De l’autre côté de l’océan

La mésentente entre le gouvernement fédéral et les géants du web recroqueville les Canadiens et les Canadiennes sur leur nombril. Le boycott des nouvelles sur les réseaux sociaux rend l’accès à l’information internationale plus restreint.

La réponse au projet de loi C-18 met à mal les médias canadiens quant à l’actualité locale – mais aussi internationale. Si les médias ne peuvent plus couvrir ces enjeux internationaux, les réseaux sociaux prennent le relais et les fausses nouvelles peuvent circuler plus rapidement. Ne pas avoir accès à des sources fiables et vérifiées peut jouer en défaveur de l’information juste et rigoureuse. Certes, la désinformation touche toutes les sphères des nouvelles, mais elle devient encore plus contraignante quand les sources sont très loin de chez nous.

En bloquant le contenu journalistique, Meta freine la curiosité de monsieur et madame Tout-le-Monde face à ce qui se passe dans le reste du monde. Résultat : on s’inquiète seulement de ce qui se passe chez nos voisins rapprochés.

L’une des missions premières du journalisme est d’offrir un regard sur le monde, d’informer les gens sur le monde, d’expliquer des phénomènes afin de ne pas répéter les mêmes erreurs. Dans une société où l’on tente, notamment à travers les nouvelles, d’ouvrir le regard sur le monde et sur ce qui se passe loin de chez nous, le blocage des nouvelles sur les médias sociaux de Meta vient complexifier cette quête vers l’information.

Même s’il ne nous fait pas plaisir de l’admettre, les médias sociaux sont un moyen efficace de centraliser l’information pour atteindre le plus de gens possible. Nous sommes curieuses de connaître le pourcentage de Canadiens et de Canadiennes qui prennent le temps d’aller sur les sites de leurs journaux locaux afin de consulter les nouvelles. Certes, plusieurs personnes le font, mais est-ce suffisant pour cultiver nos connaissances sur le monde? Quel est le pourcentage d’entre elles qui font des recherches sur les médias d’autres pays afin de pouvoir accéder à leurs sites internet et de s’instruire sur ce qui se passe ailleurs? 

L’urgence de la transparence

Prenons exemple sur le Maroc. Lorsque des catastrophes naturelles surviennent, la population dépend des médias pour obtenir des informations à jour sur la situation, les mesures d’urgence et les éventuelles collaborations internationales pour l’assistance. Le projet de loi C-18 entrave cette capacité en limitant la diversité des sources et en restreignant la capacité des journalistes locaux à relayer des informations provenant de l’étranger. Cela peut entraîner des retards dans la diffusion d’informations cruciales, mettant ainsi en danger la vie des citoyens et des citoyennes.

Lorsque les maisons du pays se sont fendues le vendredi 8 septembre, nos cœurs se sont fendus aussi. Les Marocains et les Marocaines imploraient le reste du monde de leur venir en aide, mais cet appel n’a pas franchi les frontières canadiennes. Sans les publications des différents médias sur les réseaux sociaux de Meta, très peu ont été mis au courant de la situation dans les heures qui ont suivi le séisme.

L’une des conséquences les plus alarmantes de cette loi est son effet sur la diversité de l’information. Avec la réduction des médias locaux, les citoyens et les citoyennes ont de moins en moins accès à des sources d’information internationales fiables et indépendantes. En cas de catastrophes naturelles, lorsque la rapidité de l’information est vitale pour la sécurité et la prise de décision, cette limitation pourrait avoir des conséquences désastreuses.

Ce boycottage des nouvelles par Meta creuse le fossé entre le vous et le nous.

Mention illustration : Élizabeth Martineau

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