Les associations étudiantes s’adaptent au mode virtuel

Pour résister aux contrecoups de la pandémie, les associations étudiantes de l’UQAM ont dû revoir leur fonctionnement, en mode virtuel, et adapter leurs stratégies de mobilisation.

Pour les associations étudiantes facultaires et modulaires interrogées par le Montréal Campus, l’utilisation de l’application de visioconférence Zoom a été de mise, compte tenu du contexte actuel.  « Zoom a vraiment été notre ami cette année. La majorité de nos rencontres ont été faites par Zoom », raconte la responsable à la coordination de l’association facultaire étudiante de langues et communication de l’Université du Québec à Montréal (AFELC) Amanda Masson.

 L’AFELC est la seule association étudiante, parmi celles qui ont été questionnées, qui a pu tenir certaines rencontres en présentiel.

Certaines associations ont été submergées par une charge de travail plus importante comparativement aux autres années scolaires, comme ce fut le cas pour l’AFELC, témoigne Mme Masson. Toutefois, elle n’arrive pas à mettre le doigt sur les raisons qui expliquent ce surplus de travail. « L’an passé, le [coordinateur] pouvait faire 5 à 6 heures de travail, puis moi cette année, je peux faire jusqu’à 15-20 heures par semaine », observe-t-elle. 

Quant aux assemblées générales, elles ont bel et bien eu lieu, mais par visioconférence. Elles ne se sont pas déroulées sans embûches. « Pour nous, les assemblées ont été très difficiles. Nous n’avons jamais été en mesure d’avoir un quorum. Nous avons dû nous résoudre à avoir des assemblées à quorum moral », raconte la coordonnatrice aux affaires académiques de l’Association facultaire étudiante des arts (AFÉA) Émilie Lorrain-Bélanger.

L’Association étudiante des études féministes (AEEF) a été confrontée au même problème. Le quorum moral est voté lorsque le nombre minimal de participants et de participantes pour atteindre le quorum n’est pas respecté. Le quorum pour l’AFÉA représente le 1% de tous les membres alors que celui pour l’AEEF est fixé à 5%.

Atteindre le nombre minimal de personnes lors des assemblées n’a pas été le seul défi lors de cette année scolaire exceptionnelle pour le milieu associatif. Problèmes de concentration, fatigue causée par l’enseignement en ligne, et manque de motivation étaient au rendez-vous. « Sur Zoom, on se tanne plus rapidement qu’en vrai. Ça fait 3 ans que je suis dans l’AFELC,  les assemblées en personne durent des heures, donc on commande de la pizza, on est avec nos amis, c’est plus motivant », explique Amanda Masson. 

Aucun mouvement de grève en mode virtuel

D’après Émilie Lorrain-Bélanger, il a été plus difficile cette année de rallier les étudiants et les étudiantes autour d’une cause. Le manque d’effectifs aux assemblées générales « fait en sorte que de planifier un mouvement de grève est difficilement réalisable », sans compter les contraintes techniques imposées par l’enseignement à distance.

« Comment se passerait une grève par Zoom? Je suis sûre que personne n’a essayé. J’imagine que ça serait impossible », pense la présidente de l’AEEF, Elizabeth, qui ne souhaite pas révéler son nom de famille pour éviter de recevoir des messages haineux.  La responsable à l’éducation inclusive et aux étudiant(e)s provenant de l’international de l’association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) Amira Issa partage le même avis. « Ce n’est pas faisable de faire des grèves en ligne. Il faudrait avoir accès à tous les liens zoom des cours », renchérit-elle. 

Même si la pandémie n’a pas facilité la mobilisation auprès de la communauté uqamienne, les associations étudiantes ont tout de même réussi à se positionner sur certains enjeux et à planifier des activités sur les réseaux sociaux. Par exemple, l’AEEF a créé un logo en y inscrivant le mot-clic #PapaUQAM afin d’encourager les étudiants et les étudiantes à montrer leur soutien envers l’étudiante Hélène Boudreau qui a été poursuivie par l’UQAM récemment. De plus, l’ADEESE a organisé une soirée d’humour virtuelle le 26 février dernier. 

La relève en temps de pandémie

« Ça a vraiment été un défi d’aller chercher des nouveaux et des nouvelles. En vrai, on peut accoster les gens, on peut interagir avec eux. Ce premier contact est plus agréable qu’un courriel dans ta boîte UQAM », remarque la responsable aux services de l’Association des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM (ADEESE) Gabrielle Brochu-Bélanger. 

Selon la présidente de l’Association des Étudiant(e)s aux Cycles Supérieurs en Études Urbaines de l’ESG-UQÀM (ADECSEUR), Victoria Gay-Cauvin, il ne faut pas s’attendre à rejoindre les gens de la même façon qu’auparavant en raison du mode virtuel. Elle explique que l’ADECSEUR a été très active sur les réseaux sociaux pour générer de la visibilité. L’association a également adopté une communication plus personnelle pour attirer les personnes qui n’avaient pas l’habitude de participer à ses activités en leur envoyant un message en privé.

Amira Issa abonde dans le même sens. Pour elle, la pandémie n’est pas seulement une « parenthèse » dans le mouvement étudiant : elle a changé le fonctionnement des associations et de la mobilisation étudiante. Le fait que les nouvelles cohortes n’aient jamais mis les pieds à l’UQAM a un impact sur leur sentiment d’appartenance à leur association.

Toutefois, la responsable à l’éducation inclusive de L’AFESPED ne croit pas qu’il faut s’inquiéter pour l’avenir de ces associations. « Tant qu’il y aura des injustices dans les conditions d’études et dans les droits des étudiants, les associations étudiantes auront toujours leur légitimité. On doit seulement s’adapter », soutient Amira Issa. 

Mention illustration Édouard Desroches | Montréal Campus

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