Montréal, avec ses nombreux centres d’escalade, grouille de passionné(e)s de ce sport qui gagne des adeptes partout au Québec. Accessible, mais à un certain prix, cette activité pousse des jeunes à explorer et à dépasser leurs limites.
De Rimouski à Longueuil, de nouvelles salles comme Riki Bloc et Rose Bloc ont ouvert leurs portes cette année. Le sport, aujourd’hui très accessible, s’est énormément développé avant d’être présenté aux Jeux olympiques d’été de Tokyo en 2020. Les centres d’escalade de voie, soit des murs d’une dizaine de mètres, et ceux de bloc, des murs d’environ quatre mètres, sont courants à Montréal.
Babacar Daoust-Cissé, propriétaire du Nomad Bloc, a vu l’évolution des différents endroits d’escalade à Montréal. « [Il y a une dizaine d’années], c’étaient des gyms sombres et mal organisés », souligne-t-il. Le grimpeur expérimenté explique la popularité grandissante du sport par l’arrivée des centres qui offrent plus que de l’escalade : « Tu peux venir grimper puis prendre ta bière, socialiser. Ça vient faciliter l’intégration des non-initiés dans la communauté. »
Un dépassement de soi
« Ça permet d’explorer les limites de son corps. Il y a une grande créativité de mouvements, c’est presque comme de la danse ! », soutient Elsie Tom, étudiante au certificat en création littéraire à l’UQAM et grimpeuse depuis cinq ans.
Entre « le côté social », « le dépassement de soi » et « l’effervescence » du sport à Montréal, Elsie Tom se voit continuer à escalader « jusqu’à ce que [son] corps lâche ».
Antoine Martin, étudiant au baccalauréat en enseignement secondaire à l’UQAM, a vu ses habitudes changer dans les deux dernières années : « J’essaie de mieux dormir, de mieux manger et je bois moins d’alcool. » L’uqamien, qui a commencé l’escalade en 2021, a constaté des bienfaits sur sa santé physique et mentale.
L’étudiant estime que la facilité actuelle à s’initier au sport grâce aux nombreuses salles ouvertes aux débutants et débutantes permet à sa communauté de grandir. Il remarque que les valeurs associées au milieu, soit « l’environnement, la persévérance et [le fait] d’apprendre à gérer l’échec », rejoignent beaucoup de personnes.
Accessible, mais coûteux
Bien qu’Antoine Martin croit fermement aux avantages du sport, il souhaite que l’escalade devienne plus accessible : « Un des problèmes de la grimpe, c’est que c’est un sport de bourgeois. »
Avec des abonnements mensuels autour de 80 $ et des chaussons d’au moins une centaine de dollars, les coûts s’accumulent rapidement pour les adeptes de ce sport.
« Je suis intervenant avec des jeunes en difficulté et ce serait pertinent de leur offrir une activité significative qui encourage de saines habitudes de vie », explique M. Martin.
Babacar Daoust-Cissé appuie cette idée et observe de nouvelles opportunités pour de l’escalade moins coûteuse. « Il y a de la demande pour des projets dans différents secteurs, comme les écoles ou dans des secteurs résidentiels », indique-t-il.
Une alternative uqamienne
Si Elsie Tom et Antoine Martin ne fréquentent pas la paroi du Centre sportif de l’UQAM, d’autres profitent du mur accessible à toute la population étudiante.
« C’est une solution abordable pour ceux qui veulent s’initier à l’escalade », affirme la technicienne en activités physiques et sportives de l’UQAM, Jessica Daigneault. Aussi responsable du volet escalade et plein air, elle observe une belle ouverture pour ce sport à l’université.
Charles-Étienne Caron et Olivier Poulin, deux étudiants à la majeure en anthropologie du contemporain à l’UQAM, s’occupent de changer les différents parcours du mur uqamien depuis le printemps 2022. Après un creux durant la pandémie, les deux amis veulent « donner de l’amour au mur [délaissé] ».
« Tu peux y aller entre tes cours, c’est propre, le matériel est fourni et c’est peu achalandé », lance Charles-Étienne Caron. Celui-ci mentionne que même un employé du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) profite d’une entente avec l’UQAM pour venir grimper à moindre coût.
Si les deux étudiants constatent un engouement pour la paroi plus important qu’à la dernière session, ils ne nient pas les défis à relever.
Olivier Poulin précise qu’il y a « en moyenne seulement un reset complet [des voies] par an ». Le changement d’une voie demande une journée entière aux deux étudiants qui ont été payés pour huit journées en une session. Le processus demande de dévisser, nettoyer les roches puis d’en installer des nouvelles tout en réfléchissant à un parcours intéressant pour les adeptes du sport.
L’enthousiasme des deux camarades est ce qui redonne vie au mur, selon Jessica Daignault. L’employée de l’UQAM espère que ce vent alpin aidera la paroi et que plus de personnes entendront parler des roches colorées de l’université.
Mention photo : Chloé Rondeau
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