Quatre associations facultaires de l’UQAM en grève pour dénoncer la COP15

Quelque 12 000 député(e)s de 195 pays se réuniront pour la Conférence mondiale sur la biodiversité (COP15) du 7 au 19 décembre au Palais des congrès de Montréal. Dans le but de dénoncer l’immobilité des États face à l’enjeu de la biodiversité, quatre associations étudiantes facultaires de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) se sont dotées de mandats de grève.

D’une part, les membres de l’Association facultaire étudiante de science politique et de droit (AFESPED) et de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH) seront en grève du 7 au 9 décembre. D’une autre, l’Association facultaire étudiante des langues et communication (AFELC) et l’Association facultaire étudiante des arts (AFEA) seront en grève les 7 et 9 décembre.

À travers le Québec, plus de 8 000 étudiants et étudiantes seront en grève du 7 au 9 décembre, selon la Coalition anticapitaliste et écologiste contre la COP15 (CAEC), une organisation qui vise à bloquer la tenue de la COP15 à Montréal. D’après leurs estimations, pour la seule journée du 9 décembre, ce sont plus de 19 000 jeunes qui seront en grève. 

Les COP constituent de l’écoblanchiment, selon le responsable aux communications et à l’information de l’AFESPED, Rémi Grenier. D’après lui, le gouvernement canadien utilise les COP pour se donner une bonne image, sans réellement appliquer les mesures nécessaires pour protéger l’environnement. La surmédiatisation de la COP15 donne la chance aux associations étudiantes de sonner l’alarme, juge Rémi Grenier. 

Clovis Lachance, représentant académique au sein de l’Association des baccalauréats interdisciplinaires des champs d’études politiques de l’UQAM (ABICEP), rappelle que des représentants étudiants et des représentantes étudiantes assisteront à la COP15 et participeront aux discussions. Selon lui, les jeunes peuvent avoir un impact significatif. « Ce qui pourrait être intéressant, c’est un éventuel partenariat avec le gouvernement », déclare-t-il. 

Georges Thretiault, représentant de la CAEC, est quant à lui intransigeant sur la question de progrès à la COP15 : « On doute fortement de la possibilité d’améliorer les COP. »

Selon la CAEC, la COP15 est problématique de nature. L’organisation ne prétend pas avoir des solutions clés en main et encourage une large réflexion civile. « Les solutions ne vont pas venir d’en haut, elles vont venir d’en bas. On place notre confiance dans la population », résume-t-il.

L’échec des COP

Georges Thretiault déplore les visées de la Convention sur la diversité biologique (CDB) sur laquelle travaillent les participants et participantes de la COP15. « [Elle] instaure une privatisation du vivant où le vivant est considéré en termes de monnaie d’échange », défend-il.

Il donne en exemple  la mesure des aires protégées, une décision de la CDB qui assure la création « d’espaces vierges », soit des zones à forte biodiversité où l’exploitation est interdite. D’après le représentant de la CAEC, ce protocole est loin d’être idéal.

« 80 % des terres à forte biodiversité se situent sur des territoires autochtones non cédés, explique-t-il. On voit bien venir [la suite]… Il y a des ONG [organisations non gouvernementales] qui vont amasser des fonds pour acheter ces territoires et empêcher quiconque d’accéder à ces terres. [Les personnes autochtones] seront essentiellement déplacées. »

La CAEC dénonce aussi l’inaction des gouvernements face à la crise climatique. Aucun des « Objectifs d’Aichi », un plan élaboré en 2010 par les Parties à la CDB pour lutter contre la perte de la biodiversité, n’a été accompli dans les délais attendus.  

Clovis Lachance propose de « mettre en place des cadres légaux » qui pénaliseraient les États qui n’atteignent pas les cibles fixées par les COP

Une grève étudiante controversée

En préparation aux jours de grève, des responsables de l’AFESPED se sont distribué la tâche pour mobiliser la population étudiante à l’extérieur de l’île de Montréal. Rémi Grenier affirme que l’Université de Sherbrooke, le Cégep de Sherbrooke, l’Université du Québec à Rimouski ainsi que le Cégep de Rimouski ont reçu des visites de l’Association pour sensibiliser les étudiants et étudiantes à la cause. D’après le militant, la lutte s’est grandement étendue.

Les associations facultaires de l’UQAM croient toutes que la COP15, telle qu’elle se présente aujourd’hui, ne permet aucune réelle avancée dans la lutte aux changements climatiques. Toutefois, elles ne s’entendent pas toutes sur les ambitions de la grève. 

Clovis Lachance est d’avis que le but de la grève est mal choisi. « Cette grève a comme mission [d’annuler] la COP15, [mais] si on [l’annule], on efface un forum de discussion qui est nécessaire pour progresser dans la lutte environnementale et la préservation de la biodiversité », mentionne-t-il. À ses dires, la grève devrait plutôt viser une réforme de la COP15.

Rémi Grenier reconnaît l’ironie des grèves. « Il est difficile de comprendre que des gens s’opposent à un sommet pour la biodiversité, parce que justement, on a l’impression que c’est positif », lance-t-il.

Mention photo : Camille Dehaene | Montréal Campus

 

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