Le deuxième mari : les femmes au pouvoir

Imaginez un monde dans lequel les femmes détiendraient le pouvoir sur les hommes. Difficile à concevoir? C’est pourtant la réalité dans laquelle évoluent les personnages du roman de Larry Tremblay Le deuxième mari, à paraître le 17 septembre prochain aux éditions Alto. 

Dans ce récit dystopique, l’auteur de L’orangeraie met en scène Samuel, un jeune homme forcé de se marier à une femme qu’il ne connaît pas et à qui il devra obéir. Et il n’est pas le seul à subir ce genre d’injustices. Les nombreux personnages masculins de cette fiction subissent entre autres violence, manipulation et contrôle total de la part des femmes.

Larry Tremblay souhaitait, avec son septième roman, choquer les lecteurs et les lectrices et les faire réfléchir sur la domination de la femme dans notre société. Pour ce faire, l’auteur dit s’être inspiré de la situation actuelle des femmes autour du monde. 

C’est dans ce court livre que Samuel subit toutes sortes d’inégalités ; accès restreint à l’éducation et au travail, responsabilité des tâches ménagères et même obligation de cacher sa barbe en public puisqu’elle est un symbole de sexualité. « [Pour la barbe], je me suis inspiré du fait que les cheveux des femmes, dans certaines cultures, sont très sexualisés », ajoute M. Tremblay. 

Cependant, aucune allusion à la religion des personnages n’est présente dans Le deuxième mari. Ce refus de citer une culture en particulier évite de créer des préjugés sur des personnes, ce qui est d’autant plus approprié dans un roman qui dénonce des injustices. « La religion au départ, c’est toujours un appel d’amour et d’union, mais on l’a complètement transformée. L’homme aime dominer et il utilise la religion pour justifier cette domination sur les femmes », croit-il. 

Un miroir déformant

En plus de n’y avoir aucun référent culturel, il n’y a aucun référent géographique, sans pour autant que cela ne crée de la confusion. Samuel va rejoindre sa femme sur une île inventée par l’auteur, pour éviter de pointer du doigt un continent, un pays ou une culture en particulier. « J’ai inventé cette île parce qu’il n’y a pas d’endroit dans le monde où cette situation existe, mais elle existe partout, à l’inverse », exprime l’auteur. 

C’est pour la même raison qu’aucun personnage ne possède de prénom, sauf Samuel. « J’ai failli ne pas lui en donner, mais je me suis dit qu’il fallait qu’au moins un personnage en ait un pour aider le lecteur. Je ne voulais pas que les noms charrient trop une géolocalisation », précise-t-il. L’auteur fait dialoguer ses puissants personnages de façon réaliste, simple et brûlante d’émotions. 

En moins de 130 pages, ce récit dans lequel l’auteur utilise un vocabulaire simple et épuré devient lourd, difficile à digérer, mais nécessaire. Les lecteurs et les lectrices feront face à plusieurs scènes horribles d’abus sexuels et de violences psychologiques. Pour Larry Tremblay, il était important de pointer toutes les formes d’injustices que les femmes vivent depuis des siècles. « La scène finale par exemple… c’est dégueulasse, mais [ce genre de situation] dans la vie, c’est dégueulasse ! Et un roman ce n’est pas là pour faire plaisir, un roman c’est là pour dénoncer. ll faut que je dise ce qui se passe. De toute façon, la réalité est toujours pire! C’est ça qui est terrible », s’indigne-t-il. Le deuxième mari est un roman choquant, facile à lire, mais surtout original. Coeurs sensibles s’abstenir.

Photo fournie par les éditions Alto 

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