Travelling : un album pour s’évader

Quatre ans après son dernier album Paloma, le chanteur et poète Daniel Bélanger sort aujourd’hui son neuvième album intitulé Travelling. Enregistré en studio, il s’agit d’une expérience instrumentale qui nous invite à plonger dans notre imagination.

L’album porte bien son nom : Travelling, qui désigne un important déplacement de caméra au cinéma, est constitué de treize pistes musicales aux teintes cinématographiques. C’est d’ailleurs un important changement que Bélanger nous propose : loin de ses classiques tels que Rêver mieux ou Sèche tes pleurs où la poésie se retrouve dans les textes, Travelling nous suggère une formule entièrement instrumentale. 

L’absence de parole peut être une déception pour les adeptes des mots de Daniel Bélanger, mais on retrouve tout de même la sonorité typique de l’artiste à succès dans les mélodies. Le chant d’opéra, exécuté par le chansonnier, s’ajoute au banjo, au piano, à la guitare, à l’orgue et à plusieurs autres instruments, la plupart joués par Daniel Bélanger lui-même, ce qui crée ce mélange unique. 

Chaque morceau, titré minutieusement (Rupture élastique en milieu propice, Les disparitions sélectives, Ondes sensibles s’abstenir, etc.) représente une scène, un film complètement différent. On sent que l’artiste s’est amusé avec plusieurs sonorités pour sortir des cadres habituels de la chanson. Tout l’album invite à se fermer les yeux et à se laisser guider dans ce voyage que chacun vivra à sa manière. 

C’est la piste Apertuna qui ouvre le bal sur un chant d’opéra grandiose, exécuté  par Daniel Bélanger lui-même, accompagné d’un orchestre, dirigé par Achille Cassel, qui a déjà travaillé à maintes reprises avec le multi-instrumentiste. Apertuna réussit d’ailleurs à bien imiter les grands airs d’opéra qu’on entend dans les théâtres avec son ton dramatique et avec l’accompagnement de l’orchestre à cordes.  On est ensuite dirigé vers Froide était la gâchette, sortie à la mi-septembre avant l’album, qui nous transporte dans un western spaghetti où le banjo bat la mesure.

L’expérience se poursuit ainsi en passant par plusieurs univers complètement différents, mais qui s’accordent bien entre eux. Coup de coeur pour Aux champignons par temps clair et pour La flûte atomique qui se démarquent par leur mélodie rythmée et par les sonorités uniques. Travelling se conclut sur Finale qui reprend le même air que la première piste, venant ainsi boucler la boucle en disparaissant dans l’écho, comme la fin d’un spectacle ou d’un rêve. 

Si certaines pistes peuvent être moins accessibles pour le public habitué du format classique de la chanson, l’album réussit tout de même à se tenir et à avoir du sens. S’il est moins intimiste que les grands succès de Daniel Bélanger, Travelling rejoint son auditoire d’une autre façon, soit en étant universel. Le manque de paroles n’est pas un défaut: il laisse notre imagination faire le reste du chemin en créant une histoire propre à chacun.

Travelling atterrit pile dans l’air du temps et permettra à tous ceux et celles qui le souhaitent de s’évader et de prendre une pause de cette réalité confinée. 

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