« À l’UQAM en bobettes » : petites tenues, grandes revendications

« À bas le patriarcat », « l’UQAM, t’es pas mon père » : Une cinquantaine de personnes se sont rassemblées jeudi devant l’Université du Québec à Montréal (UQAM) pour pointer du doigt la poursuite judiciaire intentée par l’établissement d’enseignement contre l’étudiante Hélène Boudreau.

Le groupe de manifestant(e)s s’est rassemblé, pancartes à la main, vers 16h à l’intersection du boulevard de Maisonneuve et de la rue Berri, devant le pavillon Judith-Jasmin. Si plusieurs individus étaient complètement vêtus, d’autres ont manifesté partiellement dénudés, en sous-vêtements ou en exhibant leurs seins. 

Après une trentaine de minutes de piquetage, les manifestant(e)s se sont ensuite emparé(e)s des rues du Quartier latin. La marche s’est terminée devant la Galerie de l’UQAM. Plusieurs discours d’organisatrices ainsi que des prises de parole d’individus se sont succédé. 

La manifestation a été organisée dans la foulée de la poursuite judiciaire hautement médiatisée de l’Université contre l’étudiante finissante de la Faculté des arts. Malgré le fait qu’une entente hors cour ait été officialisée la veille, menant à l’arrêt des procédures, les organisatrices Zoyanne Côté et *Olivia ont tout de même décidé d’aller de l’avant avec leur contestation. 

Cette « action de solidarité » a été planifiée « afin de dénoncer le sexisme de l’institution, mais également de l’ensemble des sphères de la société », peut-on lire dans un communiqué de presse transmis aux médias sur place. 

Zoyanne Côté et Olivia se disent insatisfaites de l’entente conclue entre les deux parties, selon laquelle Mme Boudreau s’engage à ne plus publier de photos intimes d’elle qui font directement ou indirectement référence à l’UQAM. En échange, l’établissement retire sa poursuite de 125 000$ intentée contre l’étudiante. Selon elles, la principale intéressée devrait pouvoir publier le contenu qu’elle désire. 

Les instigatrices du rassemblement souhaitent montrer leur soutien envers Mme Boudreau qui a vécu une « tempête médiatique » à cause d’une poursuite judiciaire qu’elles considèrent injustifiée. Zoyanne Côté critique entre autres le fait qu’on associe « le corps nu de la femme à la dégradation de la réputation d’une institution. »

La goutte de trop

Parmi les manifestant(e)s se trouvait Alexandra Dupuy, membre du Comité permanent de la Politique no 16 visant à prévenir et à combattre le sexisme et les violences à caractère sexuel de l’UQAM. L’étudiante à la maîtrise en linguistique y voit une « grosse hypocrisie » de la part de son Université. « On dit qu’une femme qui assume sa sexualité nuit à l’image de l’UQAM et va être poursuivie, mais on ne fait absolument rien lorsqu’il est question d’un prof qui s’approprie la sexualité de femmes et de filles comme Benoît St-Onge l’a fait », juge l’étudiante. Benoît St-Onge a plaidé coupable à des accusations d’actions indécentes pour des faits qui remontent au moment où il était professeur de géographie à l’UQAM. 

« On force une femme à ne pas être capable d’entièrement avoir le contrôle sur son corps. Le fait de lui interdire d’associer son corps au logo de l’UQAM est complètement aberrant », croit Mme Dupuy. Elle aurait préféré que l’UQAM utilise autrement les fonds qu’elle a déboursés pour les frais de son avocat, notamment dans les combats contre les violences sexuelles qu’elle estime « bien présentes » à l’Université. 

Les responsables de la manifestation exigent des excuses publiques de l’UQAM à Mme Boudreau, mais leurs revendications vont au-delà de ce qu’elles reprochent à l’établissement scolaire. « C’est la goutte qui fait déborder le vase avec tout ce que les femmes subissent », estime Olivia, l’une des organisatrices de la manifestation. Elle fait notamment référence aux plus récents féminicides et à la vague de dénonciations de comportements à caractère sexuel. « Il faudrait que la société et les mononcles comprennent que les femmes ont le contrôle de leur corps, qu’elles décident de ce qu’elles veulent faire avec et de comment elles veulent gagner leur vie », renchérit-elle. 

*L’intervenante n’a pas voulu divulguer son nom de famille pour ne pas qu’on puisse l’identifier

Mention photo Manon Touffet | Montréal Campus

Commentaires

3 réponses à “« À l’UQAM en bobettes » : petites tenues, grandes revendications”

  1. Avatar de Steve Marcoux
    Steve Marcoux

    Bonjour à vous,

    On préfère censurer les torses des personnes d’apparence féminine, contrairement aux torses des personnes d’apparence masculine, qui sont complètement inoffensif et banaliser la violence….belles valeurs de société.

  2. Avatar de Bruno Charest
    Bruno Charest

    Go go super les filles, je suis a 150% derrire vos revendications. ALL THE WAY, WOMEN

  3. Avatar de Jonathan Parent-Lévesqe
    Jonathan Parent-Lévesqe

    Le lobby féministe fait beaucoup de bruit, mais rappelons-nous que ce n’est qu’un groupe d’intérêt comme un autre. Ces groupes de pressions ne représente pas la voix de la totalité des étudiants.

    En tant qu’étudiant de l’ESG-UQÀM, j’endosse totalement les mesures de notre institution d’enseignement de faire respecter sa marque de commerce contre des utilisations à des commerciales non authorisées.

    En effet, mme Boudreau utilisait la marque de commerce de l’UQÀM pour mettre en valeur ses activités commerciales sur le site Onlyfans pour lesquels elle a affirmé au magazine 24h qu’elle reçoit une compensation financière mensuelle de 20 000$. Cette violation va donc directement à l’encontre du règle 11 de l’université.

    https://instances.uqam.ca/wp-content/uploads/sites/47/2017/12/REGLEMENT_NO_11.pdf

    De plus, le fait qu’elle a tenté de déposé une marque de commerce « UCUM » est non seulement une reconnaissance de sa part de la légitimité des marques de commerce, mais égalment une reconnaissanec de sa cupabilité face à la violation de la marque de commerce de l’UQÀM. Or la loi est claire à ce sujet :

    « Non seulement la personne qui emploie la marque de commerce sans l’autorisation de son propriétaire peut être poursuivie, mais certaines activités non autorisées peuvent aussi entraîner des amendes et des peines d’emprisonnement. »

    https://www.ic.gc.ca/eic/site/cipointernet-internetopic.nsf/fra/wr04889.html

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