Le combat intergénérationnel de « Big Fight in Little Chinatown »

Dans son documentaire Big Fight in Little Chinatown, la réalisatrice Karen Cho s’intéresse à la lutte pour la préservation du patrimoine des quartiers chinois en Amérique du Nord. Le film a été présenté aux Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) les 24 et 26 novembre derniers.  

Le documentaire de 88 minutes met en lumière la lutte constante menée par les résidents et les résidentes des quartiers chinois de New York, de Montréal, de Toronto et de Vancouver. Dans ces quartiers, l’héritage culturel est menacé par des promoteurs immobiliers qui veulent racheter les bâtiments historiques.

En mêlant des entrevues, des animations en trois dimensions, des images d’archives et des extraits de journaux télévisés, le long-métrage expose le combat des communautés chinoises en métropole.

Karen Cho avait pour objectif de montrer que le déclin des quartiers chinois n’affecte pas seulement les anciennes générations, mais aussi les plus jeunes. 

Qu’elles soient issues de la première génération d’immigrants et d’immigrantes ou qu’elles tiennent une entreprise familiale forte de plusieurs décennies, les personnes rencontrées dans le documentaire ont toutes un même but : sauver leur quartier et ce qu’il représente. 

La réalisatrice considère que « tous les quartiers chinois sont des écosystèmes connectés les uns avec les autres ». De New York à Vancouver, les résidents et les résidentes des quartiers chinois sont solidaires dans leur lutte, témoigne-t-elle en entrevue avec le Montréal Campus.

Par ailleurs, le gouvernement du Québec avait annoncé en janvier 2022 que le Quartier chinois de Montréal allait être classé comme patrimoine culturel québécois. 

Un retour aux sources

Ce n’est pas la première fois que Karen Cho se penche sur ce sujet. En 2004, elle a réalisé le reportage In the Shadow of Gold Mountain, dans lequel elle a voyagé de Montréal à Vancouver afin de raconter les histoires de personnes ayant subi la Loi de l’immigration chinoise de 1923, aussi connue comme la loi d’exclusion des Chinois. 

Cette loi visait à réduire l’immigration de travailleurs d’origine chinoise au Canada pendant 24 ans. Elle a aussi empêché de nombreuses femmes chinoises et leurs enfants de rejoindre leur mari et leur père en Amérique du Nord. 

Près de 20 ans après son premier documentaire, la réalisatrice ressentait le besoin de revenir sur la situation des quartiers chinois en Amérique du Nord. Elle estime qu’une « urgence de raconter cette histoire » était présente alors qu’elle constatait le déclin rapide du patrimoine dans ces quartiers. 

Karen Cho considère avoir « des racines profondes avec les quartiers chinois de Montréal et de Vancouver ». « Les gens ont besoin d’avoir un regard plus critique sur leur ville et son futur. […] Ces quartiers sont des communautés vivantes qu’il faut protéger », plaide la réalisatrice. 

Lors des RIDM, la réalisatrice et des membres de son équipe étaient présents et présentes afin de discuter avec le public après la projection du film. Ils et elles se sont dits et dites touché(e)s par la présence d’un si large public. 

Le film a été très bien reçu par l’auditoire, qui a noyé d’applaudissements la réalisatrice à la fin de la projection. 

Là où douceur et violence cohabitent

Karen Cho tenait à bâtir une relation de confiance avec les intervenants et les intervenantes de son documentaire, afin de permettre une description honnête de leur réalité. 

De la douceur et de la vulnérabilité se font ressentir tout au long du documentaire. Pour Karen Cho, cette proximité avec les personnes interviewées a pu se créer grâce à une équipe de tournage très restreinte. « Souvent, il n’y avait qu’un seul caméraman, voire aucun. Cela a permis une plus grande intimité et confiance avec les habitants », explique la réalisatrice.

Le film enveloppe le public dans une ambiance chaleureuse avec les couleurs chaudes des bâtiments, des enseignes des quartiers chinois et des vêtements de ses habitantes et habitants.

La musique douce et joyeuse en trame de fond aide à transmettre au public la joie et l’espoir des intervenants et des intervenantes. 

Lors des scènes de contestations, parfois violentes, l’ambiance sonore guide l’auditoire à travers la rage des manifestants et des manifestantes. Les scènes de manifestations dénonçant le déclin du patrimoine des quartiers chinois sont des moments puissants qui montrent la lutte éternelle de ces communautés. Pour Karen Cho, « montrer l’immense résilience dont ils font preuve » était important dans son film.

Mention photo : Frederic hb

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