Avec une programmation comprenant deux artistes qui figurent présentement aux palmarès 一 Émile Bourgault en 2e position et Allô Fantôme en 4e, cette quatrième soirée des préliminaires des Francouvertes, le 22 mars, a offert des spectacles bonbon. Bien difficile de ne pas se lever avec un sourire béat devant tant d’entrain et de talent.
L’auteur-compositeur-interprète Émile Bourgault n’a que 18 ans. Pourtant, il habite la scène comme s’il l’avait foulée toute sa vie. « Bonsoir, Lion d’Or! », crie-t-il, sautillant, le sourire qui déborde après sa première pièce. Ces mots sont les premiers de plusieurs échanges avec le public, répits sympathiques et vecteurs du bonheur que la scène lui procure.
Les textes d’Émile tracent l’autoroute de son art. Simples, mais perçants d’authenticité, ils sont déjà sur les lèvres d’une bonne partie de l’auditoire. Un chant collectif qui vend la mèche de la popularité naissante de l’artiste, expliquant notamment son second rang au classement.
Une voix douce et parfaitement écorchée sur toiles indie pop constitue la signature d’Émile Bourgault et de ses trois musiciens tout droit sortis de l’école secondaire. Il est rafraîchissant et impressionnant d’entendre des sons soignés et accrocheurs émaner de ces presque adultes. Une formule déjà gagnante qui les mènera sans doute loin.
Grand déploiement
Le groupe Allô Fantôme se consomme tel un dessert et vole haut la main la soirée. Le terme « famille » serait probablement plus juste que « groupe » : les artistes sont huit à faire vibrer la scène.
Ce moment en est un de célébration et de libération. Allô Fantôme offre une grande fête rock vintage et imprévisible dont on ne veut pas voir la fin. Le résultat est riche, mais ne s’abaisse jamais à l’exagération. Cordes, vents (allô la flûte!) et chants se rencontrent dans un concert effervescent qui semble rodé au quart de tour, mais qui est officiellement le deuxième du groupe. Le chanteur, Samuel Gendron, est largement maquillé pour l’occasion : l’humain est troqué pour le clown, détail qui renforce la trame extravagante de la formation.
Allô Fantôme, comme plusieurs de ceux et de celles qui se partagent la scène dans le cadre des Francouvertes, vient à peine de naître. Leur premier microalbum n’est pas encore disponible ; la performance du 22 mars, cadeau déballé, s’accueille donc avec reconnaissance.
Inviter le violon
Madame Autruche n’est pas qu’une seule personne. Elle regroupe cinq musiciens et musiciennes qui manient clavier, percussions, basse, guitare, mais surtout le violon, le roi de la soirée. L’instrument à cordes, touche mystique ajoutée au délicieux folk rock du quintette, est essentiel.
Les chansons se succèdent et ne se ressemblent pas. Complexes, bien ficelées, elles collent à l’oreille et font joyeusement dodeliner toutes les têtes du Lion d’Or 一 sauf peut-être celle de la chanteuse Mélisande Archambault, posée sur son violon. Autant à l’aide de la fente infinie que dessine son sourire que du son pur et vaporeux de sa voix, elle berce et fait danser. Les mots chantés sont cependant souvent difficiles à comprendre.
L’instrumentiste a déjà joué dans la rue, et on le sent. Ballons gonflés à la main pour les lancer dans la foule, la chanteuse s’empare de la scène sans en céder un millimètre. Les cris et les applaudissements qui éclatent à la fin de la performance, comme retenus jusqu’à la dernière seconde, témoignent de la vivacité contagieuse de ce qui a été livré. Bien dommage, et étonnant, que Madame Autruche chute à la dernière place du palmarès.
Les préliminaires des Francouvertes se poursuivent le lundi 28 mars, toujours au Cabaret Lion d’Or, avec les artistes Charlotte Brousseau, Antoine Aspirine et Tamara Weber. Les trois premières places du palmarès, au moment d’écrire ces lignes, sont occupées respectivement par Rau Ze, par Émile Bourgault et par Hôte.
Mention photo Maryse Boyce
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