Reconnaître les fleurs pour les aimer

Né de leur passion commune pour les végétaux et de leur volonté de les protéger, Nos fleurs, le nouveau livre issu d’une collaboration entre l’écrivaine Anaïs Barbeau-Lavalette et l’illustratrice Mathilde Cinq-Mars, vient chercher le lectorat par ses poèmes mélodieux et ses images splendides. 

« Les fleurs qu’on croise, elles deviennent nos meilleures amies », évoque Mathilde Cinq-Mars au sujet de Nos fleurs, qui s’inscrit dans la continuité de ses livres Nos oiseaux et Nos héroïnes. Ce dernier avait également été coécrit par Anaïs Barbeau-Lavalette.

Prenant la forme d’un court recueil de poèmes, Nos fleurs réchauffe le cœur en ces temps gris de début d’hiver grâce à ses images colorées. Chaque poème représente une fleur ou une plante telle que le muguet, la bardane ou la fleur de la toundra. Tous écrits par Anaïs Barbeau-Lavalette, ils sont accompagnés d’une illustration tirée de l’imaginaire de Mathilde Cinq-Mars. 

Le commencement

Le projet a pris vie lors de la pandémie quand Anaïs Barbeau-Lavalette, séjournant à la campagne, a réalisé qu’elle était novice en ce qui concerne les végétaux. Elle a donc décidé d’en apprendre sur le sujet avec sa famille et de transmettre son savoir par la suite. « Pour aimer la nature, il faut savoir ce qui la compose », écrit-elle au début du livre. 

Mélanie Vincelette, éditrice pour les Éditions Marchand de feuilles, a eu l’idée de réunir de nouveau Anaïs Barbeau-Lavalette et Mathilde Cinq-Mars en raison de l’amour que porte l’illustratrice pour les fleurs. Cette dernière a accepté avec joie. « [Les fleurs], c’est ma passion, je savais que les dessins allaient suivre, que mon langage allait être intéressant, parce que c’est un sujet qui m’intéresse beaucoup », enchaîne-t-elle. 

Cet intérêt est né il y a 12 ans par l’entremise de son colocataire, Kevin Bouchard. Il a lui présenté plusieurs fleurs sur les plaines d’Abraham, dont la violette avec laquelle les colocataires ont extrait du sirop comestible. Aujourd’hui, les fleurs « sont quasiment devenues des membres de [sa] famille », s’exclame l’illustratrice.  

Le recueil de poèmes a pris près de trois ans avant d’être publié. « C’est un peu à temps perdu à travers d’autres projets qu’on a fait Nos fleurs », explique Mathilde Cinq-Mars. « C’est sûr que financièrement, ce n’est pas vraiment rentable au niveau du temps qu’on y a mis », ajoute-t-elle.

La couleur de Nos fleurs

Pour réaliser ses dessins, l’illustratrice effectue un montage photo qu’elle retrace sur une feuille en papier aquarelle. Ensuite, elle met sur sa palette les couleurs de la plante en question : cette technique lui permet ainsi de ne pas dénaturer le végétal. Finalement, elle ajoute certaines couleurs qui diffèrent de celle de la plante et elle crée un personnage intégrant le végétal. « Les illustrations, je les cogite longtemps, je les ai en tête pendant des semaines »,  révèle-t-elle.

Nos fleurs est un réel petit bijou qui nous permet d’apprendre sur les fleurs qui nous entourent. Par exemple, on découvrira que le vinaigrier produit une sorte de limonade, que la fougère existait à l’époque des dinosaures et qu’il n’y a pas de lys sur le drapeau du Québec, mais bien des iris.

Le seul bémol de Nos fleurs, c’est qu’on en aurait pris plus : les poèmes mélodieux sont très courts.  Il devient aussi facile d’oublier l’histoire des plantes et de les repérer ensuite lorsqu’on les croise en nature. Selon Mathilde Cinq-Mars, le fait qu’elle ajoute des visages aux plantes et que les poèmes sont écrits à la première personne avait pour but de faciliter la mémorisation des plantes. Un souhait qui s’avère plus ardu, car il est difficile d’identifier les plantes présentées dans Nos fleurs si l’on se base uniquement sur l’ouvrage.

À la toute fin du recueil se trouve une section sur l’emplacement des plantes dans les régions du Québec. Dans cette section, l’illustratrice aurait pu insérer des clichés réels des plantes afin que le lectorat puisse plus aisément établir le lien entre l’œuvre de Mathilde Cinq-Mars et la réalité. L’illustratrice réitère tout de même que le but premier de Nos fleurs est d’avoir un impact grâce aux poèmes et aux illustrations, sans tomber dans l’encyclopédie.

Il faut que le lectorat prenne le temps de savourer et d’admirer cette œuvre afin qu’elle mûrisse. Ce n’est pas un livre qu’on dévore d’un coup. Toutefois, c’est aussi ce qui fait la beauté de ce recueil de poèmes illustrés : il est facile à lire et plus accessible qu’une encyclopédie sur la botanique. 

Le livre, classé jeunesse, peut être un beau cadeau de Noël pour tous et toutes. Depuis que Mathilde Cinq-Mars a lu le livre à sa petite de trois ans, lors de leurs sorties en nature, elle lui dit : « Je veux du myosotis pour coller sur ma peau partout, partout. »

Mention photo : Élizabeth Martineau

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