une organisation politique pour autant. « C’est un peu drôle de parler de répression de la droite quand c’est leur discours qui est omniprésent dans les médias », explique-t-il. L’étudiant en philosophie fait référence aux médias qui utilisent des sujets controversés tels que les activistes « woke » afin « d’enflammer des guerres culturelles pour détourner l’attention des gens sur les sujets urgents comme le coût de la vie ».
Les cours sont-ils neutres ?
Dans un article précédemment publié dans le Montréal Campus, Philippe Lorange, étudiant à la maîtrise en sociologie, déplore que les cours enseignés soient orientés vers la gauche du spectre politique. Selon lui, les idées de droite ne sont pas acceptées par le corps professoral et les autres étudiant(e)s.
Néanmoins, le militant de la Riposte socialiste Olivier Turbide n’est pas d’accord avec ce point. « Quand tu vas dans les cours, qu’est-ce qu’on t’enseigne ? C’est la théorie libérale, la théorie du capitalisme, c’est le support des institutions dominantes », argue-t-il. Il précise aussi que « les professeurs qui ont une perspective marxiste ou anticapitaliste sont déjà très rares. Quand ils enseignent le marxisme, c’est toujours très académique et non visé vers l’action politique ».
Selon l’ex-candidate du Parti conservateur du Québec, Évelyne Latreille, aucun parti politique n’est parfait. « Je pense qu’il n’y a pas de mauvais parti, les cinq partis ont leur place », soutient-elle. En réaction à l’article sur la droite uqamienne, elle estime que « la discussion et les débats ouverts sont essentiels pour représenter l’ensemble de la population ».
Olivier Turbide est d’accord sur ce point. « On ne peut pas bannir de force une personne. [La Riposte socialiste] fonctionne par l’argument politique et le débat d’idées », affirme-t-il quant à la présence de différentes idéologies politiques à l’UQAM.
Mention photo : Élizabeth Martineau
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