Lire sans éco-anxiété

Sorti le 21 septembre dernier chez Écosociété, le livre Pour une écologie du 99 % a pour but d’instruire sur l’économie et l’écologie à partir de 20 mythes sur le capitalisme. Que ce soit en version papier ou numérique, des solutions apparaissent pour lire en respectant l’environnement.

Pour une écologie du 99 % : 20 mythes à déboulonner sur le capitalisme est le fruit d’une collaboration entre Frédéric Legault, Alain Savard et Arnaud Theurillat-Cloutier.

Ce dernier, professeur de philosophie au Collège Jean-de-Brébeuf et doctorant en sociologie à l’UQAM, explique avoir décidé de co-écrire l’ouvrage par nécessité. « Ce livre vient du besoin de répondre à une certaine urgence. On a les solutions, et la façon dont on aborde les problèmes écologiques aujourd’hui n’est pas à la hauteur de la crise », confie-t-il. Bien qu’engagée, l’œuvre s’adresse aussi bien à un public militant qu’à des personnes peu éduquées sur les questions climatiques.

L’ouvrage donne ainsi des pistes concrètes pour mieux comprendre les causes profondes de la crise environnementale. Les auteurs vulgarisent 20 mythes sur le capitalisme à travers les 20 chapitres. Il déconstruit efficacement ces thèmes souvent complexes et fournit des outils à son lectorat pour bien les appréhender.

L’éco-anxiété, un phénomène qui prend de l’ampleur

Alors qu’on assiste à une recrudescence de catastrophes naturelles, de plus en plus de personnes sont victimes d’éco-anxiété. Ce terme fait référence à un concept inventé dans les années 2000 par le philosophe australien Glenn Albrecht. L’éco-anxiété apparaît comme une détresse ressentie devant les modifications environnementales provoquées par les changements climatiques dont l’humain est le principal responsable.

Selon l’entreprise d’innovation durable Cleantech, un livre imprimé émet 7,46 kg de CO2 en moyenne. Une tablette Kindle, quant à elle, en génère 168 kg pendant sa durée de vie. En effet, l’un exploite les forêts, même si la coupe est sélective, tandis que l’autre nécessite l’extraction des métaux rares pour ses composants électroniques.

Chez les Éditions Écosociété, les ventes de livres papier priment largement sur celles en format numérique. Le responsable de production d’Écosociété, Kevin Cordeau, explique que, contrairement à ce qui était attendu il y a dix ans, les ventes de livres numériques ont stagné. « Ceux qui vont utiliser des liseuses, ce sont essentiellement de gros lecteurs qui vont lire beaucoup de romans ou de gros bouquins », précise-t-il.

Limiter son empreinte écologique

Depuis sa création en 1992, Écosociété imprime principalement sur du papier recyclé. S’il était coûteux il y a 20 ans, ce choix de fabrication est désormais abordable et largement exploité au Québec. Un système de tri plus efficace en amont pourrait permettre de collecter plus de papier afin d’alimenter les papetières. « En fait, je pense, il n’y a pas tellement d’alternatives au papier pour essayer de trouver une solution plus écologique, sinon d’améliorer les pratiques à chacune des étapes de la chaîne de fabrication », ajoute Kevin Cordeau.

Malheureusement, une pénurie de papier touche actuellement le Québec, en particulier celui entièrement recyclé. Des livres se sont alors retrouvés à court de tirage et des publications ont été repoussées de quelques semaines. Les ouvrages plus complexes devront attendre entre deux et trois mois pour prendre place dans les librairies, selon le responsable de la production d’Écosociété.

« Je sais que des éditeurs ont dû reporter les parutions à cause de l’approvisionnement de papier. Nous, on travaille un peu plus en amont sur nos projets et on laisse un peu plus de temps entre l’impression et la parution, ce qui fait qu’ on commence à ressentir les effets de la pénurie pour la saison prochaine », précise Kevin Cordeau.

Agir pour vaincre l’angoisse

Les consommateurs et consommatrices ont aussi leurs parts de responsabilité à ce sujet, selon Kevin Cordeau. « Si tu vas acheter ton livre en voiture à la librairie et que c’est la seule chose que tu fais, ça vient booster l’empreinte écologique livre », commente-t-il. Idéalement, il convient de ne pas jeter le livre après la fin de la lecture. Ainsi, le donner à une amie ou l’envoyer à une bibliothèque contribue à diminuer le bilan carbone de l’ouvrage.

Alors que la situation environnementale préoccupe et angoisse une partie croissante de la population, Arnaud Theurillat-Cloutier recommande de ne pas perdre espoir. Convaincu que l’entraide et le combat auront un impact positif sur l’environnement, il a trouvé une méthode efficace pour modérer l’éco-anxiété. « Un des meilleurs remèdes à l’anxiété, c’est l’action », dit-il. « Plutôt que de rester figé dans la peur […] il faut cultiver l’action et la confiance dans nos capacités de solidarité, dans nos capacités de lutte. »

Mention photo Édouard Desroches | Montréal Campus

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