La technologie sous les projecteurs

Les spectacles augmentés font partie intégrante de l’offre des spectacles culturels mondiaux. Amenant les spectateurs et spectatrices dans un univers technologique grandiose, ce type de performance demeure peu connu des Québécois et des Québécoises. 

« Je pense que c’est une question de sémantique. Je n’avais jamais entendu ce terme avant de venir au Québec », explique la codirectrice artistique et cofondatrice du collectif de création Les 7 Doigts, Shana Carroll, au sujet de l’expression « spectacle augmenté ». Selon elle, il y aurait un manque de connaissances dans la province par rapport à ce phénomène qui est connu partout à travers le monde. 

Ce type de spectacle est un prolongement technologique de l’art vivant et va au-delà de ce qui est audiovisuel. « L’effet est tellement global ! C’est immersif, ça va dans tous les sens », mentionne Mme Carroll en précisant que l’ensemble des sens sont stimulés lors de ces représentations. Les spectacles augmentés peuvent prendre plusieurs formes  : vidéos immersives ou projections innovantes, par exemple. Les options sont nombreuses.

Des spectacles qui sortent de l’ordinaire

Au début de l’année 2019, la compagnie montréalaise Lüz Studio a mis sur pied un spectacle augmenté avec le rockeur Billy Idol en résidence au Palms Casino Resort de Las Vegas. Ce concert sortant de l’ordinaire a utilisé une technique d’immersion lumineuse spéciale : le contrôle de l’éclairage virtuel en direct. Cette prouesse technologique a fait en sorte qu’au moment où Billy Idol et ses musiciens performaient, l’équipe technique contrôlait des lumières électrisantes et colorées donnant l’impression au public de se retrouver sur scène avec le chanteur. 

Plusieurs personnes travaillent sur des spectacles augmentés et occupent des rôles variés. Certains sont chorégraphes, d’autres éclairagistes et même designers vidéo, raconte la codirectrice des 7 Doigts, qui agit elle-même parfois à titre de chorégraphe. Toutefois, la présence d’un metteur ou d’une metteuse en scène est nécessaire pour assurer la bonne coordination du spectacle. C’est d’ailleurs le rôle que Shana Carroll a occupé dans les spectacles sur lesquels elle a travaillé au cours de sa carrière tels que Passagers, Traces, Loft et La Vie

Le 20 novembre dernier, HUB Montréal, dont la programmation de trois jours met en vedette le savoir-faire des créateurs et créatrices d’expériences technologiques innovatrices, présentait une conférence d’environ une heure sur les spectacles augmentés, animée par Mme Carroll. L’événement réunissait quatre directeurs de compagnies venus présenter leur travail dans le domaine : Dave Massicotte (Noctura), Matthieu Larivée (Lüz Studio), Carlos Navarrete-Patiño (4U2C) et Thibaut Duverneix (Gentilhomme). 

Ce dernier y a raconté comment sa compagnie Gentilhomme a créé pour la rappeuse américaine Tierra Whack un spectacle augmenté durant le célèbre festival Coachella. Pour ce concert, la rappeuse a performé alors que derrière elle, une représentation montrait son corps s’allongeant grotesquement. Pour en arriver à ce résultat, le corps de l’artiste a été numérisé en photogrammétrie, une technique reproduisant la vision stéréoscopique humaine. Des simulations 3D ainsi que des technologies 3D interactives ont également été utilisées. Le directeur de création de Gentilhomme, Thibaut Duverneix, explique que cela a été créé pour permettre une interaction plus directe avec l’auditoire présent à ce spectacle.

Parfois, les créateurs et les créatrices doivent travailler rapidement lors de la conception d’un spectacle augmenté. L’équipe de Lüz Studio l’a vécu lors de la création du concert de Billy Idol. « On avait peu de temps pour monter cette technologie-là sur scène », a indiqué le directeur de Lüz Studio, Matthieu Larivée, lors de la conférence, en précisant que le défi était énorme pour la compagnie.

Une variété différente, mais abordable

L’offre de spectacles augmentés est diversifiée, mais cela est tout à fait normal, selon Shana Carroll. « Il y a des spectacles qui sont plus intimes et moins technologiques et d’autres sont faits en collaboration avec des compagnies multimédias », précise la modératrice de l’événement.

Certains spectacles augmentés, dépendamment de leur ampleur, peuvent coûter plus cher à produire que d’autres d’après Mme Carroll : « Si le spectacle vend bien, il va rapporter de l’argent à la compagnie. Si ce n’est pas le cas, ça va en faire perdre beaucoup. »

Photo WILLIAM D’AVIGNON MONTRÉAL CAMPUS

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