L’Association générale des étudiants en communication (AGEC) permettra aux finissants et aux finissantes du baccalauréat en cinéma de l’UQAM de réaliser leurs films de fin d’études, dont la concrétisation a été mise en péril à la suite du passage de Montréal en zone rouge.
Les étudiants et les étudiantes de dernière année sont tombés des nues lorsqu’ils ont appris, le 6 octobre dernier, qu’ils et elles n’auraient pas la chance de réaliser leurs films de fin d’études, qui s’échelonnent sur une année complète. En effet, à deux semaines à peine de leurs débuts, tous les tournages prévus à l’extérieur de l’UQAM ont dû être annulés en raison de la pandémie.
«On voyait notre monde s’écrouler, on ne pensait pas que ça pouvait être annulé », raconte la finissante au baccalauréat en cinéma, Mathilde Paquette. « Les étudiants pleuraient dans nos bras ou presque… Il y avait beaucoup de déception et d’amertume », explique le directeur du programme de cinéma de l’UQAM, Denis Chouinard.
Une solution a cependant réussi à rallier tous les partis. «Nous avons trouvé une structure pour que les films ne soient plus une responsabilité entièrement de l’UQAM, mais une responsabilité partagée», fait savoir Denis Chouinard.
Le programme de cinéma s’est en effet associé avec l’AGEC, un organisme à but non lucratif, qui endosse en quelque sorte les créations des équipes. Les projets de films se transforment donc en stages qui, eux, sont permis par le gouvernement.
Cependant, cette logistique demeure incertaine. « Tout le monde se renvoie la balle », révèle M.Chouinard, attestant que la situation devient de plus en plus complexe et nébuleuse au fil des courriels échangés. « Une chose est sûre, le dossier n’est pas clos », admet-il.
Malgré tout, il demeure impensable pour les étudiants et les étudiantes de ne pas réaliser ce grand projet. «La dernière année, pour un étudiant en cinéma à l’UQAM, c’est comme un point culminant de ses études au baccalauréat, énonce M.Chouinard. Les deux années précédentes, tous les cours convergent vers le tournage du film de fin d’études.»
Dernièrement, les membres des équipes de tournage avaient justement suivi une formation pour travailler sur un plateau de tournage tout en respectant les mesures sanitaires en place dans l’industrie.
Des films aux frais des équipes
Même si cette option rendant les tournages possibles est appréciée de Denis Chouinard et de la communauté étudiante, ils ont tout de même certains scrupules. « J’ai un peu de misère au niveau éthique, admet le directeur du programme. Ce sont des films étudiants professionnels, donc ils devraient entièrement être chapeautés par l’UQAM. »
De leur côté, Mathilde Paquette et ses collègues s’inquiètent du fait qu’aucun accord n’a été mis au point pour la location d’équipement. Étant donné que les étudiants et les étudiantes n’ont plus accès au matériel du comptoir de l’audiovisuel de l’université, ils doivent s’arranger autrement.
Pour plusieurs, cela veut dire louer de l’équipement au prix fort. « Ça dépend des équipes, mais moi pour le minimum de matériel, c’est environ 3000$ », illustre l’étudiante, spécifiant que ce montant ne procure à son équipe qu’environ le seizième de ce qu’elle aurait pu avoir à sa disposition à l’UQAM. « Il y a une partie de nous qui est frustrée que ce soit compliqué et qu’on doive autant dépenser alors qu’on a payé nos frais de scolarité, qui incluent le droit au matériel », fait-elle valoir.
Plusieurs solutions… mais toutes insuffisantes
Avant d’arriver à cette entente partielle, plusieurs options avaient été explorées. Au départ, la création des films devait être remplacée par des cours théoriques. Ensuite, l’UQAM a proposé que les films soient entièrement filmés et réalisés dans l’enceinte de l’université, mais les scénarios étant pour la plupart complétés depuis avril dernier, cette option n’a pas été privilégiée.
Le doyen de la Faculté de communication confirme également que l’UQAM a tenté de faire infirmer la décision du ministère. « À deux reprises, une demande a été faite par la direction de l’UQAM au ministère de l’Éducation supérieure et à la Santé publique, et la réponse était la même », c’est-à-dire négative, explique le doyen de la Faculté de communication de l’UQAM, Gaby Hsab. Cependant, aucune trace écrite ne subsiste de ces échanges.
Une fois le choc passé, Mathilde Paquette a choisi d’adresser la situation dans une lettre ouverte signée par ses 24 collègues de dernière année, envoyée au rectorat de l’UQAM le 8 octobre et à divers médias le lendemain. « J’ai l’impression que ça a fait bouger les choses », avance l’étudiante.
Dans cette lettre, elle dénonce le fait que les mesures en place « remettent en cause [leurs] apprentissages ». Dans un contexte où les tournages professionnels et les activités étudiantes essentielles sont toujours permis, Mathilde Paquette se questionne dans sa lettre sur ce qui est considéré comme essentiel si leurs projets de fin d’études ne le sont pas.
Denis Chouinard, qui salue l’ouverture de la Faculté, se fait lui aussi plus critique à l’égard du gouvernement de François Legault. « Je trouve que ces gens sont complètement déconnectés de la réalité, déplore-t-il. Ils n’ont pas du tout vérifié de manière précise les mesures que nous avons prises pour nous adapter. Ils ont tracé une ligne et on s’est retrouvés du mauvais côté. »
Mention photo Émile Dufresne | Montréal Campus
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