Des associations étudiantes disent non à leur relocalisation

Trois associations facultaires étudiantes de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) se mobilisent contre le déménagement de leurs locaux prévu pour l’été 2022. Même si ce déménagement s’inscrit dans le cadre du Plan directeur immobilier de l’Université adopté en 2013, les associations étudiantes concernées considèrent que cette relocalisation est une décision politique de la part de l’administration pour contrer la culture militante.

Depuis le début du mois de février, l’Association facultaire étudiante des sciences humaines (AFESH), l’Association facultaire des étudiants en sciences politiques et en droit (AFESPED) et l’Association des étudiants en arts (AFEA) appellent leurs membres à signer une pétition contre le déménagement de leurs locaux.

À l’heure actuelle, ces trois organisations étudiantes partagent un espace commun à l’entrée du métro Berri-UQAM dans le pavillon Judith-Jasmin, l’un des lieux les plus achalandés de l’Université. Selon les membres du conseil exécutif de l’AFESH, cet espace est idéal pour répondre à la mission des associations étudiantes qui est « d’informer leurs membres et d’assurer des services à la population étudiante ».

Loin des yeux, loin du cœur

En plus de la visibilité qu’il offre, cet endroit permet la collaboration entre les trois organisations. Par exemple, elles ont récemment acquis collectivement une imprimante hautement performante pour répondre à leurs besoins en matériel de mobilisation. Sans le partage des coûts, un tel achat n’aurait pas été envisageable.

Dans un texte accompagnant leur pétition, les associations racontent que, lors d’une rencontre le 5 mai 2021, le Service à la vie étudiante (SVE) et le Service des immeubles leur ont annoncé le futur déménagement.

Huit mois plus tard, en janvier 2022, une seconde rencontre a lieu sur le sujet. L’AFESH apprend alors qu’elle sera déplacée au pavillon Thérèse-Casgrain (W), l’AFESPED au pavillon des Sciences de la gestion (R) et l’AFEA au premier étage du pavillon Judith-Jasmin (J). Dans une publication sur le site internet de l’AFESPED, ces espaces sont présentés comme « des placards à balais cachés et séparés sur plusieurs étages et pavillons ».

Durant ces deux rencontres, les associations étudiantes ont fait savoir à l’UQAM qu’elles refusaient d’être délocalisées.

Un remaniement qui déplace de l’air

Avec une telle réorganisation de l’espace, l’UQAM souhaite regrouper « dans un même pavillon les associations étudiantes de programme, l’association étudiante facultaire, les départements et le décanat » d’une même faculté pour augmenter leur synergie, explique la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers. Cette dernière souligne que « cette dynamique existe déjà » pour d’autres facultés.

Mme Desrochers ajoute que les locaux libérés seront toujours destinés à l’usage de la communauté étudiante et que l’Université s’engage à offrir des locaux adéquats aux associations facultaires concernées par la relocalisation. « [L’UQAM] souhaite travailler avec elles pour comprendre leurs besoins et planifier leurs futurs aménagements », soutient-elle.

Cependant, les membres du conseil exécutif de l’AFESH perçoivent l’objectif de ce changement différemment de l’administration. « On est certains et certaines que c’est dans le but caché de démobiliser nos associations respectives », disent-ils.

Un conflit de longue date

« Les SVE détiennent, en quelque sorte, le monopole des services aux étudiants et étudiantes », indique le conseil exécutif de l’AFESH. À ses yeux, ce mode de fonctionnement accorderait un immense pouvoir discrétionnaire à la direction des SVE, qui en abuse.

Un exemple de cet abus est le refus des SVE de fournir la liste des locaux où les cours de leurs facultés se déroulent. « Par le passé, ces listes nous permettaient de faire des présentations dans les classes au début de la session pour nous présenter à nos membres, les mettre au courant des services et des mobilisations en cours », explique le conseil exécutif de l’AFESH.

Au moment où ces lignes étaient écrites, les SVE n’étaient pas en mesure de répondre aux demandes d’entrevues du Montréal Campus.

Selon les associations étudiantes concernées, le remaniement des locaux s’ajoute à une série de mesures visant à compromettre le travail des représentants et des représentantes de la communauté étudiante. Dans un communiqué de l’AFESPED, cette situation est définie comme une autre preuve de « la dérive autoritaire de l’UQAM ».

En plus d’inviter leurs membres à signer la pétition contre leur relocalisation, les trois associations étudiantes les encouragent à inonder les boîtes courriel de la direction des SVE et de l’administration de l’UQAM, avec un message témoignant leurs revendications. Une manifestation à l’intérieur du campus de l’UQAM est aussi organisée le 10 mars prochain pour empêcher la relocalisation. « L’administration doit comprendre qu’elle nous place au pied du mur et qu’en ce sens, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher notre éviction », indique le conseil exécutif de l’AFESH.

Mention photo Lyndie Julien | Montréal Campus

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