La LicUQÀM de retour dans le ring

Après un an d’absence en raison de la situation pandémique, la Ligue d’improvisation centrale de l’UQAM (LicUQÀM) était de retour cet automne pour sa 26e saison. Le Montréal Campus s’est entretenu avec trois interprètes de la ligue pour parler d’inclusion, de responsabilité et, bien entendu, d’improvisation.

Depuis le premier match de la ligue le 15 octobre dernier, la salle Rougier de l’Union française de Montréal est pleine à craquer tous les vendredis. « Chaque fois, le public est tellement fidèle et réceptif, c’est un cadeau », se réjouit Gabrielle Perron, qui en est à sa première année en tant qu’interprète au sein de la ligue. Si certain(e)s doutaient de la popularité de l’improvisation post-pandémie, le succès des matchs de la ligue jusqu’à présent suffit à les rassurer.

La popularité de la LicUQÀM s’est fait sentir dès le camp de sélection à l’automne : pour les 16 places d’interprètes à pourvoir, 90 personnes se sont présentées. « C’est le plus gros camp que j’ai vu à date », s’étonne Arnaud Gosselin, qui commence sa deuxième année dans la ligue.

Une ligue autogérée

Pour les interprètes rencontré(e)s par le Montréal Campus, jouer dans la LicUQÀM est un honneur. « Je trouve que c’est la meilleure ligue à Montréal », déclare Arnaud, qui souligne avoir tenté sa chance à trois reprises avant d’être retenu.

D’après Alexis Langevin, qui en est à sa première année dans la ligue, la LicUQÀM se distingue par la place qu’elle alloue à la liberté de création. « Chaque match a sa couleur. […] On explore vraiment toutes sortes de choses différentes selon l’arbitre », explique-t-iel.

En plus de jouer, les interprètes de la LicUQÀM prennent part à l’administration de la ligue, ce qui en fait un club autogéré. Du choix des arbitres aux demandes de subventions, ce sont les joueurs et les joueuses qui sont au volant. « On a vraiment la forme d’un organisme à but non lucratif (OBNL) […] je pense qu’il y a plus de trucs à gérer que les gens peuvent penser », souligne Gabrielle Perron, qui occupe le poste de trésorière.

Un tel niveau de responsabilité a ses côtés positifs, selon Alexis. « On prend nos propres décisions, donc si ça a du succès, c’est valorisant parce que c’est vraiment grâce au travail qu’on a mis », fait-iel remarquer.

Inclusion et diversité

Cette saison, la LicUQÀM est composée en majorité de femmes : un succès pour cette ligue, qui met de l’avant sa volonté d’inclusion depuis quelques années. Pour Gabrielle, c’est un signe que le monde de l’improvisation n’est plus le boys club impénétrable qu’il était. « Je me sens tellement égale aux hommes dans la ligue », affirme la joueuse. Elle espère que le rayonnement de la LicUQÀM va encourager les ligues des cégeps et des écoles secondaires à suivre son exemple.

Alexis partage le même point de vue. « En considérant mon identité queer à travers ça, j’ai l’impression que la LicUQÀM, c’est vraiment come as you are (venez comme vous êtes). […] C’est un milieu où tu peux évoluer, peu importe ton identité », ajoute-t-iel.

Après la vague de dénonciations de l’été 2020, qui a fortement touché le milieu de l’improvisation, la LicUQÀM a opté pour une posture ferme quant aux inconduites sexuelles. Au début du mois de septembre, la ligue a annoncé qu’elle refuserait la participation aux camps de sélection à toute personne ayant été dénoncée. Sur sa page Facebook, elle a invité les interprètes à faire part de leurs inconforts relatifs à un individu qui souhaite se présenter.

La LicUQÀM s’est inspirée des recommandations de Rudesse, un regroupement contre la violence sexuelle en improvisation. « On a décidé de privilégier les victimes et leurs besoins […] pour créer un environnement sain où toutes et tous peuvent se sentir à l’aise », ajoute Alexis.

Cette année, les joueurs et les joueuses souhaitent se pencher sur la question de la diversité au sein de la LicUQÀM. « Il n’y a vraiment pas beaucoup de personnes issues de la diversité qui se sont présentées au camp et on s’est demandé pourquoi », déplore Gabrielle. D’après Arnaud, ce constat n’a rien de surprenant. « C’est un problème généralisé dans le monde de l’impro », estime-t-il.

« On réalise qu’on ne peut pas faire ça tout seuls. […] On veut bien faire les choses, donc on va aller chercher l’avis d’experts et de personnes concernées », conclut Alexis.

Mention photo Andréa Spirito | Montréal Campus

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