En collaboration avec le magazine à vocation internationale L’Apostrophe, le Montréal Campus vous présente un dossier spécial sur les études postsecondaires au Canada et aux États-Unis. Pour voir tout le contenu de ce dossier, consultez le site Internet du Montréal Campus et celui de L’Apostrophe.
Les États-Unis, où la dette étudiante frôle 1,7 billion de dollars américains, sont réputés pour leurs frais de scolarité exorbitants. En comparaison, les études universitaires paraissent beaucoup plus accessibles au Québec. Le Montréal Campus a rencontré une étudiante américaine et une étudiante québécoise, qui témoignent tour à tour des défis financiers associés à leurs études postsecondaires.
Claudel Lamoureux Duquette termine sa maîtrise en sociologie à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Une année universitaire, lorsqu’elle suivait des cours au début de sa maîtrise, lui coûtait environ 4200 $. Depuis qu’elle a complété ses cours et qu’elle rédige son mémoire, ce montant tourne autour de 2400 $.
Claudel, qui bénéficie des prêts et bourses depuis sa deuxième année de baccalauréat, se sent « privilégiée » d’avoir pu accéder au cycle supérieur : « Les gens qui se rendent aux études supérieures y arrivent rarement par hasard. […] Du côté financier, j’ai été vraiment aidée et encouragée. »
En plus d’avoir reçu le soutien financier de sa famille durant son parcours, Claudel a obtenu plusieurs bourses de l’UQAM d’un total de 14 050 $. Pour l’étudiante, il s’agit d’une somme déterminante, mais aux États-Unis, le même montant suffirait à peine à payer une seule année universitaire.
De l’autre côté de la frontière
Emma Crowell en est à sa quatrième année à l’American University de Washington où elle complète une majeure en sociologie ainsi qu’une mineure en études juridiques. Elle se considère chanceuse de ne pas avoir de dettes étudiantes, en plus de bénéficier de l’aide financière de sa famille.
« Comme je réussis bien sur le plan scolaire, j’ai une bourse grâce au travail de ma mère, qui travaille à l’Université de St. Lawrence, à New York », raconte la jeune femme. Tandis que ses collègues de classe peuvent débourser jusqu’à 60 000 dollars américains pour une année universitaire, Emma estime ses frais de scolarité autour de 14 000 dollars américains. En dollars canadiens, ces sommes équivalent respectivement à plus de 80 000 $ et à 19 000 $.
Sa situation est loin d’être la norme : « Les gens payent généralement beaucoup plus que moi, et il y a des universités avec des frais encore plus élevés », note Emma. L’étudiante rapporte que plusieurs Américains et Américaines se tournent vers les prêts bancaires pour financer leurs études universitaires, puisque l’accès aux bourses est très compétitif. « C’est commun de finir ses études avec des dettes et […] une bonne partie des personnes à mon université viennent de familles aisées », mentionne-t-elle.
Une fois diplômée, Emma souhaite continuer ses études pour compléter un master (maîtrise). La jeune universitaire souhaite mener des recherches sur l’avortement et les lois entourant cet enjeu aux États-Unis. Elle est incertaine si cette spécialisation lui permettra à nouveau d’obtenir une bourse.
S’endetter pour étudier
Aux États-Unis, les prêts et bourses sont gérés différemment dans chaque État. Moshe Lander, professeur d’économie à l’Université Concordia, compare le système des deux pays : « Le nôtre est concentré avec six banques principales, tandis qu’il y en a des milliers aux États-Unis. Cela peut expliquer une facilitation de l’administration des prêts et bourses au Canada. »
L’économiste ajoute que les conditions et la générosité des prêts peuvent varier « considérablement selon les États et la manière dont l’étudiant les utilise ». Cette situation pousse souvent nos voisins du Sud à étudier dans leur État natal où les banques les soutiennent mieux financièrement.
Lors de la vérification de la situation financière des personnes demandeuses de prêts, chaque banque n’a pas les mêmes critères. Celle-ci peut notamment vérifier l’ampleur du besoin financier ou encore l’importance du secteur d’études. Des études menant à un métier stable et valorisé, comme la médecine, bénéficient généralement d’un meilleur soutien financier.
En comparaison, les prêts et bourses au Canada sont majoritairement octroyés par le gouvernement fédéral ou provincial et sont gérés par les six principales institutions bancaires au pays.
Des visions différentes
« Au Canada, la mentalité est que l’État doit financer les études, mais aux États-Unis, ce sont les étudiants qui payent », explique Moshe Lander.
Le professeur d’économie rappelle que peu importe le pays, l’accessibilité aux études supérieures ne s’améliore pas. « Les frais de scolarité augmentent plus rapidement que l’inflation, de sorte que la dette étudiante moyenne monte aussi », illustre-t-il.
La hausse du coût de la vie peut aussi influencer le salaire du personnel enseignant et donc, le prix de l’éducation. Selon l’économiste, les professeur(e)s syndiqué(e)s et prisé(e)s par les universités bénéficieront d’une augmentation de salaire supérieure à la montée de l’inflation.
Il ajoute que « la valeur des bourses et de l’argent reçus ne suit pas le rythme d’augmentation des frais de scolarité ». Selon un article du magazine U.S. News and World Report paru en 2022, les frais de scolarité ont augmenté de plus de 130 % aux États-Unis dans les vingt dernières années.
D’après Moshe Lander, la charge financière pèse de plus en plus lourd sur les épaules de la communauté étudiante. Claudel Lamoureux Duquette déplore cette situation : « C’est étrange, je ne vais presque plus à l’UQAM, mais je paye quand même 900 $ [par session] pour écrire mon mémoire ». De l’autre côté de la frontière, Emma Crowell croise les doigts pour pouvoir effectuer des recherches dans le cadre de sa maîtrise sans avoir recours à un prêt.
Mention illustration : Camille Dehaene | Montréal Campus
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