La crise comme tremplin pour les artistes de la relève

Alors que la crise sanitaire entourant la COVID-19 a fait fermer les espaces culturels, des artistes émergent(e)s usent de créativité pour lancer leur premier album en plein confinement, loin de leur public.

Depuis le 14 mars 2020, les salles de spectacle de la province sont désertes. Le gouvernement du Québec a pris la décision de les fermer pour une durée minimale de trente jours, mais la vie culturelle québécoise n’est pas pour autant morte. Plusieurs artistes de la relève musicale ont choisi de lancer leur premier album en pleine crise sanitaire, sans spectacle de lancement ou de contact direct avec leur public. C’est le cas notamment de Marie-Gold et P’tit Belliveau, qui ont participé aux Francouvertes en 2019, ainsi que du groupe Zen Bamboo, formé de Léo Leblanc, Xavier Touikan, Charles-Antoine Olivier et Simon Larose.

« Je n’ai pas envie de mettre ma vie sur “pause”, mais plutôt d’adopter une mentalité qui consiste à aller de l’avant peu importe les conséquences. […] Tout comme nos vies personnelles, la vie culturelle de la société ne doit pas être mise sur pause malgré les circonstances », fait remarquer la rappeuse montréalaise Marie-Gold, qui a lancé Règle d’or le 27 mars dernier.

Pour l’artiste folk-country électro P’tit Belliveau, signé sous la bannière Bonsound, reporter le lancement de l’album Greatest Hits Vol.1 n’était pas une option, comme l’indique Jérémie Pelletier, qui s’occupe de ses relations de presse. « La première annonce de notre gouvernement au sujet de la COVID-19 a eu lieu le 12 mars, soit deux semaines avant la date prévue pour la sortie de son album. Ce délai était beaucoup trop court pour annuler cette sortie. Le processus de mise en marché était déjà en branle », explique-t-il. Pour le quatuor Zen Bamboo, l’interdiction de se rassembler a été un choc car la formation souhaitait « centrer la promo autour du show, [comme] Zen Bamboo est et restera un band de live. » 

Lancer un album en pleine crise, mais pourquoi ?

Marie-Gold et Zen Bamboo parlent d’un besoin musical de la population. « Ça nous semblait urgent qu’il sorte. Et [on a] l’impression que GLU est un bon album de quarantaine. Qu’il s’écoute bien tout(e) seul(e). Qu’il remplit admirablement le vide », expliquent les membres de Zen Bamboo. La réponse du public et des médias a finalement été à la hauteur des attentes des artistes. 

Si le Néo-Écossais P’tit Belliveau avait déjà commencé tout ce qui entourait la promotion de son nouvel album avant la crise sanitaire, le reste s’est poursuivi par vidéoconférence ou par téléphone. Toutes les couvertures médiatiques espérées par Marie-Gold, qui a fait ses débuts dans le groupe de rap Bad Nylon, sont aussi devenues réalité. De son côté, « Zen Bamboo n’a jamais reçu autant d’amour ». « On pense que les gens qui nous suivent ont été soulagés de se rassembler autour de quelque chose de neuf, un noyau dans lequel puiser et vers lequel projeter de la beauté et de la force », philosophe Zen Bamboo.

Les membres du groupe originaire de Saint-Lambert se sont réunis virtuellement sur leur page Instagram à quelques minutes de la sortie de GLU, le 26 mars dernier, pour offrir à leurs fans des nouvelles chansons en version acoustique. Comme Zen Bamboo, Marie-Gold a reporté son concert de lancement à une date inconnue. « Je n’ai pas fait de Instagram live de mon spectacle, car j’ai plutôt envie que le public consomme l’album et d’attendre de faire un spectacle en bonne et due forme lorsque les conditions le permettront », explique l’artiste derrière Règle d’or. Quant à P’tit Belliveau, il a sorti son banjo et ses guitares lors d’une prestation en direct, toujours disponible sur sa page Facebook, après avoir annoncé l’annulation de son lancement qui devait avoir lieu à l’Escogriffe le 1er avril dernier.

La COVID-19 a eu d’autres conséquences principalement financières sur la vie des artistes. « Sortir cet album est l’une des seules sources de revenus d’un artiste comme P’tit Belliveau pour les prochains mois.», mentionne Jérémie Pelletier. Il continue en affirmant que « l’annulation des concerts prévus dans les prochains mois, ainsi que des festivals, représente une grande perte de revenus pour les artistes en tournée et la compagnie [Bonsound]. » 

Le futur artistique après la crise

Les trois artistes ont des projets pour la fin de la crise sanitaire. P’tit Belliveau a plusieurs dates de spectacle à son calendrier et espère qu’elles ne seront pas annulées. Marie-Gold, qui a lancé son premier EP Goal : Une Mélodie en 2018, a avoué également avoir pris le temps du confinement pour repenser à la formule de son spectacle. Les membres de Zen Bamboo, quant à eux, attendent avec impatience la réouverture des salles de spectacle : « Dès que le gouvernement redonne le feu vert aux rassemblements, les gens vont avoir besoin de s’éclater. Il va y avoir du plancher qui tremble et du plafond qui manque d’arracher à la grandeur du pays. On veut être là pour leader la cérémonie. »

Photo de Zen Bamboo: Lian Benoit

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