Il est 3h30 du matin et le cadran de Maxime Coutié sonne. Il passerait volontiers tout droit, dérangé par un déficit de sommeil constant, mais le sens du devoir oblige; il se lève et part à la rencontre de l’actualité.
Maxime Coutié est chef d’antenne à la radio de Radio-Canada à Montréal. Il présente les radiojournaux du matin et accompagne les gens, de 5h jusqu’en fin d’avant-midi. Il dirige, priorise, délègue et contrôle l’information nécessaire à la compréhension du monde pour les auditeurs et les auditrices.
Le diplômé en journalisme de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), le dit lui-même, il n’est pas un lève-tôt. « Durant tout le baccalauréat, je pense qu’il n’y a pas une fois où je suis arrivé à l’heure pour le cours du matin. »
Cette habitude ne l’a pas suivi dans le monde professionnel, car même s’il admet que le « beat du matin » est difficile sur le corps, il le fait avec une grande rigueur. Accompagner les gens le matin est une expérience tout à fait unique selon lui.
Les premiers pas
À l’aube de l’université, Maxime Coutié est incertain. Il joue de la batterie jazz avec passion et prépare une audition pour le Collège Lionel-Groulx. Encore hésitant, mais motivé par son succès à la radio étudiante au cégep, il s’inscrit finalement en journalisme. Il le fait sans savoir par quel bout commencer, ni même s’il va réellement pratiquer ce métier.
Sur les bancs de l’UQAM, il réussit bien, mais s’implique peu dans les cercles scolaires.
L’appel de la radio
Un dimanche matin, le jeune Coutié doit aller travailler comme disquaire au Archambault de la rue Sainte-Catherine. De la radio de son réveil-matin, on entend la voix de Pierre Duchesne en reportage à l’étranger. C’est une histoire sur le mouvement des « sans-terre » au Brésil pour l’émission Dimanche Magazine de Radio-Canada.
Il écoute, à peine réveillé et engourdi par la fête de la veille, comme il est possible d’en voir à l’université. Ce reportage vient toutefois de cristalliser ses ambitions: il sera reporter radio.
« D’entendre un vrai reportage terrain, être plongé dans cet univers-là, avec le son immersif et la narration, j’étais vraiment resté abasourdi. Je me rappelle encore, j’étais dans mon lit et je me suis dit “c’est ça que je veux faire” », confie-t-il au Montréal Campus, lors d’une entrevue téléphonique – distanciation sociale oblige.
Il commence alors à s’impliquer le plus possible au Montréal Campus et à la radio de CIBL. Il anime une émission musicale et travaille dans la salle de nouvelles. Il y découvre un ton, son ton, qui le suivra jusqu’à aujourd’hui.
Grâce à la recommandation d’un professeur, Coutié participe à l’édition 1999 du concours Mordus du micro. Il remporte un stage d’été à Régina, en Saskatchewan, et y anime l’émission culturelle, Jour de plaine.
Le voilà membre à part entière de la Société Radio-Canada. Cette opportunité l’amène à travailler dans plusieurs bureaux de région en remplacement, comme à Windsor, Toronto et Québec.
S’éloigner pour grandir
Tenter sa chance dans un bureau régional est, selon lui, une excellente façon d’apprendre et de faire sa place dans le milieu. « Pour moi, il n’y a pas de doute. Tu peux faire plein de choses en région que tu ne peux pas faire à Montréal, souligne-t-il. […] Ça peut être salutaire de sortir de son milieu et de mieux comprendre la dynamique dans le reste du Canada. »
Comme journaliste, il anime, prépare des chroniques, présente des bulletins de nouvelles et va sur le terrain comme reporter. Son sens journalistique s’aiguise davantage. Les années passent sans qu’il puisse oublier ce reportage au Brésil, qui a fait naître sa passion pour le journalisme international.
Il décide donc en 2007 de partir pour le Mexique, avec sa femme. Il y fait des piges, notamment pour Radio-Canada, mais aussi pour d’autres médias internationaux. « C’était une période formidable et très formatrice. J’ai appris à décliner mes sujets en plusieurs versions et à bien vendre mes idées. J’ai eu la chance de faire plus de presse écrite et j’ai adoré ça. »
L’arrivée prochaine d’un nouveau-né le force à revenir à Montréal, après une année à peaufiner son espagnol et sa compréhension de l’Amérique latine. Il quitte avec la ferme intention de repartir, un jour, comme journaliste dans un autre pays.
Que ça soit à l’international ou localement, l’essence du journalisme « c’est sur le terrain que tu la retrouves », selon Maxime Coutié. Il le conseille à chaque jeune qui entreprend ce métier.
« Le terrain, c’est être un témoin, être dans l’action, intervenir, se virer sur un 10 cennes et improviser. C’est rencontrer du monde et c’est comme ça qu’on apprend le plus. »
Il ne sait pas encore quand, mais c’est une certitude pour lui: il reviendra à cette base « plus pure » du journalisme et contribuera de sa voix à l’espace public. Du même coup, probablement faire naître en quelqu’un l’envie de s’intéresser au monde comme ça a été le cas pour lui en ce fameux lendemain de veille de l’an 1999.
Cet article devait paraître dans l’édition papier du printemps 2020 qui a été annulée en raison de la COVID-19.
Crédit photo Ivanoh Demers | Radio-Canada
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