Marianne Métivier, titulaire d’un baccalauréat en cinéma à l’UQAM, présentera son court métrage Celle qui porte la pluie à la Berlinale, un prestigieux festival de cinéma international qui se tient à Berlin du 20 février au 1er mars 2020. Portrait d’une réalisatrice émergente qui touche le public par sa sensibilité.
C’est au Collège Jean-de-Brébeuf que la jeune femme a su qu’elle voulait réaliser des films. Adolescente, elle faisait déjà beaucoup d’arts visuels et de théâtre. « Il y a même eu un temps où je pensais que je voulais jouer », confie-t-elle au Montréal Campus. Finalement, c’est vers le cinéma que tous ses centres d’intérêt culminent et après s’être vue refuser l’admission au baccalauréat en production cinématographique à l’UQAM, elle passe un an à l’Université Concordia en Film studies.
Cette année lui donne l’occasion d’explorer l’aspect théorique de la discipline et de commencer ses premiers projets. « Comme on était un peu fâchées de ne pas avoir été prises en production, ma meilleure amie et moi, on a quand même décidé de faire un court métrage indépendant. » Ainsi, en 2013, elle termine Raspberry, son premier film. Coréalisé avec Clara L’Heureux-Garcia sans subventions, ce court métrage lui a permis d’intégrer le baccalauréat en cinéma de l’UQAM, qu’elle complète en 2016 avec un profil en réalisation. Son projet de fin de cycle Le passage de l’oiseau migrateur, qui parle d’une adolescente amoureuse du père de sa meilleure amie, vient alors gonfler son portfolio en tant que deuxième court métrage.
Depuis qu’elle a terminé Celle qui porte la pluie, son troisième film, au printemps 2019, Marianne développe ses projets tranquillement et cherche du financement pour les lancer. Étant toujours au début de sa carrière, elle ne vit pas encore de sa passion : « Je travaille encore dans un restaurant trois shifts par semaine, ce qui me permet de bien vivre, puis d’avoir beaucoup de temps pour développer des projets et écrire. C’est un bon compromis. » Fidèle à elle-même, elle n’a pas suivi la voie de la « vie de plateau » après son bac. « En ce moment, j’en suis à un point où j’ai envie de faire des projets qui m’allument et qui me sont chers », explique-t-elle.
Une artiste aux inspirations singulières
« Marianne a une grande confiance en ce qu’elle est et ce qu’elle veut », témoigne Amélie Hardy, une amie du baccalauréat. Les deux cinéastes se connaissent bien, non seulement parce qu’Amélie a monté Celle qui porte la pluie, mais également parce que les deux femmes ont vécu en colocation durant leurs études. « Je dirais qu’elle a un caractère déterminé. Elle est persévérante, fonceuse. Elle n’a pas froid aux yeux et en même temps elle a un côté très léger, très hédoniste. Elle aime profiter de la vie ». C’est cette palette de qualités qui, selon Amélie, font de Marianne une jeune artiste qui suscite l’admiration.
Son inspiration, elle la tire d’abord de ses nombreux voyages. C’est d’ailleurs en Inde, lors de la mousson, qu’elle a eu les premiers flashs de Celle qui porte la pluie. « D’être plongée dans d’autres espaces, ça vient stimuler les idées », dit la réalisatrice. Elle évoque aussi beaucoup les relations entre individus et les histoires d’amour, au sens large du terme. Elle est inspirée par les moments charnières de la vie, et son amie Amélie le constate : « Marianne est attirée par la profondeur des choses, dans le sentiment humain complexe. » Son style se caractérise par de nombreux plans fixes et une recherche précise de l’esthétique et des couleurs. C’est un cinéma lent et poétique qui sait, d’après Marianne, se passer de mots pour qualifier certains sentiments indescriptibles.
Un succès post-baccalauréat
Dans son film Celle qui porte la pluie, on rencontre Agnès, une jeune femme qui, après avoir rendu visite à son père malade, se réfugie dans une pension en forêt où elle devra faire face à son deuil. « C’est un film qui parle beaucoup d’une espèce de colère refoulée », décrit la cinéaste. La frontière entre le rêve et la réalité y est très subtile et ce qui ressort essentiellement de ce court métrage, c’est la sensibilité de Marianne. En effet, le récit est très proche de son histoire personnelle. « J’ai commencé à écrire ce film environ un an avant la mort de mon père, je l’ai tourné quelques mois après et je l’ai terminé un an et demi après sa mort […] Ce film m’a accompagné dans mon prédeuil et dans mon deuil. »
Par son honnêteté et sa singularité, ce projet s’est donc frayé un chemin dans différents festivals comme le Festival du nouveau cinéma à l’automne 2019, et désormais à la Berlinale, un important festival de cinéma international, à l’échelle de ceux qui se déroulent à Cannes et à Venise. « Berlin, c’était une immense surprise, je n’avais même pas fantasmé sur l’idée d’y aller », se réjouit Marianne. Ce sera pour elle l’occasion de faire des rencontres, de s’inspirer, mais surtout de passer du bon temps avec une partie de son équipe qui l’accompagne dans ce beau voyage.
Le film fera également partie de la sélection de REGARD, un festival international de courts métrages au Saguenay, qui se tiendra du 11 au 15 mars 2020. Ayant l’habitude d’y participer en tant que festivalière, Marianne Métivier se réjouit d’y aller cette année pour présenter Celle qui porte la pluie, qui aura été une « longue et difficile aventure ».
Photo | William d’Avignon MONTRÉAL CAMPUS
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