Le mouvement pour l’indépendance de l’Ouest canadien, le Wexit, gagne en popularité de jour en jour sur les réseaux sociaux où les populations de L’Alberta, du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique expriment leur mécontentement vis-à-vis du reste du pays. Lumière sur l’impact qu’aurait la technologie sur le déroulement d’un référendum.
Pour comprendre comment les réseaux sociaux auraient influencé le référendum de 1995, par exemple, il faut savoir comment ceux-ci influencent la société au quotidien. Des algorithmes sont responsables de toute l’activité sur des plateformes comme Facebook ou Twitter. Ces algorithmes sont capables d’analyser et de comprendre le comportement des utilisateurs selon leurs habitudes. Grâce aux mentions « j’aime », aux partages et aux commentaires sous les publications, l’intelligence artificielle derrière les réseaux sociaux dresse un portrait numérique de chaque internaute. Ces mêmes algorithmes teintent votre fil d’actualité de façon à ce que les publications susceptibles de vous plaire soient mises de l’avant, comme l’explique l’ancien directeur général de l’information de Radio-Canada, Alain Saulnier. « Les algorithmes des réseaux sociaux sont faits de telle sorte qu’on va présenter les éléments d’informations qui sont les plus susceptibles de susciter [un] engagement. »
En plus de connecter et de rassembler, les réseaux sociaux rapprochent les personnes ayant des opinions similaires pour augmenter les chances d’interactions entre celles-ci. Ce que les grandes compagnies comme Facebook et Twitter montrent, c’est du contenu à l’image de l’utilisateur. Selon M. Saulnier, il semble donc peu probable qu’ils aient le pouvoir de changer l’opinion d’une personne.
Dans le contexte référendaire 1995, les opinions étaient assez coulées dans le béton, comme le démontre le taux de participation de presque 95%. L’ancien membre du comité des jeunes pour le Oui, Stéphane Ethier, ne croit pas que les réseaux sociaux auraient eu un impact sur le vote.
« Il est difficile de penser que les médias électroniques auraient été de bons outils pour convaincre des indécis ou encore pour faire changer la position des gens avec une opinion bien établie, dit-il. Dans l’optique où les réseaux sociaux enferment dans une bulle, l’information est polarisée vers ce qui intéresse l’internaute et c’est donc rare de voir un avis contraire au sien. »
Problème des fausses informations
Les médias sociaux sont utilisés, entre autres, pour transmettre une opinion et faire circuler une nouvelle. S’ils permettent à la population de s’informer en direct de ce qui se passe à l’échelle planétaire, la véracité de l’information qu’ils propagent peut parfois être discutable. Pour le journaliste politique à la radio de Radio-Canada, Michel C. Auger, la démocratisation du web a permis aux fausses nouvelles de circuler plus facilement et rapidement que n’importe quel autre support avant lui. L’un des problèmes récurrents qui aurait pu l’être lors d’un référendum à l’ère du numérique, est le niveau de difficulté à différencier le vrai du faux. La désinformation aurait pu profiter aux différents partis pour essayer d’influencer le vote de part et d’autre. Attaquer la crédibilité du Oui ou du Non aurait pu se faire bien plus facilement qu’en passant par les médias traditionnels.
Contrôle du financement
Une des difficultés de la campagne référendaire de 1995, comme l’explique Alain Saulnier, était de vérifier les sources de financement des deux partis. Certains journalistes et politiciens de l’époque ont accusé le camp du Non de cacher des fonds reçus au Commissaire à l’éthique responsable de la surveillance des dépenses de la campagne.
Avec les réseaux sociaux, il aurait été encore plus difficile d’observer les dépenses publicitaires des partis puisqu’elles peuvent prendre différentes formes sur le web. M. Saulnier croit que l’engouement créé par les réseaux sociaux n’aurait fait qu’accentuer le déséquilibre entre le parti du Non et celui du Oui.
Dans le cas du Love in, où des milliers de Canadiens hors Québec se sont vu offrir des rabais substantiels sortis de nulle part pour venir encourager le Non à Montréal, les réseaux sociaux auraient probablement été un champ de bataille entre la vente de données personnelles et le financement illégal. Finalement, le Non en aurait probablement bénéficié davantage, d’après M. Saulnier.
Création d’engouement
Les réseaux sociaux sont passés maîtres dans l’art de susciter de l’engouement. Pour presque tous les types d’événements, ils créent et transmettent une excitation contagieuse. M. Ethier estime qu’il est peu probable que ceux-ci auraient changé le résultat. Ce qu’il pense, c’est que le référendum aurait eu un effet plus grand sur la population et aurait monopolisé plus d’attention médiatique qu’il ne l’a fait en 1995.
D’un autre côté, il est bien facile d’aimer une page en faveur du Oui ou du Non, mais est-ce que cela aurait eu une réelle différence sur l’implication de la population? Michel C. Auger en doute.
« Je crois que les réseaux sociaux auraient probablement joué un peu le même rôle qu’ils ont joué cette année dans l’élection fédérale, affirme-t-il, en renforçant l’enthousiasme des groupes militants. »
Photo FLORIAN CRUZILLE MONTRÉAL CAMPUS
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