Un courriel accidentel qui brise la solitude

Le 23 février dernier, une chaîne de courriels massive a été déclenchée lorsqu’un étudiant a répondu par erreur au courriel automatique du registrariat. L’entièreté de la communauté étudiante préautorisée à l’admission au deuxième cycle a reçu sa réponse et a décidé de participer à l’échange, créant ainsi une chaîne de plus de 500 courriels.

En cinq heures, la communauté étudiante a abordé plusieurs sujets : des conseils pour aider Hamid dans son processus d’admission, des demandes de désabonnement et enfin, des plaintes pour mettre un terme au dérangement. 

Des sujets improbables se sont aussi ajoutés à la chaîne de courriels, comme des recettes de muffins, des conseils d’horticulture et le partage de vidéos YouTube ainsi que de profils LinkedIn. 

La directrice des relations de presse de l’UQAM,  Jenny Desrochers, indique au Montréal Campus que « dès que le Registrariat de l’UQAM a été saisi de la situation, il est intervenu, de concert avec les services informatiques, afin de tout mettre en oeuvre pour corriger cette situation et éviter qu’elle ne se reproduise. »

Des avis partagés

Certain(e)s étudiant(e)s ont profité de l’occasion pour échanger avec les autres et briser la routine. Tandis que plusieurs demandaient le désabonnement à la liste d’envoi, les courriels se sont accumulés rapidement.

Mélina Jimenez, finissante au premier cycle, raconte son expérience. « Pour ma part, lorsque j’ai commencé à recevoir les courriels, j’étais un peu dérangée, mais j’ai vite changé d’humeur. Je dois avouer que j’ai rapidement trouvé cela très drôle et improbable », explique-t-elle. Elle comprend que le nombre élevé de courriels a dérangé les récipiendaires. Cependant, elle estime « qu’il était possible d’ignorer les courriels ».

Julie, future étudiante à la maîtrise, a préféré demeurer anonyme par crainte de représailles puisqu’elle planifie poursuivre ses études à l’UQAM. Elle partage son mécontentement par rapport au dénouement de cette situation alors que plusieurs étudiants et étudiantes entament leur sprint de mi-session. « Cet inconvénient a été plus que dérangeant et je pense que personne n’a besoin de ça en ce moment », pense-t-elle. 

Elle remet aussi en question l’utilité des courriels de rappels envoyés par le registrariat. «Un étudiant qui est sérieusement intéressé à poursuivre des études à la maîtrise n’a pas besoin de multiples rappels sur la possibilité d’une admission automatique et gratuite », souligne Julie. Enfin, elle espère que le registrariat interviendra plus rapidement dans le futur afin de prévenir des situations semblables. Pour elle, une chose est claire; la situation a été inacceptable.

Une opportunité pour se rassembler

Un groupe Facebook intitulé « Pour que Hamid soit admis au doctorat! » a été créé afin de continuer la conversation et d’alléger le nombre élevé de courriels envoyés. La description du groupe se lit comme suit : « En solidarité avec Hamid, 52 ans et père de deux enfants, qui a été refusé au doctorat à cause d’une erreur administrative. » À l’heure actuelle, cette communauté regroupe 924 membres. Un nombre incroyable de membres de la communauté uqamienne s’est mobilisé pour appuyer la prise en considération de la candidature d’Hamid au doctorat.

« Cet événement cocasse nous a rassemblés. J’avais donc envie de créer un espace où on pourrait échanger », affirme la créatrice du groupe Facebook et finissante au premier cycle, Béatrice Ayotte. « Beaucoup d’entre nous n’avaient jamais eu la chance d’échanger avec les étudiants des autres départements. En même temps, il s’agissait d’une tentative de rediriger la conversation hors de nos boîtes de courriels », explique-t-elle. 

Béatrice rappelle l’ampleur de la participation étudiante lorsqu’elle indique que 600 membres se sont joints au groupe en moins de quatre heures après avoir partagé le lien dans la chaîne de courriels. Au-delà d’être un lieu d’appui pour l’admission d’Hamid, le groupe est désormais un espace de collaboration, de divertissement, de partage de recettes de muffins et de discussion quant au cheminement professionnel et scolaire de chacune et chacun. 

Alors que le registraire de l’UQAM Stéphan Tobin a envoyé un courriel pour faire état « de la situation qui s’est malencontreusement produite le 23 février dernier », Béatrice voit les choses différemment: « on s’est fait 900 nouveaux amis grâce à ça ». Finalement, selon elle, cette situation n’a pas été « trop malencontreuse ». 

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