COP28 et UQAM, un duo d’enfer ?

« C’est la première fois qu’il y a un espoir qu’on parle de combustibles fossiles [dans l’accord] », se réjouit Charles Berthelet, doctorant en sociologie et délégué de l’UQAM, au sujet de la 28e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) à Dubaï.

C’est avec deux accréditations d’observateurs que l’UQAM s’envole vers les Émirats arabes unis, pays hôte de cette édition de la COP du 30 novembre au 12 décembre. Les raisons de s’y rendre sont multiples : Charles Berthelet participe à l’événement dans le cadre de sa thèse de doctorat. Il est accompagné de Mark Purdon, professeur au Département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’UQAM.

« Je me suis longtemps posé la question : qu’est-ce que je m’en vais faire là ? », raconte l’étudiant Charles Berthelet en notant que les rencontres de grande envergure sont rares dans le domaine environnemental. Cela explique sa présence à la COP28, où il assiste à des conférences de presse, développe des relations avec des intervenants et des intervenantes du monde entier et observe les négociations en cours.

Selon Albert Lalonde, qui étudie au baccalauréat en droit à l’UQAM et est chargé(e) de projet à la Fondation David Suzuki, il s’agirait d’une édition de la COP « particulière », puisque ce serait « la première fois où on a un bilan des émissions mondiales depuis l’Accord de Paris » en faisant référence à « Global Stocktake », un rapport sorti en septembre 2023.

Profiter du badge d’observateur

« C’était vraiment une expérience personnelle, [j’y allais] pour comprendre ce que sont des forums internationaux et des conventions, pour voir des négociations en direct et partager des connaissances avec les autres », explique Daphné Beaudoin, déléguée à la COP27 en 2022 et candidate à la maîtrise en droit (concentration droit international) à l’UQAM.

Selon Mme Beaudoin, la participation de l’UQAM sert également à faire rayonner l’université sur les lieux de la COP et à créer des partenariats avec les autres délégations québécoises.

« C’est un ‘“boys club’’ climatique et je pense qu’il y a des gens qui y vont juste parce qu’ils veulent se faire voir dans ce genre d’institutions », souligne Daphné Beaudoin en dénonçant le fait que la COP est davantage une plateforme pour les lobbies que pour ceux et celles qui ont l’environnement à coeur.

« C’est beaucoup de la performance, on essaie de faire valoir notre personnalité internationale sous son meilleur jour. Le Québec est un expert là-dedans », ajoute Charles Berthelet, qui a lui-même fait du réseautage à la COP28.

Choisir Dubaï

L’emplacement de la COP28 a suscité de nombreuses réactions, notamment de la part de la population québécoise. Albert Lalonde dénonce qu’« il y a un aspect un peu dystopique au fait que ce soit présidé par le PDG de la compagnie nationale de pétrole des Émirats arabes unis ». Le président de la COP28, Sultan Ahmed Al Jaber, est à la tête de la Abu Dhabi National Oil Company, ce qui a soulevé beaucoup de préoccupations auprès des militants et militantes pour l’environnement.

L’État hôte voulait profiter de son rôle de présidence afin de conclure des accords commerciaux en lien avec les combustibles fossiles, selon Albert Lalonde. « Cela décrédibilise l’institution », lâche-t-iel. Albert Lalonde précise toutefois que la présence de la société civile à la COP28, constituée entre autres d’organisations environnementales et académiques, est primordiale puisqu’elle contraint les gouvernements à leur être redevables.

« C’est facile de critiquer, surtout au Québec où notre énergie est propre », nuance le professeur Mark Purdon, délégué à la COP28. Il affirme qu’il est « naïf de croire qu’on peut juste ignorer tous les producteurs de pétrole du monde », en spécifiant que les Émirats arabes unis cherchent à innover leurs habitudes énergétiques depuis une dizaine d’années. 

Daphné Beaudoin reste positive à l’égard de cette COP en soulignant qu’il y a des gens qui sont réellement là pour les bonnes raisons. « Le moindrement que ces personnes-là ont la chance de se rencontrer, c’est déjà un grand pas en avant », ajoute l’étudiante.

Barrières à la participation

« Les Nations Unies ne sont pas hyper friandes de la participation de l’UQAM, parce qu’il y a des personnes [sélectionnées en 2022] qui ne se sont pas rendues [à la COP27] », affirme Daphné Beaudoin. À son avis, ce désengagement serait à l’origine de la faible quantité d’accréditations obtenues par l’UQAM pour l’édition de cette année.

Selon Mark Purdon, si la COP est capable d’accueillir 80 000 individus, l’UQAM devrait pouvoir acquérir plus que deux badges. Le professeur note le manque d’aide financière offert par l’UQAM aux participants et participantes, ce qui affecterait énormément l’intérêt de la population universitaire envers cette conférence.

L’expérience en vaut le coût, selon Charles Berthelet et Daphné Beaudoin. Ils ont pu « partager la couleur de l’UQAM à travers les instances internationales », estime l’étudiante.

Mention photo : Getty

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