Les finances de l’UQAM dans le rouge

Le vice-rectorat à l’administration et aux finances de l’UQAM a présenté le 8 décembre dernier le budget officiel tant attendu pour l’année 2020-2021. Le budget, qui avait été reporté en raison de l’incertitude entourant la pandémie de COVID-19, prévoit un déficit de huit millions de dollars pour l’année en cours.

Même si l’UQAM, comme 70 % des universités québécoises, a enregistré une hausse des inscriptions pour le trimestre d’automne, cette dernière subit des pertes de l’ordre de huit millions de dollars, qui s’ajoutent au déficit de 3,2 millions de l’année précédente. Le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) et l’administration de l’UQAM ne pouvaient se douter de l’augmentation des inscriptions. Prévoyant plutôt une baisse de l’effectif étudiant en plus de l’impact retentissant de la pandémie, le ministère a opté pour une stratégie de stabilisation du financement. 

Ce dernier a pris en considération l’effectif étudiant à temps plein (EETP) de 2018-2019 pour calculer le montant des subventions octroyées pour chaque université québécoise. Cet indicateur détermine plus de 90% du financement de l’université. Cet ajustement a grandement favorisé l’UQAM qui fait état d’une baisse de 12% de son effectif depuis 2014-2015. Sans celui-ci, cette dernière aurait un déficit de 18,2 millions de dollars. Toutefois, selon le directeur des Services financiers et de l’approvisionnement de l’UQAM, Luc Savaria, l’UQAM a encaissé la majorité des dépenses liées à la COVID-19. « Le Ministère n’a pris aucun engagement à nous financer », indique-t-il. Les impacts sur la perte de revenus sont non négligeables pour M.Savaria. 

« Le Ministère n’a pris aucun engagement à nous financer »

LUC SAVARIA, DIRECTEUR DES SERVICES FINANCIERS ET DE L’APPROVISIONNEMENT DE L’UQAM

Les finances de l’UQAM projettent que l’établissement sera en 2021, pour une troisième année consécutive, en situation de déficit budgétaire. « La hauteur du déficit est difficilement prévisible parce qu’il est impossible d’anticiper l’évolution de l’actuelle pandémie. Nous travaillerons tout de même à évaluer les différentes hypothèses au cours des prochains mois », explique la vice-rectrice à l’administration et aux finances, Sylvia Thompson. L’UQAM devra produire d’ici le début de l’année 2021 un plan de redressement pour respecter les exigences du MES sur l’équilibre budgétaire. Luc Savaria garde espoir. « Commençons rapidement notre plan de travail sur l’après-COVID-19 et travaillons ensemble sur notre plan de redressement requis par le ministère », déclare-t-il.

L’impact de la pandémie

L’université n’a pas été épargnée et a dû faire face, comme bon nombre d’institutions, au choc financier de la pandémie. L’université évalue une perte de revenus de 9,2 millions de dollars essentiellement des entreprises auxiliaires. Le Bureauphile, détaillant de fournitures de bureau, et les résidences étudiantes ont perdu environ 50 % de leurs revenus et 35% pour le stationnement. Les services alimentaires sont  les plus touchés avec une baisse de 90 % de leurs revenus en raison de la diminution de l’achalandage avec le télétravail et la majorité des cours en ligne.

Dans le contexte de pandémie, l’UQAM a aussi mis en place plusieurs programmes d’aide à la communauté étudiante en plus de l’aide de 3,8 millions de dollars du MES. Le soutien psychologique, fortement sollicité en raison de l’isolement lié aux mesures sanitaires, s’est vu accorder une augmentation de 300 000$. L’université a aussi bonifié de 1,7 million le soutien matériel et technique grâce à l’achat de licences informatiques et de portables pour le prêt à long terme. Les plateformes numériques, telles que Zoom, ont coûté 434 000$ jusqu’à maintenant pour l’UQAM.  

Seulement 15 % des cours sont offerts avec une composante présentielle pour le trimestre de l’automne 2020. Cette réduction de l’achalandage n’a pas empêché l’université de réaliser des économies de 2,5 millions de dollars. Cette épargne provient de la diminution des dépenses liées aux activités des entreprises auxiliaires. L’administration avait aussi mal évalué le nombre d’étudiants et d’étudiantes de l’international. Elle présageait en mai une baisse à cause de la pandémie, ce qui ne s’est pas avéré. L’UQAM a donc une somme de 2,4 millions de dollars de plus que prévu. 

Prévisions pour 2021

L’administration uqamienne reste confiante sur une possible baisse des inscriptions une fois la pandémie terminée. « Dans un contexte post-pandémie, les étudiants pourront retrouver différentes activités, dont celles des associations et des groupes étudiants qui contribuent à enrichir leur expérience universitaire et à favoriser leur rétention aux études », suggère M. Savaria. La vice-rectrice Thompson mise sur la prudence, mais aussi sur l’audace. « Il sera important que notre université en profite pour poursuivre ses efforts en matière bien sûr de saine gestion financière, mais également en matière de recrutement, de positionnement et d’innovation », conclut-elle. 

Mention photo : Martin Ouellet-Diotte

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