Dans les cinq dernières années, près de 50 programmes ont été créés ou remodelés à l’UQAM pour améliorer l’offre à la communauté étudiante. Cela s’inscrit dans la philosophie d’innovation et d’adaptation à la réalité contemporaine mise de l’avant par l’université.
Une majeure en anthropologie est en cours de développement au Département de sociologie et vise à introduire la discipline au sein de l’UQAM. Pour être un « nouveau joueur » unique et répondre aux enjeux actuels, le comité exécutif a adopté une approche plus contemporaine de l’anthropologie. « Il y a trois cours porteurs dans les domaines d’avenir : anthropologie et autochtonie, anthropologie numérique et anthropologie de l’anthropocène », énumère la coordonnatrice de la majeure et professeure d’anthropologie, Leila Inksetter.
La mise sur pied de nouvelles formations peut également provenir des besoins des milieux de travail. Par exemple, des modifications que le Ministère de l’éducation a apportées à l’enseignement de la sexualité au primaire et au secondaire ont inspiré le département de sexologie à créer un programme court en éducation à la sexualité en milieu scolaire. Le but est de former des gens du milieu de l’éducation à transmettre avec justesse le contenu établi par le Ministère.
Le certificat en études critiques des sexualités, pour sa part, découle des exigences de l’Ordre professionnel des sexologues du Québec sur une restructuration du baccalauréat. « On avait évacué trop d’enjeux critiques importants liés à la sexualité [comme l’itinérance, la pornographie, le handicap, le travail du sexe, le genre]. C’est pour ça qu’on l’a créé », explique la directrice des programmes de premier cycle du département de sexologie, Joanne Otis.
Une demande accrue
Le programme court en études sur l’alimentation : enjeux contemporains provient plutôt d’une forte demande étudiante. « C’est dans la tradition [de l’UQAM] de relever ce genre de défi, de penser le monde. Le monde change ; il y a une dynamique internationale sur les questions d’alimentation », déclare la créatrice du programme, Julia Csergo.
Elle indique que l’université montréalaise est parfaite pour développer une formation audacieuse sur les nouvelles dynamiques mondiales en alimentation liées à l’environnement, à la durabilité, à la propriété intellectuelle et la « gastrodiplomatie », l’influence de la gastronomie dans les relations internationales.
Un mélange des raisons abordées ci-dessus sont d’ailleurs à l’origine du nouveau projet amorcé par l’Institut de Recherches et d’Études Féministes (IREF), affilié à l’UQAM. La communauté étudiante réclame plus de cours sur le féminisme et les portes s’ouvrent dans le marché du travail. L’UQAM veut aussi renforcer sa position dans ce domaine d’études en pleine effervescence. « On est les pionnières en études féministes. Je pense qu’il est temps qu’on consolide notre place [là-dedans] », appuie la directrice de l’IREF, Thérèse St-Gelais « Il y avait [déjà] une quarantaine de cours [en lien avec les études féministes] qui se donnaient à l’UQAM qu’on ne connaissait même pas », remarque-t-elle.
Une multitude de procédures
Le processus administratif est un amas d’étapes chargées de vas-et-viens et parsemé de sondages, de rédaction et de rencontres avec diverses instances. « Avant même qu’on commence à créer le projet, il y a un avis d’intention manifesté à la Faculté pour que les autres Départements et instances puissent être conscients que c’est sur la table », décrit Leila Inksetter. Ces quelques pages expliquent le besoin d’établir la formation au niveau socio-économique, systémique, institutionnel et scientifique.
C’est là que commence le dossier de création, qui peut atteindre quelques centaines de pages. « Ça commence par le Comité des études suivi du Conseil académique de la Faculté des sciences humaines, explique la directrice de l’IREF. Il faut ensuite voir avec tous les programmes qui offrent des cours en études féministes, si on peut établir des partenariats harmonieux. Il ne faut nuire à aucun programme ». Le projet sera finalement adopté par le Conseil des études à l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec. Le Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur doit aussi être d’accord pour financer le programme.
Garder le programme vivant
Après l’ouverture d’un programme, le taux d’inscription et de diplomation est scruté. Si le programme bat de l’aile, la fermeture est envisagée, mais l’université lui laisse la chance et le temps d’être réajusté.
Par exemple, le programme court en éducation à la sexualité en milieu scolaire n’obtient pas les inscriptions visées. « Ça s’explique par le fait que les cours, avant la Covid-19, étaient donnés uniquement en présentiel de jour, justifie la directrice des programmes de premier cycle du département de sexologie, Joanne Otis. On s’adresse à une clientèle qui est à l’école le jour. » Le Département est donc en train d’adapter son horaire en favorisant les cours de soir ou asynchrones et le format à distance, pouvant ainsi répondre à une forte demande en région.
Le programme court en langue et culture italiennes, mis en place également à la suite de la demande étudiante, est d’ailleurs une version revisitée d’une ancienne formation qui avait fermé par manque d’inscriptions. « On a ajouté un cours de conversation qui n’était pas dans le vieux programme et trois cours de culture : introduction à la langue et à la culture italiennes, cinéma italien et un cours d’été, un voyage d’études en Italie », précise la maître de langue en italien et coordonnatrice du programme, Livia Cattaneo.
Somme toute, l’offre de formations uqamiennes s’élargit d’année en année et l’université assure à la communauté étudiante un éventail de choix constamment actualisés par un regard contemporain sur une société en pleine évolution. « Il y a une tradition d’innovation à l’UQAM. Cette vocation créative d’avoir des programmes de formation qui ont une utilité sociale est inscrite dans l’ADN de l’UQAM », affirme Julia Csergo, créatrice du programme en alimentation.
Mention photo : Florian Cruzille
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