Cours annulés : la baisse d’inscriptions frappe fort

À l’aube de la rentrée universitaire, certains cours de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont dû être annulés en raison d’un manque d’inscriptions. Bien que les professeur(e)s, les chargé(e)s de cours et les étudiant(e)s sont rapidement avisé(e)s, cette situation peut créer plusieurs imprévus. 

En général, l’annulation d’un cours est une situation exceptionnelle à l’UQAM. « Environ 2 % seulement des activités sont annulées pour diverses raisons », précise la directrice des relations de presse de l’UQAM, Jenny Desrochers. 

Lorsque des cours sont annulés en raison d’un nombre insuffisant d’inscriptions, le département ou l’école envoie un courriel pour informer les personnes concernées par cette situation. « Il est très rare que cela arrive juste avant la rentrée », déclare l’agente de gestion aux études pour le baccalauréat en droit, Coline De Lagarde. 

Jenny Desrochers spécifie que tous les droits et frais assumés par les étudiants et les étudiantes sont annulés quand l’UQAM se voit dans l’obligation de retirer un cours. Elle ajoute que les conventions collectives des professeur(e)s peuvent « prévoir certaines compensations selon le moment et la situation ayant entraîné l’annulation du cours »

Néanmoins, il n’y a rien qui empêche le retour des cours annulés lors des sessions universitaires suivantes.

Des chiffres proportionnés

L’UQAM mise sur un équilibre en ce qui concerne le nombre d’étudiants et d’étudiantes par cours. C’est pourquoi une moyenne cible de 41 étudiant(e)s a été établie. Le président du Syndicat des professeurs et des professeures de l’Université du Québec à Montréal (SPUQ), Michel Lacroix, affirme que l’objectif de cette moyenne est lié à des « questions pédagogiques » qui empêchent l’UQAM d’accepter beaucoup d’étudiant(e)s et d’avoir « la tentation » , comme d’autres universités, d’offrir des cours avec des centaines de personnes.

L’agent de gestion aux études de la Faculté des sciences, Serge Moreau, mentionne qu’un cours peut être offert en plusieurs groupes. Lorsqu’un « cours-groupe » n’a pas beaucoup d’inscriptions, il rapporte que « ce cours-groupe peut être annulé et les étudiant(e)s qui étaient inscrit(e)s sont transféré(e)s dans un autre cours-groupe ». M. Moreau révèle que cette situation est survenue pour le cours de Probabilités I (MAT1700) offert pendant la session en hiver 2021 par la Faculté des sciences.

Des options réduites

Au cours des dernières années, le professeur de l’École des médias et ancien responsable du baccalauréat en journalisme, Jean-Hugues Roy, a remarqué que le nombre d’étudiant(e)s a baissé dans plusieurs universités. 

M. Roy ajoute que l’UQAM détermine chaque année un nombre de cours maximum pour l’ensemble des programmes. Il explique que si l’UQAM décide de couper une centaine de cours, tous les programmes devront couper un nombre égal de cours, et ce, peu importe leur nombre d’inscrit(e)s. 

Cette exigence est plus difficile à respecter pour les programmes contingentés qui acceptent toujours le même nombre d’étudiant(e)s. M. Roy signale que ces programmes doivent réduire leurs choix de cours optionnels pour se conformer au nombre de cours imposé par l’UQAM au détriment de la communauté étudiante. 

Un deuxième choix imprévu 

À la suite d’une annulation d’un cours par l’UQAM, le bassin étudiant qui était inscrit est encouragé à communiquer avec les agents et les agentes de gestion aux études de leur programme pour déterminer une option de rechange. 

L’agent de gestion aux études de la Faculté des sciences, Serge Moreau, explique que les étudiant(e)s ont la possibilité de trouver un « cours équivalent » dans une autre institution universitaire et de faire une « demande d’autorisation d’inscription par entente interuniversitaire ».

Toutefois, M. Moreau précise que cette demande est un privilège et non un droit. Il ajoute que les cours offerts à l’UQAM sont toujours favorisés. 

L’étudiante dans le programme de linguistique Kelly Plante a effectué cette démarche interuniversitaire pour remplacer son cours complémentaire de démographie à l’UQAM qui a été annulé en raison d’un manque d’inscriptions. Elle s’est inscrite à un cours de gestion d’une classe offert par l’Université TÉLUQ. « Ce qui est plus difficile, c’est de trouver un cours qui va susciter mon intérêt pendant 15 semaines et qui ne demande pas de préalables pour s’y inscrire, sachant que je viens d’un autre programme », mentionne-t-elle. 

Par ailleurs, les cours obligatoires pour l’obtention d’un diplôme ne sont pas assurés si le nombre d’inscriptions est insuffisant. Cette situation peut compliquer le parcours d’un(e) étudiant(e). 

L’étudiante dans le baccalauréat en linguistique Laurianne Paradis a notamment remplacé un cours annulé qui était préalable pour son admission à la maîtrise lors de la prochaine session en automne 2021. Ce cours de psychologie a été retiré pendant deux sessions consécutives en automne 2020 et en hiver 2021. Elle a fait la démarche interuniversitaire pour s’inscrire à un autre cours offert par l’Université TÉLUQ. « Si je n’avais pas fait le changement de cours, j’aurais été obligé d’allonger mon cheminement scolaire d’une session », précise-t-elle.

Une situation déstabilisante 

Chaque professeur(e) de l’UQAM, sauf des cas particuliers, doit obligatoirement offrir quatre cours par année qui sont attribués durant le mois de mai. Le président du SPUQ, Michel Lacroix, précise que l’annulation d’un cours oblige le professeur ou la professeure à modifier son plan de travail qui peut être déjà prévu sur un, deux ou trois ans. 

Ce dernier explique que les professeur(e)s concerné(e)s se retrouvent avec une « dette de cours » et devront donner un cours supplémentaire pendant une autre session ou une autre année scolaire. « Cela déséquilibre complètement l’horizon de travail des professeurs », indique M. Lacroix.

Lorsque les professeur(e)s ont des doutes sur certains cours, le directeur des études supérieures du département d’histoire, Alain Beaulieu, mentionne que cela est possible de conserver un « cours en banque ». Il révèle que si l’un de leurs cours est annulé, les professeur(e)s peuvent prendre ce cours. « Cela n’est jamais agréable, car c’est une dose d’incertitudes », déclare-t-il. 

D’un autre côté, les chargé(e)s de cours sont à contrat, c’est-à-dire qu’ils prennent les cours disponibles après la première attribution aux professeur(e)s permanent(e)s. Le président du Syndicat des professeures et professeurs enseignants de l’UQAM (SPPEUQAM), Olivier Aubry, spécifie que certain(e)s chargé(e)s de cours peuvent avoir un seul cours ou aucun cours pendant une session, alors que d’autres peuvent donner trois cours selon leur ancienneté ou selon le nombre de cours offerts par leur département. 

Le président du SPPEUQAM, Olivier Aubry, rapporte que le syndicat a eu plusieurs dénonciations de cours annulés en raison d’un manque d’inscriptions lors de la prochaine session en hiver 2021. Toutefois, le président du SPUQ, Michel Lacroix, indique que le SPUQ n’a pas eu plusieurs signalements.

Aubry ajoute que le SPPEUQAM revendique « une forme de stabilisation de l’emploi » pour réduire « la précarité liée à l’attribution et l’annulation des cours »

Mention photo : Édouard Desroches | Montréal Campus

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