Le 15 novembre, la Faculté des sciences de l’éducation a signé 30 engagements. Il est notamment prévu d’élaborer un plan d’action et de prévention contre le harcèlement en milieu de stage. Faire appliquer la nouvelle loi 2, accordant aux stagiaires dix journées d’absence maladie ou pour des raisons familiales ou parentales, fait également partie des engagements.
« Les gains ont été considérés comme suffisants pour mettre fin à la grève », a déclaré l’Association des étudiantes et des étudiants en enseignement (ADEESE) sur sa page Facebook le 17 novembre.
Elle se dit relativement satisfaite des 30 engagements. « Nous avons enfin des démarches de solutions concrètes, avec des échéanciers pour nos demandes, mais nous avons fait quelques concessions sur certains engagements », déclare Cédric Nahimana, porte-parole de l’ADEESE, en entrevue au Montréal Campus.
Anaïs Lessard, étudiante en quatrième année du baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire, avait l’impression que les engagements étaient des vœux pieux et que les revendications n’avaient mené nulle part lors d’une entrevue accordée au Montréal Campus le 10 novembre dernier. « On rit de nous autres, exprime-t-elle. La Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM n’est pas ouverte et elle essaie seulement de montrer qu’elle est de bonne foi ».
En plus de revendiquer de meilleures conditions de stage auprès de l’UQAM, l’ADEESE a milité pour obtenir la salarisation des stages auprès du gouvernement, ce qui n’a pas été obtenu.
Le 7 novembre, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a rencontré l’ADEESE. « Mme Déry nous a rencontrés et ça a été une bonne rencontre. Rien de concret ne s’est fait, mais on a établi un lien », soutient Cédric Nahimana.
Un retour en classe critiqué
Les modalités de reprise de cours ne plaisent pas à l’ADEESE. « Nous trouvons [le plan de reprise] excessif et déraisonnable. Il est notamment question de mettre des abandons aux stagiaires qui ont décidé de faire la grève durant les 5 semaines et de mettre des abandons sur les cours de session intensive », dénonce Cédric Nahimana.
Le 18 novembre, le Conseil d’administration de l’UQAM a adopté des recommandations de la Commission des études. « Cela représente environ 750 étudiant.e.s qui seront pénalisé.e.s dans leur parcours académique en leur attribuant un abandon à leur stage et à leur cours intensifs », a dénoncé l’ADEESE sur sa page Facebook.
Une assemblée générale d’urgence a lieu le 23 novembre afin de discuter des modalités de reprise de cours et de stages post-grève. « Une proposition de grève illimitée sera proposée pour répliquer aux répressions de l’UQAM et défendre le droit à une réelle démocratie étudiante », a écrit l’ADEESE sur Facebook.
Les six autres associations étudiantes facultaires tiendront aussi, au cours des prochains jours, des assemblées générales pour voter une grève en appui avec l’ADEESE.
Une grève difficile pour le moral
La grève des dernières semaines, bien que jugée nécessaire par les étudiantes et les étudiants en enseignement, a été difficile pour plusieurs. « La plupart des étudiants en première année étaient stressés, parce qu’on ne savait pas à quoi s’attendre », déclare Soledad Orihuela-Bouchard, étudiante en première année du baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire.
Nathan Leblanc, qui est de la même cohorte que Soledad, abonde en ce sens : « Ça nous a complètement stressés. Les étudiants en première année ont été un peu lancés dans le vide et dans l’incertitude face à ce qui allait se passer. »
« J’ai peur que, lorsqu’on va revenir en classe, ce soit la folie furieuse et qu’on ait plein de travaux à remettre et qu’on fasse des nuits blanches », craint Anaïs Lessard.
Un manque d’homogénéité
Anaïs Lessard fait partie de ceux et celles qui ont milité et participé aux manifestations. « Je m’implique parce que je trouve ça important. J’ai fait mes autres stages et j’ai vu ce que c’était de vomir toute la nuit, mais d’être obligée d’aller à son stage [le lendemain] », témoigne-t-elle.
Les cohortes de deuxième et de quatrième année du baccalauréat en enseignement ont été les plus mobilisées, selon elle. « La raison pour laquelle ça n’a pas assez décollé, c’est parce que les étudiants en première année n’ont pas vécu de stage, donc ils ne comprennent pas l’importance de la grève et ne se mobilisent pas », déplore Anaïs Lessard.
Selon elle, les étudiants et les étudiantes en troisième année ont aussi eu de la difficulté à suivre le mandat de grève, puisque leur stage est en cours. « La plupart des étudiants en troisième année ont décidé d’aller à leur stage, mais de ne pas remettre leurs travaux. »
« Il y a deux états d’esprit. [Les personnes] qui sont toujours prêtes pour le combat et [les personnes] qui trouvent ça long et qui sont stressées, déclare Cédric Nahimana. [À ces dernières], on essaie de faire comprendre que les sacrifices sont importants. »
Des divisions et des désaccords ont aussi été présents au sein des mêmes cohortes. « Ce qui est plate, c’est qu’il n’y avait pas de consensus. Tout le monde a fait ce qu’il pensait qui était le mieux pour lui, ce qui a fait que notre moyen de pression était moins fort », se désole-t-elle.
Mention photo : Camille Dehaene | Montréal Campus
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