« Léo au Féminin » : une websérie par et pour les jeunes 

En passant par les troubles d’un couple ouvert, les problèmes d’anxiété et même l’adoption d’un chat, la websérie d’autofiction Léo au Féminin présente le quotidien de Léo, une étudiante au cégep polyallergique. Le scénario s’inspire de la vie réelle de la créatrice et coscénariste de la série, Éléonore Delvaux-Beaudoin.

Dix épisodes d’une dizaine de minutes chacun composent Léo au Féminin. Les quatre premiers épisodes étaient présentés au théâtre La Tulipe devant une salle bondée et enfiévrée le 21 février dernier, dans le cadre de la projection médiatique de la websérie indépendante. 

Au fil des épisodes, les auditeurs et les auditrices apprennent à connaître le personnage de Léo, interprété avec justesse par Éléonore Delvaux-Beaudoin. Cette dernière affirme d’ailleurs, en entrevue avec le Montréal Campus, que de jouer son propre rôle « a représenté le plus gros défi de Léo au Féminin. C’était difficile de séparer Léo de moi-même. Mais au courant de la post-production, c’était vraiment rendu quelqu’un d’autre à l’écran. »

La série traite d’enjeux décrits par Éléonore Delvaux-Beaudoin comme « invisibles » de manière souvent ludique, mais toujours avec intelligence et netteté. 

Léo au Féminin aborde plusieurs thématiques, notamment la santé mentale, les multiples allergies alimentaires de Léo, ou encore ses relations amicales, sexuelles et amoureuses parfois ambiguës. 

La lenteur du scénario permet d’explorer le développement psychologique de Léo. En contrepartie, les personnages secondaires sont peu approfondis lors des quatre premiers épisodes. 

Éléonore Delvaux-Beaudoin devait au départ coréaliser la websérie. Toutefois, la jeune femme est rapidement venue à la conclusion qu’elle ne pourrait pas tout faire sur le plateau. « J’avais envie de tout diriger, mais j’ai vite réalisé que ce n’était pas possible. Je devais pleurer puis, quatre secondes après, aller derrière la caméra, je n’avais pas la tête à ça, explique la créatrice de la websérie. Je pense que j’ai bien fait, au final », lance-t-elle en riant.

Un petit budget qui n’excuse pas tout

Malgré un mince budget d’un peu plus de 6000 $ et d’une équipe composée de bénévoles, Léo au Féminin arrive à présenter un produit d’un niveau professionnel. La direction photo est aussi soignée qu’imaginative et le montage, efficace. 

Le seul bémol technique qu’on pourrait reprocher à la série, ou du moins à ses quatre premiers épisodes, est l’inégalité des niveaux sonores, qui varient parfois au fil d’une même scène. Autre point négatif qui, lui, s’avère plus flagrant : le jeu des acteurs et actrices pourrait être nettement amélioré. Heureusement, les excellentes Éléonore Delvaux-Beaudoin, dans la peau de la protagoniste,et Lili-Rose Vaillancourt qui joue Maya, une amie de Léo, viennent sauver la mise. 

Les meilleurs moments surviennent surtout lorsque la caméra montre de plus longues discussions où les acteurs et actrices prennent le temps de s’approprier le texte. Ces scènes, beaucoup plus naturelles, sont instantanément plus intéressantes. Le deuxième épisode présente entre autres une magnifique séquence dans laquelle Léo discute avec ses ami(e)s de sa perception de l’amour. 

Ce naturel est hélas perdu lors des courts dialogues qui donnent parfois le sentiment d’être lus. L’intégralité des dix épisodes ayant été tourné en seulement 16 jours durant l’été 2022, on peut tout de même excuser l’imperfection de certaines scènes.

Un projet de cœur

Produire une websérie à l’aube de ses vingt ans n’est pas chose facile. L’équipe de production de Léo au Féminin a su en témoigner lors de la soirée de projection médiatique. 

La coproductrice Léa Desjardins mentionne à ce sujet que « le petit budget nous a aidés, en quelque sorte. Personne ne recevait un salaire, donc tous ceux qui ont travaillé [sur la série] voulaient réellement [être là]. Je pense que c’est pour ça que ça a aussi bien fonctionné. » 

L’acteur Gabriel Decelles décrit quant à lui Léo au Féminin comme « une websérie pour les jeunes, pour nous ». Ce sentiment, partagé par toute l’équipe de production, se ressent à travers les épisodes. 

Les détails concernant la diffusion de la websérie au grand public restent encore inconnus, mais le coproducteur Lu-Sergei Denaud stipule que ce sera « très bientôt ». 

Mention photo : Dylan Garant-Teman et Justine Grivegné

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