Mahalia Melts in the Rain: la simplicité n’a pas toujours meilleur goût

Mahalia Melts in the Rain, court métrage réalisé par Emilie Mannering et Carmine Pierre-Dufour, dépeint différentes inégalités sociales découlant du racisme ordinaire. Présentée en ligne le 16 janvier à l’occasion du festival Pleins Écrans, l’oeuvre déçoit par son manque de mordant.

Réalisée au Québec, en anglais, Mahalia Melts in the Rain est la première collaboration d’Emilie Mannering, qui avait auparavant réalisé Star, et marque également le premier court métrage de Carmine Pierre-Dufour. 

Mahalia, une enfant noire de neuf ans, est victime de discrimination de la part de ses amies, qui tiennent quelques commentaires racistes à son égard lors de ses cours de ballet. Avant la photo annuelle, la mère de Mahalia emmène sa fille au salon de coiffure faire lisser ses cheveux crépus. Cette décision la tiendra à l’écart de ses copines qui jouent librement dans la pluie sans avoir à se préoccuper de leur chevelure.

Par ses jeunes protagonistes naïves, le film dénonce le racisme involontaire, voire inconscient, dont les enfants font parfois preuve dans leurs paroles, qui, au premier abord, paraissent pratiquement inoffensives. Les réalisatrices cherchent à exposer, du point de vue d’une enfant, les injustices dont sont victimes les membres de la communauté noire. Démontrant les privilèges pris pour acquis par les personnes blanches et certains commentaires blessants, Mahalia Melts in the Rain offre un regard tout en nuances sur cette cruauté souvent inconsciente.

Les nuances semblent être au coeur de cette oeuvre de 11 minutes, tant en ce qui concerne le scénario que la technique. L’image, tout comme la conception sonore, est épurée et discrète, vide de tous artifices. Elles sont toutes deux au service de l’histoire sans jamais l’éclipser. Les plans, souvent simples et fixes, soutiennent un récit contemplatif : une approche pertinente laissant l’entière place au sujet qui se voit porté par une technique réussie.

Si le film évite irréfragablement les représentations faciles, stéréotypées et grossières du racisme, tout en amenant un angle différent quant à un thème largement couvert depuis plusieurs années, son traitement n’est pas percutant pour autant. Au contraire, le portrait est si subtil que la force de cette critique de la cruauté involontaire se perd. Le dialogue minimaliste et le manque d’intériorité de ses personnages nuisent considérablement à l’impact saisissant qu’ils auraient pu avoir.

L’actrice principale, Kaiyonni Banton-Renner (Mahalia), y est pour beaucoup. Le jeu de l’interprète manque de clarté, de finesse : elle semble souvent blasée et indifférente, portant pourtant un sujet puissant. Mais au-delà de la performance discutable de l’actrice, le personnage n’est d’abord pas des plus engageants. Mahalia est invariablement en inaction. Ainsi, en plus de ne rien laisser paraître au sujet de ce qu’elle vit, elle ne prend aucune décision, n’amorce aucune action et n’exprime vocalement aucun sentiment. Un personnage aussi passif et amorphe ne peut pas transmettre le propos si touchant et important suggéré dans la prémisse et l’angle du court métrage.

L’impact espéré quant au thème porté est conséquemment moindre. Offrir une intimité moins subtile des personnages aurait permis à Mahalia Melts in the Rain de présenter une réalité sérieuse d’une manière bien plus poignante qu’en restant trop en surface et en nuances.

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