Éditorial | À nos stagiaires qui nous rendent fièr(e)s

Chaque année, le Montréal Campus accueille quatre journalistes stagiaires qui participent activement à la réussite de son objectif d’offrir une information indépendante à la communauté étudiante en rédigeant des articles pertinents et originaux. L’apport des stagiaires est majeur dans notre production journalistique. Cela justifie donc la décision de l’équipe du journal de mettre la main à la pâte en ce qui concerne la reconnaissance de tous les stages à leur juste valeur.

Si cet énoncé peut sembler sortir du cadre habituel de la neutralité journalistique, c’est qu’il touche à un enjeu d’actualité récent. Au Québec, le discours pour l’amélioration des conditions de stage s’articule depuis 2016 et a culminé à l’hiver 2019 avec des grèves rassemblant 35 000 étudiants et étudiantes. Le fait que les stages non rémunérés soient concentrés dans les programmes d’études historiquement et majoritairement féminins est au cœur de l’argumentaire. Depuis les balbutiements du mouvement, le Montréal Campus a couvert les grèves pour la rémunération des stages ; ironiquement, ses stagiaires n’étaient pas rémunéré(e)s et n’obtenaient pas les crédits universitaires qu’ils et elles auraient dû recevoir pour leur travail.

Depuis juillet, alors que l’équipe actuelle a commencé son mandat, jusqu’à la publication de l’édition papier que vous tenez entre vos mains, ce sont plus de 200 articles journalistiques qui ont été publiés par le Montréal Campus. De ce nombre, 40 articles, soit le cinquième de la production du journal, ont été écrits par nos quatre stagiaires qui auront chacun et chacune laissé leur marque au journal.

Durant cette période de formation intensive, ils et elles apprennent les rudiments de la profession de journaliste. La recherche de données probantes sur leur sujet, leurs entrevues – avec une personnalité publique, un(e) parfait inconnu ou un(e) ministre – et le temps investi dans la rédaction de leurs articles sont toutes des tâches qui rapprochent les stagiaires du monde du travail. En définitive, ce sont 140 heures bien remplies qu’ils et elles doivent consacrer au journal pour réussir leur stage.

Ce travail non rémunéré, parfois appelé investissement ou passage obligé, apporte déjà d’importantes retombées sociales, notamment dans la communauté de l’Université du Québec à Montréal. Doté(e) de bonnes intentions et de bons outils pour guider sa pratique journalistique, le ou la journaliste stagiaire du Montréal Campus s’assure de mettre de l’avant les groupes marginalisés afin de donner une représentation réaliste et actuelle de notre université. Également, l’apprenant(e) participe à la diffusion des réussites de la collectivité et des découvertes issues de la recherche universitaire.

Hélas, depuis une décennie, le journal accuse un retard dans la reconnaissance des stages au sein de sa propre organisation. À vrai dire, le statut du stagiaire existe, mais sa participation au journal n’est pas systématiquement créditée à son cheminement universitaire. Selon le représentant des anciens et des anciennes du Montréal Campus Louis-Samuel Perron, il est impensable que les crédits universitaires attribuables à la période de stage ne soient pas reconnus. M. Perron, en plus d’occuper un poste de journaliste judiciaire dans un média d’information à Montréal, s’est engagé au Montréal Campus à titre de répondant, c’est-à-dire qu’il supervise le travail des stagiaires à titre de professionnel de l’information.

Les temps ont bien changé, les ressources financières dont dispose le Montréal Campus aussi. Lorsque M. Perron travaillait au Montréal Campus, il y a dix ans, les revenus publicitaires permettaient le versement d’un revenu d’appoint aux membres de l’équipe permanente. Sommairement, les stagiaires du journal, en plus d’obtenir les crédits universitaires mérités pour leurs apprentissages, recevaient une compensation financière à hauteur de 250$ toutes les deux semaines. Aujourd’hui, la baisse des revenus publicitaires dans les médias écrits d’information est tellement critique qu’il est devenu impossible de rémunérer nos stagiaires. Il en est de même pour nos fidèles collaborateurs et collaboratrices et pour l’équipe permanente.

Ainsi, la première mesure de rattrapage entreprise par l’équipe a consisté à travailler de concert avec l’École des médias de l’UQAM afin de garantir la reconnaissance, en bonne et due forme, des crédits universitaires à la suite d’un stage réussi au Montréal Campus. Aussi, par souci de cohérence, l’équipe a décidé de défrayer les stagiaires de cette année des frais de scolarité de 293,49 $ que chacun et chacune doit payer à l’Université pour cette période de travail encadré par l’équipe du journal. Il s’agit d’un pari financier audacieux, mais réaliste.

Ces nouvelles mesures viennent renforcer la crédibilité du Montréal Campus, qui se veut un environnement d’apprentissage inclusif, valorisant la réussite des aspirant(e)s journalistes. Sait-on jamais, d’autres médias d’information écrits suivront peut-être l’exemple du Montréal Campus en matière de reconnaissance des stages.

Illustration : Lila Maitre

Cet article est paru dans l’édition papier du 31 mars 2021

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