L’amour, pas seulement une histoire de couple

Fréquentations, « casual dating », couples ouverts… La croyance populaire veut que les modèles relationnels modernes s’exercent au détriment du couple monogame conventionnel. Pourtant, les données démontrent que les jeunes générations continuent de s’engager dans des relations sérieuses sur le long terme. Ce supposé « désintérêt » social envers les relations traduit plutôt une transformation de l’idée même du couple, selon des spécialistes.

« Les gens vont parfois dire que la sexualité des jeunes est tellement plus dépravée qu’avant, alors que les données sont les mêmes qu’il y a 30 ans. Quand on regarde les cégépiens, par exemple, ils sont souvent en couple monogame, souhaitent fonder une famille, etc », explique Kanica Saphan, sexologue et fondatrice du cabinet Sofa Sexologique.

Les jeunes se mettent toujours en couple, mais les paramètres sont désormais plus variés que ceux du couple traditionnel monogame.

C’est le cas de Pascale Roy, une étudiante de l’Université McGill : après avoir été dans une relation exclusive au secondaire, elle a réalisé que ce genre de modèle ne lui convenait pas. « Je cherche à être en relation, mais pas en couple. Dans le passé, j’ai eu l’impression que ma liberté a comme été brimée, raconte la femme de 22 ans. Je sais que si je tombe dans les mêmes patterns, je vais être triste, je ne vais pas me sentir libre de faire ce que je veux. »

Comme Pascale, plusieurs personnes rejettent le couple dit « traditionnel » et se tournent vers des modèles alternatifs. Selon une étude publiée en 2019 par l’Université de Colombie-Britannique, plus d’une personne adulte canadienne sur dix estime qu’un couple ouvert est « leur type de relation idéale ».

Ces relations libres, dans lesquelles les individus acceptent de participer à des interactions sexuelles, émotionnelles et romantiques avec plus d’un partenaire ou d’une partenaire, illustrent un changement des mœurs. « La société progresse, donc on voit d’autres modes relationnels, précise la sexologue Kanica Saphan. Socialement, on est en train de se défaire des idées que la sexualité est seulement acceptable dans un cadre X, Y ou Z, c’est-à-dire monogames, mariés et hétérosexuels. »

La fréquentation, une période d’essai

L’avènement des fréquentations est aussi un nouvel aspect relationnel adopté par les jeunes, note Hélène Belleau, professeure au Centre Urbanisation Culture Société à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). « Autrefois, vie sexuelle et fidélité étaient vraiment associées à la vie de couple. Maintenant, c’est comme si une phase supplémentaire s’était ajoutée : la fréquentation », explique-t-elle.

De fait, avant de s’engager dans une relation sérieuse sur le long terme, les partenaires passent souvent par une période de fréquentation. « C’est un peu comme une période de validation, souligne Pascale Roy. Tu es dans un juste milieu où tu confirmes si cette personne-là te convient, si chacun rentre bien dans le quotidien de l’autre. »

Les fréquentations sont généralement non exclusives, c’est-à-dire que les partenaires ont tout de même la possibilité d’explorer avec d’autres personnes et ce, sur le plan tant amoureux que sexuel. Cette transition vers le couple permet d’établir une cohésion au sein de la relation avant de l’officialiser.

Ainsi, contrairement à leurs parents et à leurs grands-parents, les jeunes d’aujourd’hui peuvent choisir parmi une multitude de modèles relationnels comportant des configurations variées. Si les notions d’exclusivité et de liberté évoluent chez les nouvelles générations, l’idée du couple s’avère toujours à la mode.

« Les jeunes souhaitent encore être dans des relations intimes, à long terme et plus stables, mais tout en explorant un paquet d’affaires. C’est propre à la jeunesse de toutes les époques », conclut la professeure Hélène Belleau.

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

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