Éclairer les droits de la communauté LGBTQ+ à l’UQAM

Dès l’automne, le Département des sciences juridiques offrira un cours sur les questions liées au genre et à la sexualité. Un pas de plus vers davantage d’inclusion pour l’Université du Québec à Montréal (UQAM), déjà considérée comme un endroit sûr et ouvert.

Le cours Clinique de justice sociale sera offert aux personnes étudiantes en droit à l’UQAM dès l’automne 2023. En partenariat avec des organismes communautaires, le cours est « construit autour de dossiers réels sur lesquels travaillent les personnes étudiantes pendant l’année », explique la professeure au Département des sciences juridiques et chargée du projet, Djemila Carron.

Abordant des thèmes peu enseignés en droit, comme les questions liées au genre et à la sexualité, la clinique cherche à mieux outiller les futur(e)s juristes. Cette « approche critique du droit » est essentielle pour les personnes dans le programme, estime-t-elle.

« Il va y avoir tout un travail à faire sur comment utiliser la bonne terminologie et sur comment avoir une approche non oppressive avec les personnes concernées. Les gens ne sont pas forcément sensibilisés, et ça nous demande presque de désapprendre des choses qui ont été apprises jusque-là en droit », raconte la dirigeante de la clinique.

Un besoin réel

Ancienne finissante du baccalauréat en droit à l’UQAM, Laurence Gauvin-Joyal déplore le manque « d’outils académiques » pour répondre aux enjeux touchant la communauté LGBTQ+. Elle mentionne « l’énorme fossé » entre le monde universitaire et celui du communautaire. La diplômée espère que cette initiative permettra d’informer la communauté étudiante de ces questions peu abordées.

Ayant participé au cours ayant mené à la cocréation de la clinique à l’automne passé, Laurence a pris conscience du manque de sensibilisation à l’UQAM sur la réalité des personnes trans et queer. Malgré les ressources offertes à l’université, comme le Bureau de l’inclusion et de la réussite étudiante (BIRÉ), elle critique le manque de réels débouchés pour les plaintes. 

Lors de plaintes, les différentes ressources de l’UQAM « proposent des stratégies d’accommodement, mais si tu n’es pas satisfait, ils te redirigent », indique Laurence. Des services comme le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH) et le BIRÉ finissent par se renvoyer le problème, illustre l’ancienne uqamienne. Elle compare cette démarche frustrante à « l’effet d’Astérix et Obélix dans la maison des fous ». 

Même si la diplômée en droit estime qu’il reste du travail à faire à l’UQAM, elle voit malgré tout l’université comme un lieu ouvert d’esprit et perçoit la clinique juridique comme un pas dans la bonne direction.

L’inclusion à l’UQAM

Une étude menée par le projet de recherche Savoirs sur l’inclusion et l’exclusion des personnes LGBTQ, en partenariat avec l’UQAM, révèle que 43 % des personnes étudiantes de cette communauté au Québec se sentent malheureuses en raison d’un milieu scolaire hostile. 

En tant que personne queer trans et non binaire, Cora Davidson a pour l’instant un parcours assez positif à l’UQAM. « Pouvoir changer son nom, son prénom usuel, sans avoir à faire des changements officiels sur ses documents, c’est déjà une grosse étape », indique Cora.

Alors qu’iel poursuit un baccalauréat en sexologie, Cora accueille la nouvelle clinique avec enthousiasme. Après plusieurs années de travail dans le milieu communautaire, iel souligne les différents secteurs où les personnes trans ou queer peuvent subir de la discrimination : « l’accès à l’emploi, l’accès au logement et leur transition légale, sociale ou médicale ». Ceux-ci sont tous des milieux où des conseils juridiques peuvent être précieux, affirme Cora Davidson.

Yoan Claverie est en échange étudiant à l’UQAM en science politique depuis l’automne 2022. Le jeune étudiant explique avoir vécu son coming out en tant que bisexuel avec difficulté, puisqu’il a grandi dans « un milieu assez rural et conservateur en France ».

« J’étais bien content d’arriver ici, de me sentir à l’aise avec ma sexualité et de ne pas avoir peur du regard des autres. Je trouve que l’inclusion est l’une des principales qualités de cette université », fait valoir Yoan. 

Ces deux personnes étudiantes LGBTQ+ pensent cependant qu’un groupe ou un comité étudiant qui les représente serait pertinent à l’UQAM. En effet, des ressources existent pour venir en aide aux membres de cette communauté à l’université, mais aucun groupe étudiant n’a été mis en place pour l’instant.

« Ça peut être un point rassembleur pour les étudiants de la diversité dans l’école, surtout en tenant compte de la grandeur de la population étudiante », estime Cora Davidson, qui insiste sur l’importance d’un lieu sûr, surtout « lorsqu’on n’a pas de situation accueillante, soit à la maison ou dans ses cours ».

Mention illustration : Camille Deheane|Montréal Campus

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