La nouvelle mouture de la Politique 16 visant à combattre et à prévenir le sexisme et les violences sexuelles sur le campus a été discrètement publiée jeudi sur le site web de l’UQAM, après avoir été adoptée le 10 avril lors d’une réunion extraordinaire du conseil d’administration.
La première version de la politique proposée par le comité institutionnel chargé de sa rédaction a depuis été révisée par les Services juridiques de l’UQAM et le Bureau des relations de travail.
Contrairement à ce que proposait dans sa première version la nouvelle politique, les sanctions imposées à des contrevenants et des contrevenantes ne seront pas divulguées afin de respecter certaines règles de confidentialité.
Cette décision s’ajoute à celle, plus controversée, de réduire le nombre d’étudiants et d’étudiantes siégeant sur le comité permanent contre le sexisme et les violences sexuelles, dont la tâche est de soumettre des recommandations ultérieures au Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH).
La déléguée étudiante au conseil d’administration de l’UQAM Stéphanie Thibodeau considère que cette mesure réduit l’influence des étudiants, et surtout des étudiantes, sur la Politique 16. En agissant ainsi, le comité responsable de la révision de la politique et les membres du conseil d’administration seraient « passés à côté du but ».
« La politique finalement adoptée par le conseil d’administration régresse en termes de sensibilité, d’accessibilité et de recours pour les étudiants et les étudiantes », considère-t-elle. Les déléguées étudiantes ont été les deux seules membres du conseil d’administration à voter contre l’adoption de la nouvelle Politique 16 dans son état actuel.
Le vice-recteur au Développement humain et organisationnel, Louis Baron, assure plutôt qu’après cinq ans de travail, la Politique 16 fait consensus auprès de toute la population de l’UQAM. « On a pris le temps qu’on avait besoin. On a pris le temps de consulter la communauté de l’UQAM aussi », affirme-t-il.
Selon lui, la Politique 16 est « avant-gardiste » par sa reconnaissance de la « culture du viol » et du « sexisme » comme phénomènes à combattre.
Stéphanie Thibodeau ne condamne pas complètement la Politique 16 non plus, bien qu’elle considère que les Services juridiques aient rapidement adapté la version proposée par le comité institutionnel pour qu’elle ne contrevienne à d’autres lois, sans toutefois consulter exhaustivement les artisans et les artisanes de la politique sur le fond.
« La prise en compte des situations de harcèlement sexuel et de sexisme vécues en contexte de stage, un phénomène réel et pour lequel les stagiaires n’avaient encore peu ou pas de ressources », semble une avancée importante pour la déléguée étudiante au conseil d’administration.
« On n’a pas la responsabilité de sanctionner directement le superviseur de stage, mais on peut prendre des mesures auprès de l’employeur », souligne Louis Baron.
Dans un communiqué transmis le 15 avril, l’administration de l’UQAM demande à ce qu’un encart expliquant la Politique 16 soit ajouté à tous les plans de cours dès le trimestre d’été 2019.
photo : ARCHIVES MONTRÉAL CAMPUS
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