Needles against patriarchy : « Une douce revendication »

Armé(e)s de leurs aiguilles à tricoter, à crocheter et à broder, des étudiants et des étudiantes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) mettent en commun leur vécu et leurs connaissances afin de créer une courtepointe collective pour souligner la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars.

C’est au café des arts de l’UQAM que des étudiants et des étudiantes du programme d’arts visuels s’activent dans un joyeux chaos, au rythme de leurs convictions. Sur la table s’entremêlent boules de laines colorées et aiguilles, symboles de la résistance féministe pour ces membres de la communauté étudiante.

C’est depuis le 15 février qu’ont lieu ces ateliers, dans lesquels les participants et les participantes s’affairent à la confection d’une courtepointe. Leur œuvre a été révélée le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Les étudiants et les étudiantes qui ont démarré ce projet de courtepointe souhaitaient l’exposer au café des arts, mais ils et elles aimeraient qu’elle soit exposée dans différents lieux par la suite.

« L’idée est de mêler à la fois des moments où on fait quelque chose avec nos mains à des moments de discussion autour des questions féministes », résume Alexandra Moisseeva, les yeux rivés sur son tricot. L’étudiante en arts visuels explique que ces ateliers suscitent des discussions intéressantes autour de l’art et du féminisme. À titre d’exemple, Alexandra ajoute que dans l’un des ateliers, les participants et les participantes se questionnaient sur l’art féminin. Ils et elles se sont demandé si celui-ci devrait forcément être féministe.

Tricoter le féminisme

Alexandra souligne que le tricot est un art historiquement associé aux femmes. « C’est une réappropriation du travail féminin, mais sous un prisme féministe », explique l’étudiante. Ces réflexions ont d’ailleurs donné naissance au nom de ce projet artistique dénommé Needles against patriarchy.

Elle affirme que ces ateliers sont un lieu commun idéal pour que les étudiants et les étudiantes de l’Université puissent se rassembler autour d’une production collective. Ce projet leur permet également de discuter en dehors des heures de cours de sujets plus politiques, par exemple.

Charlotte Plourde, qui étudie également en arts visuels, indique que le produit final de la courtepointe n’est pas l’objectif principal de ces ateliers de création. Pour elle, c’est plutôt les discussions et la transmission des savoirs qui découlent de ces rencontres enrichissantes. « La courtepointe, ça se prête vraiment à ça », illustre l’étudiante.

Julie Pastore, étudiante dans le même programme, partage l’avis de sa collègue : cette courtepointe agit comme médiatrice afin d’engendrer des conversations autour du féminisme. « C’est vraiment une initiative qui vient du cœur », rappelle-t-elle.

« Moi, c’est ma mamie qui m’a montré à broder, il y a une transmission du savoir des femmes qui est vraiment intéressante à explorer dans le cadre de l’artisanat », partage quant à iel Rosemarie Laporte, qui étudie également dans le programme d’arts visuels. Iel brode des messages féministes comme forme de revendication durant ces ateliers.

Broder ses convictions

Pour Alexandra, cette courtepointe agit à titre de médium pour leurs revendications. « Ce que je tricote, c’est un carré, certes, mais il est nourri de tout ce que j’entends, de tout ce que je vois, de tout ce que vous dites, s’exclame l’étudiante. C’est rempli d’énergie, de revendications et de force. »

Rosemarie compare pour sa part cette courtepointe à une « douce revendication ». Iel explique que dans ces ateliers, les membres de la communauté étudiante traitent de sujets qui ne sont pas souvent abordés en classe. Pour Rosemarie, ces ateliers permettent de « créer un espace de dialogue et d’inclusion » . Iel souligne que le milieu des arts semble parfois manquer d’inclusivité, surtout au niveau de la représentation des différentes cultures.

« Le projet est évolutif. On aimerait peut-être continuer cette initiative-là après le 8 mars », exprime Rosemarie. En attendant, les étudiants et les étudiantes continueront de se battre pour leurs convictions, une maille à la fois.

Mention photo Augustin de Baudinière | Montréal Campus

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